Pollinisation des FNB
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C’est marginal par rapport aux 1 340 G $ d’actif en fonds communs à la fin de décembre de 2016, mais ce type de fonds pourrait éventuellement profiter de la forte popularité des fonds de FCP. À la fin de juin 2016, environ 13 G $ d’actif en FNB se retrouvait intégré (wrapped) à l’actif sous-jacent d’un FCP ou d’un FNB.

L’engouement des investisseurs pour les FNB a incité plusieurs sociétés de fonds d’investissement offrant traditionnellement des FCP à élargir non seulement leur offre aux FNB, mais aussi à créer des FCP qui utilisent leurs FNB comme titres sous-jacents, indique Rudy Luukko, rédacteur, investissements et finances personnelles chez Morningstar Canada. C’est le cas de BMO Gestion mondiale d’actifs et d’Invesco Canada, dit-il.

FCP et FNB deviennent de plus en plus entremêlés. Par exemple, Purpose Investments offre des fonds qui se déclinent à la fois dans une version en FNB et dans une version en FCP. À l’autre extrémité du prisme, des manufacturiers de FNB lancent dorénavant des FCP dans leur gamme de produits, par exemple BlackRock Canada.

Du côté des fonds distincts, Rudy Luukko cite l’exemple de Sun Life, qui fait figurer des «FNB iShares parmi les avoirs de certains de ses portefeuilles». BMO Assurance inclut aussi des FNB dans ses portefeuilles de fonds distincts.

Au Canada, environ la moitié des FCP canadiens sont des fonds de répartition de l’actif, des fonds équilibrés et des fonds de fonds, «et c’est le même phénomène pour les fonds distincts», évalue Alain Desbiens, vice-président Québec et Atlantique, FNB BMO, BMO Gestion mondiale d’actifs.

Une tendance qui ira en s’accélérant, «car on voit les gens intégrer de plus en plus de FNB plutôt que des titres uniques dans les portefeuilles», estime-t-il, citant en exemple les ventes nettes en hausse des fonds distincts de BMO Assurance.

Yves Rebetez, analyste financier et directeur général d’ETF Insight, est d’avis que le FNB se prête particulièrement bien au processus de constitution du portefeuille, puisqu’il donne accès aux catégories d’actifs, au-delà des simples actions.

Il considère que l’utilisation de solutions composées en partie ou entièrement de FNB représente une évolution positive : «Je ne vois pas de portefeuilles qui ne pourraient pas bénéficier de l’incorporation de certains FNB, que ce soit du point de vue du contrôle des coûts, de la diversification ou du style.»

Les clients doivent donc s’attendre à ce que ce type de solution d’investissement soit de plus en plus utilisé à la fois par ceux qui gèrent leurs fonds et par leur conseiller, selon Yves Rebetez.

La tendance n’étonne pas Hélène Gagné, gestionnaire de portefeuille chez PEAK gestion privée, qui a adopté les FNB en 2001.

Alors que les gestionnaires subissent des pressions pour réduire leurs frais, elle est d’avis que le FNB est particulièrement adapté pour atteindre cet objectif : «L’attrait initial pour les FNB tenait à ses faibles frais et à leur facilité de négociation.»

Les premiers utilisateurs des FNB ont été les investisseurs institutionnels, rappelle Hélène Gagné. «Tout comme les particuliers qui y ont recours, les gestionnaires de fonds communs et de fonds distincts trouvent dans les FNB des produits transparents et qui leur permettent de négocier des sommes importantes lors d’une seule transaction.»

Comme les FNB réduisent le nombre de transactions, ils sont plus efficaces sur plan fiscal, note aussi Hélène Gagné : «Personne ne contrôle les marchés, cependant, nous contrôlons la répartition d’actif et, par conséquent, le degré de risque du portefeuille, les frais et la fiscalité, une série d’éléments qui comptent beaucoup pour l’investisseur.»

De fait, les bénéfices liés à l’utilisation de FNB comme actif sous-jacent de FCP sont multiples. Outre l’avantage découlant des frais peu élevés «en particulier pour les FNB qui sont passivement investis et suivent des indices bien connus», la pratique sourit aux manufacturiers de FNB. Ils obtiennent l’accès à un plus grand nombre de canaux de distribution, y compris ceux qui sont utilisés par les courtiers en fonds communs de placement, dont une grande majorité ne peut pas vendre de FNB, analyse Rudy Luukko.

Il ajoute : «pour un agent d’assurance qui n’est pas autorisé à vendre des titres de quelque nature que ce soit, un fonds distinct demeure la seule façon d’obtenir une exposition aux FNB».

Les FNB gagneront constamment en popularité auprès des investisseurs, car de plus en plus de sociétés de fonds communs de placement traditionnelles, tant nationales qu’étrangères, développeront ce type de produit, estime Rudy Luukko.

Trois des plus grandes banques, soit RBC, BMO et TD, offrent des familles de FNB, et les participants ne cessent d’affluer dans ce secteur, constate-t-il.

Rudy Luukko cite en exemple Placements Mackenzie, qui a lancé ses premiers FNB en avril 2016, Franklin Templeton, qui l’a fait en janvier dernier, et le Mouvement Desjardins en avril 2017.

«Une partie de la croissance, cependant, s’effectuera par l’intermédiaire des conseillers en ligne tels que Wealthsimple, qui utilisent les FNB comme avoirs sous-jacents pour les portefeuilles de leurs clients», ajoute Rudy Luukko.

Selon lui, les ventes de FNB bénéficieront d’un nouvel élan si les autorités de réglementation en valeurs mobilières décidaient d’éliminer les commissions de suivi, «ce qui semble être une perspective très réelle».