La segmentation d'un portefeuille de retraite
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Mais gérer un portefeuille pendant la retraite exige que vous démêliez bien d’autres variables complexes, comme déterminer si votre client a suffisamment économisé pour prendre sa retraite, combien peut-il retirer en toute sécurité sans être à court d’argent, et ce à quoi sa répartition d’actifs à la retraite pourrait ressembler.

Ajoutez-y les problèmes actuels liés aux rendements obligataires faibles et aux préoccupations sur la volatilité future des obligations, et il n’est pas étonnant que tant de retraités soient préoccupés pour leur avenir.

La stratégie de segmentation dont je parle depuis plusieurs années crée un cadre de référence simple pour résoudre au moins une partie de ces difficultés. À son niveau le plus élémentaire, l’approche de segmentation telle que conçue par le gourou de la planification financière Harold Evensky comprend deux grands segments : le premier qui détient des actifs liquides pour les dépenses courantes et l’autre des actifs à plus long terme comme les actions et les obligations. En maintenant assez de réserves liquides pour les dépenses courantes, pense-t-on, un investisseur à la retraite est mieux placé pour absorber la volatilité inhérente de ses actifs à long terme.

Des articles précédents sur la segmentation ont suscité des questions sur la logistique et les caractéristiques des portefeuilles segmentés. Je vais répondre à certaines de ces questions.

Vos portefeuilles segmentés comprennent des liquidités équivalant à deux ans de dépenses courantes, mais les rendements de ces placements sont nuls. Puis-je réduire la part liquide et utiliser des obligations?

Bien que le maintien d’un portefeuille consacré aux liquidités (premier segment) soit un élément central de l’approche segmentée, l’argent liquide stagne depuis plusieurs années et les obligations se sont beaucoup mieux comportées. Néanmoins, ceux qui abandonnent l’argent liquide en quête de rendements plus élevés devraient faire très attention. Les rendements de solutions de rechange à l’argent liquide comme les obligations à court terme sont eux aussi assez maigres, et pourtant ces véhicules sont vulnérables aux chocs liés aux taux d’intérêt et aux crédits, par opposition aux véhicules liquides véritables.

Plutôt que de détenir deux ans de dépenses courantes en argent liquide, peut-être devrait-on envisager de mettre en place une réserve liquide en deux parties : une année de liquidités véritables (certificats de placement garanti, fonds du marché monétaire, comptes d’épargne à intérêt élevé, etc.), et une autre année de dépenses courantes investies dans un fonds d’obligations à court terme de haute qualité comme le Fonds d’hypothèques et d’obligations à court terme PH&N, où la volatilité est historiquement assez faible et les gestionnaires ont toute latitude pour participer à différents secteurs obligataires.

Comment puis-je réconcilier les portions liquides de l’approche segmentée avec celles qui apparaissent dans de nombreux cadres de répartition d’actifs, comme les fonds à échéancier?

La stratégie segmentée part du principe que le montant de liquidités détenu à la retraite est une décision personnelle, motivée avant toute chose par le besoin de revenu. Pour déterminer le montant qui convient, commencez par faire le total des besoins de revenus annuels de votre client, puis soustrayez-en le revenu qu’il attend d’autres sources comme les prestations gouvernementales ou les régimes de pension. Le montant qui reste est ce que le portefeuille du client devra remplacer chaque année, et devrait lui imposer le montant de liquidités à détenir dans le premier segment. Par exemple, supposons qu’une retraitée ait besoin d’un revenu de 42 000 $ par an, dont 18 000 $ proviennent du gouvernement et le reste de son portefeuille. Le premier jour de la retraite, il lui faudra entre 24 000 $ (un an de dépenses courantes) et 48 000 $ (deux ans) en argent liquide dans son portefeuille.

Les fonds à échéancier comprennent aussi des liquidités, même pour les investisseurs plus jeunes, mais ces positions sont là pour améliorer les caractéristiques de risque/rendement d’un portefeuille à long terme, et pas pour servir d’actifs liquides destinés à faire face aux dépenses. Si votre client détient des fonds activement gérés dans son portefeuille, il y a des chances que son portefeuille à long terme comprenne déjà des liquidités; il n’a probablement pas besoin de se tailler une part séparée dans ses avoirs à long terme.

Mon client est un investisseur axé sur le revenu et il veut éviter d’empiéter sur son capital. Quelle est la place des titres producteurs de revenu dans le cadre de la segmentation?

La principale source de confusion avec les stratégies orientées sur le rendement total est que l’on ignore les titres producteurs de revenu et que l’on puise constamment dans le capital pour faire face aux dépenses courantes. Toutefois, l’approche segmentée donne une grande latitude sur la manière de remplir le premier segment. Une des principales façons de le faire est d’y verser directement le revenu provenant d’obligations et d’actions à dividendes. Si, après un an de paiements de dividendes et d’obligations, le premier segment est plein, vous avez ce qu’il faut. Mais si ce montant ne suffit pas à faire face à aux dépenses courantes du client pour l’année à venir, vous pouvez vendre des titres. Ces ventes périodiques pourraient être souhaitables pour restituer au portefeuille ses cibles de répartition d’actifs.

Les trois dernières années donnent un bon exemple de période où ces ventes liées au rééquilibrage seraient souhaitables : il se peut que les adeptes de la segmentation aient trouvé le revenu de leurs obligations et actions à dividendes insuffisant pour répondre à leurs besoins de revenu, mais un bon rendement des actions pourrait signifier qu’il est nécessaire d’élaguer certains avoirs à long terme.

Mon client a plusieurs comptes de retraite, notamment un régime collectif, un REER et des actifs imposables. Dois-je créer plusieurs segments au sein de chaque type de compte ?

Non. Une fois qu’on a bâti sa structure de segmentation, c’est à dire qu’on a établi combien on veut mettre dans le premier segment ainsi que dans les segments à plus long terme, on peut songer au type de compte qu’on veut utiliser pour financer chaque segment.

Les principes d’enchaînement des retraits énoncés dans cet article peuvent aider à conjuguer un portefeuille segmenté aux divers types de compte. Cet article examine le sujet de la segmentation entre les divers comptes encore plus en détail. L’idée générale consiste à liquider en premier les types de comptes les moins efficaces sur le plan fiscal et conserver les actifs les plus fiscalement avantageux pour plus tard durant vos années de retraite.

En général, il s’agira de mettre les actifs imposables et tout ce qui exige des retraits minimums (comme les FERR et les FRV) dans le premier segment, car ces comptes feront partie des premiers à être liquidés. Par contre, les actifs contenus dans les CELI devraient appartenir aux segments à plus long terme et faire donc partie des avoirs plus dynamiques du portefeuille. Puisque que leurs actifs seront imposables au moment du retrait, les REER pourraient se situer en milieu de file d’attente et contenir une combinaison de placements obligataires et équilibrés.

Toutefois, tout ceci ne constitue que des lignes directrices. Le bon enchaînement des retraits est le fruit d’une série de décisions personnelles. Un expert fiscal peut vous aider à considérer toutes les variables en question.