Wisdom Tree débarque au Canada
niloo138 / 123RF Banque d'images

« Dans tout le pays, ce qu’on reproche surtout aux FNB, c’est qu’il y en a trop, dit M. Cheong. Avec des idées de créneaux très spécifiques, on se demande si ces FNB sont vraiment nécessaires. »

Mark Noble, chef des stratégies de vente auprès de FNB Horizons, est d’accord avec ceux qui pensent qu’il y a trop de choix de FNB sur le marché. « Mais je ne considère pas nécessairement cela comme un point négatif, ajoute-t-il. Le marché est en mutation constante, et comme nous l’avons constaté avec les lancements de FNB, particulièrement au cours des deux dernières années, ils commencent à devenir plus raffinés. »

Les inquiétudes relatives à l’abondance des choix n’ont pas empêché les investisseurs dans les FNB de s’entasser dans une poignée de produits populaires. L’année dernière, le vénérable FNB iShares S&P/TSX 60 (XIU), était de loin le FNB le plus vendu au Canada, remportant une part de 11 % du marché des FNB avec 9,6 G$ d’actifs sous gestion. Son plus proche rival, le FNB iShares Core S&P 500 Index (XSP), compte un actif de 2,7 G$. En troisième place arrive le FNB BMO S&P 500 (ZSP), suivi par le FNB iShares 1-5 Year Laddered Corporate Bond Index (CBO) et le FNB iShares Canadian Short Term Bond Index (XSB).

Il n’y a pas de diversité dans ces choix. Ces cinq produits offrent une vaste participation aux marchés nord-américains. Les trois FNB d’actions pistent des actions à grande capitalisation; les deux FNB de titres à revenu fixe pistent des obligations de qualité supérieure. Quatre des cinq FNB sont pondérés selon la capitalisation boursière, l’exception étant CBO, dont l’indice sous-jacent, l’indice FTSE TMX Canada d’obligations de sociétés échelonnées 1-5 ans, est divisé en cinq niveaux d’échéance équipondérés. Et quatre des cinq FNB proviennent de iShares, le plus grand distributeur de FNB au Canada.

Mais un nombre croissant d’investisseurs canadiens dépassent le cadre de ces cinq principaux FNB. Les actifs qui affluent dans les FNB au bêta stratégique ont augmenté de 26 % durant la période de 12 mois terminée en septembre 2016. Les actifs des FNB activement gérés ont augmenté de plus de 40 % au cours des trois dernières années. Avec le lancement régulier sur les places boursières de nouveaux FNB au bêta stratégique et de produits activement gérés, il n’est pas surprenant que les investisseurs se demandent si et comment ils peuvent améliorer leur performance par rapport à ce qu’ils obtiennent en suivant le scénario de produits indiciels nord-américains à grande capitalisation pondérés selon la capitalisation boursière.

Selon M. Noble, qui estime que 80 % des actifs des FNB au Canada sont investis dans les 20 produits les mieux vendus au pays, l’innovation est la bienvenue dans l’industrie. « Nous ignorons quelle sera la prochaine itération du marché, mais nous ne pouvons pas nous attendre à ce que les stratégies indicielles pondérées en fonction de la capitalisation boursière, qui sont fortement concentrées, continuent d’être efficaces pour les investisseurs, dit-il. On continuera de voir des innovations, et d’assister à des lancements de FNB dont nous n’avons pas même encore le concept. »

Mais dans le domaine des FNB, dit M. Cheong, l’innovation comporte ses propres risques, dont l’un des principaux est que les investisseurs ne font pas leurs recherches. « D’après ce que j’entends, à mesure que les FNB prolifèrent, les gens ne font que lire le nom du FNB et pensent alors qu’ils savent exactement en quoi il consiste. »

Il donne l’exemple d’un investisseur qui détient le FINB BMO équipondéré S&P/TSX pétrole et gaz (ZEO), pour participer au secteur des marchandises, et se demande ensuite pourquoi la performance de ce FNB est si mal corrélée au prix du pétrole brut. Si l’investisseur avait examiné le FNB de plus près, il aurait remarqué qu’il piste en fait les actions énergétiques canadiennes. Pour une participation directe au secteur des marchandises, le FNB Horizons Winter-term NYMEX Pétrole Brut (HUC), qui piste les contrats à terme sur le pétrole, aurait été plus approprié.

C’est le genre de piège qui peut être évité avec l’aide d’un conseiller financier, dit M. Cheong. « Choisir des FNB, c’est un peu comme mélanger des couleurs : soit on obtient de la boue, soit une belle nuance. Les conseillers sont là pour vous aider à choisir les bonnes couleurs pour la nuance que vous voulez obtenir. »

Pour les investisseurs autonomes, M. Noble recommande de poser les questions suivantes :

  • Est-ce que le FNB correspond à vos objectifs de risque/rendement?
  • Êtes-vous satisfait de la performance ajustée selon le risque de votre FNB?
  • Est-ce que ce FNB fournit une participation avantageuse sur le plan des coûts (en tenant compte des frais de gestions et des impôts)?
  • Est-ce que ce FNB est aussi liquide que vous le souhaitez?

« Si un FNB répond à ces quatre critères, c’est probablement un produit qui durera car il accomplit ce qu’il est censé accomplir pour un grand nombre d’investisseurs de FNB », dit M. Noble.

Alors que les firmes continuent de mettre au point de nouvelles stratégies, certains FNB finissent par fermer après quatre ou cinq ans sous la pression de l’accumulation des actifs. Cela risque particulièrement de se produire à la suite d’une construction médiocre ou d’un mandat trop restreint, dit M. Cheong. « Au bout du compte, ce sont les investisseurs qui détermineront si la prolifération des FNB échappe à tout contrôle. Ce sont eux qui voteront avec leur argent. »