Les fluctuations des actions chinoises ont peu d'impact sur l'investisseur moyen

Le gouvernement chinois a pris des mesures énergiques sans précédent pour endiguer cette chute, notamment en achetant carrément des entreprises bien établies, en assouplissant les conditions des opérations sur marge, en interdisant aux gros actionnaires et aux dirigeants de sociétés de vendre leurs actions pendant six mois, et en permettant à environ 1 500 sociétés de suspendre les transactions sur leurs actions.

Il reste à voir si ces mesures renforceront la confiance qu’accordent les investisseurs, qui sont pour la plupart des particuliers locaux, aux actions chinoises de série A. Ironiquement, un des moteurs du redressement de l’année dernière a été l’anticipation par les investisseurs chinois d’afflux importants de fonds sur le marché intérieur pendant les années qui s’annoncent alors que la Chine libéralise ses marchés financiers. Considérant la volatilité récente et la lourdeur de la réaction du gouvernement chinois, il se peut que les investisseurs étrangers demeurent pour l’instant à l’écart. Sans ce catalyseur possible que constitue l’afflux de capitaux étrangers, les investisseurs locaux pourraient demeurer dans l’inquiétude. Autant dire qu’il règne un certain degré d’incertitude sur le marché boursier chinois.

La plupart des gestionnaires de fonds des marchés émergents gardent un oeil sur les actions chinoises de série A (compte tenu de la taille et de l’importance de l’économie chinoise), mais n’ont pas encore investi dans le marché intérieur chinois. Les investisseurs détenant des fonds des marchés émergents n’ont donc pas été exposés directement à cette récente volatilité. Pour être exposés à la Chine, les fonds des marchés émergents détiennent principalement des sociétés chinoises extraterritoriales cotées à la Bourse de Hong-Kong. Bien que ces actions aient subi une certaine volatilité, les fluctuations des cours n’ont pas été aussi spectaculaires que sur le marché intérieur des actions de série A.

Il est aussi important de remettre ces événements en contexte. Les investisseurs détenteurs d’un portefeuille de 60 % d’actions et 40 % d’obligations affecteront environ 5 % aux actions des marchés émergents. Cela veut dire que les actions chinoises, de façon générale, représenteront environ 1 % du portefeuille entier. Par conséquent, bien qu’il y ait eu une pléthore d’articles sur les fluctuations brutales des marchés boursiers à l’intérieur de la Chine, ces événements ont eu un impact minimal sur le portefeuille de l’investisseur moyen.

Investir en Chine

Investir en Chine

Investir en Chine peut être une source de confusion. Actuellement, la plupart des investisseurs intérieurs se procurent une participation aux actions chinoises par le truchement d’actions cotées à la Bourse de Hong Kong. Toutefois, une poignée de fonds investissent sur les marchés intérieurs de Shanghai et Shenzhen, où les actions sont plus nombreuses (l’Indice MSCI Chine A, qui capture environ 85 % de l’univers des actions chinoises de série A, est constitué de 577 titres, alors que l’Indice MSCI Chine, qui capture environ 85 % de l’univers des actions chinoises cotées à Hong-Kong, en contient 145). Cela dit, les firmes cotées à Hong-Kong sont habituellement plus grandes et mieux établies que les sociétés de l’intérieur. Toutefois, certaines sociétés chinoises sont cotées à la fois à l’intérieur et à l’extérieur, et ces sociétés à cote double constituent environ 25 % de l’Indice MSCI Chine A et 50 % de l’Indice MSCI Chine. Pour ce qui est des principales pondérations sectorielles, pour le MSCI Chine A, ce sont les services financiers (31 %), les valeurs industrielles (21 %) et les biens de consommation discrétionnaire (11 %). Pour l’indice MSCI Chine, il s’agit des services financiers (43 %), de la technologie (13 %) et des télécommunications (10 %). Ce FNB piste l’indice CSI 300 pondéré selon la capitalisation boursière, qui est très comparable à l’Indice MSCI Chine A.

Quant au risque, au cours des trois dernières années, l’écart-type annualisé des rendements de l’Indice MSCI Chine A a été de 20 %, alors que celui du MSCI Chine a été de 17 %. Les actions chinoises de série A sont plus volatiles que leurs homologues de l’extérieur parce que le marché intérieur est dominé par les particuliers, qui ont tendance à se focaliser sur le court terme. Plus récemment, la volatilité des actions chinoises de série A est en augmentation à cause des incertitudes régnant sur la réglementation et de l’impact qu’exerce la libéralisation du marché des capitaux chinois sur les marchés boursiers locaux.

Les actions chinoises ont un historique assez court. Les bourses actuelles de Shanghai et de Shenzhen ont ouvert leurs portes en 1990, et la première société chinoise a fait son apparition à la Bourse de Hong-Kong peu de temps après. Durant les premiers temps, c’étaient les sociétés plus grandes, en meilleure santé fiscale et politiquement favorisées qui recevaient la permission de s’inscrire à Hong-Kong ou à New York pour puiser dans une base d’investisseurs mondiale. Il s’agissait de sociétés comme China Mobile et la compagnie énergétique PetroChina. Les sociétés cotées à Shenzhen et à Shanghai, pour leur part, tendaient à être plus petites et moins bien établies.

À partir de 2002, les investisseurs institutionnels étrangers qui voulaient acheter des actions de série A devaient obligatoirement se procurer une licence d’investisseur institutionnel qualifié. Actuellement, la propriété étrangère ne représente que 1 % du marché chinois local, mais on peut s’attendre à ce que ce chiffre augmente alors que le gouvernement chinois élargit le programme dans le cadre des efforts qu’il déploie pour libéraliser son marché des capitaux et sa devise. En novembre 2014, le gouvernement a introduit un autre accès aux investisseurs étrangers avec son programme de connexion entre les Bourses de Shanghai et de Hong-Kong, aux termes duquel les investisseurs de Hong-Kong et de la Chine continentale peuvent s’échanger des actions et en conclure le règlement par le truchement de leurs bourses locales, sous certaines réserves.

Au cours des 12 mois allant jusqu’en juin 2015, l’Indice MSCI Chine A a affiché un rendement de 111,9 %, alors que celui de l’Indice MSCI Chine a été de 24,6 %. Les moteurs du rendement sur le marché intérieur ont été notamment l’assouplissement de la politique monétaire en Chine et la forte reprise de l’activité de transaction intérieure, qui s’est produite avant l’important afflux de fonds anticipé dans le cadre du programme de connexion de la bourse locale avec celle de Hong-Kong. Toutefois, le moteur principal du rendement a été l’essor des prêts marginaux consentis par les maisons de courtage locales aux particuliers chinois de l’intérieur.

Avant 2014, l’Indice MSCI Chine A s’était considérablement sous-classé par rapport à l’indice MSCI Chine pendant quatre années d’affilée. Les raisons de ce sous-classement ont été notamment le ralentissement de l’économie chinoise, la chute des bénéfices et le réinvestissement effectué par les particuliers locaux dans des options à rendement plus élevé comme l’immobilier et les produits de gestion de patrimoine. En 2014, la Chine a rouvert son marché des premiers appels publics à l’épargne (PAPE) après une suspension de 14 mois. Cette interruption avait été instituée par le gouvernement, qui cherchait à améliorer sa supervision et à renforcer les règlements relatifs au marché des PAPE, miné par des sociétés aux données financières chancelantes. Toutes ces questions mettent en lumière les nombreux risques que l’on prend quand on investit dans les actions chinoises.

Une des raisons les plus fréquemment citées pour investir dans les actions chinoises de série A est la nécessité d’une participation plus « complète » à l’univers du placement chinois. À l’heure actuelle, les actions chinoises de l’extérieur représentent environ 2 ,5 % d’un indice d’actions mondiales pondéré selon la capitalisation boursière. Ajouter une participation aux actions de série A se traduirait par une affectation plus importante à la Chine, ce qui peut être logique puisque la Chine est la deuxième économie du monde. Le fournisseur d’indices MSCI prévoit d’ajouter les actions chinoises de série A à ses indices d’actions mondiales, mais s’inquiète des goulots d’étranglement qui existent pour les investisseurs étrangers.