Ce gestionnaire de chez Bissett a foi dans les banques, malgré les risques du secteur de l'habitation
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« Elles représentent une part énorme du portefeuille parce que nous raffolons de ce secteur, dit M. Caulfield, et nous aimons beaucoup ses perspectives. Nous ne faisons pas une mise macroéconomique sur la direction que vont prendre les taux d’intérêt, mais dans une conjoncture de hausse des taux d’intérêt, une banque devient souvent plus rentable. » La raison est que les banques peuvent prêter de l’argent à des taux plus élevés, alors que le coût des intérêts à payer sur les dépôts n’augmente pas nécessairement tout de suite, ou d’autant.

M. Caulfield est vice-président et directeur de la recherche sur les actions auprès de Gestion de placements Franklin Bissett, société de Calgary. Il cogère ce fonds coté Argent par Morningstar avec son collègue Garey Aitken dans un style de croissance à un prix raisonnable.

M. Caulfield est attentif au fait que les banques, qui sont d’énormes fournisseuses de prêts hypothécaires, soient exposées au risque de défaut de paiement à cause de leur participation au marché de l’habitation. « Nous avons un marché de l’habitation dans une situation qu’on peut appeler de surchauffe, en tout cas dans certaines parties du pays, dit-il, et cela pose des risques potentiels pour les banques, puisqu’elles souscrivent des prêts hypothécaires. Il y a beaucoup de gens qui sont effarouchés par ce qui pourrait arriver aux banques en cas d’atterrissage forcé. »

Malgré les scénarios de type plus « extrême » qui marqueraient un effondrement du secteur de l’habitation, M. Caulfield pense que si les taux d’intérêt continuent à augmenter, les banques connaîtront un atterrissage en douceur. Il envisage un scénario dans lequel la profitabilité des banques augmenterait mais avec des volumes de prêts inférieurs puisque l’on aura moins tendance à emprunter.

Selon M. Caulfield, l’inquiétude qui plane sur le marché de l’habitation ouvre des occasions de placement puisqu’elle a tendance à faire baisser les actions bancaires. « De fait, elles deviennent bon marché quand les investisseurs s’angoissent. »

La pondération généreuse du fond Bissett dans les banques correspond bien à la tendance qu’ont les gestionnaires de Bissett de conserver des positions de base pendant cinq ou 10 ans ou même plus. « Je pense que les franchises n’ont jamais été aussi fortes, dit M. Caulfield. Peut-être sommes-nous à un sommet du cycle, tant du point de vue des prêts que des taux d’intérêt, mais du point de vue de la structure, le secteur a l’air fantastique à long terme. »

La vision optimiste de M. Caulfield se fonde sur le processus de recherche fondamentale à Bissett, qui utilise l’analyse des flux de trésorerie actualisés pour déterminer la valeur d’un secteur au fil de cycles boursiers entiers. Cette approche est complétée par la recherche qualitative, qui permet d’évaluer la qualité de la gestion et sa capacité à bien répartir les capitaux.

Bien que la hausse des taux d’intérêt puisse stimuler le secteur financier, elle a tendance à affaiblir la rentabilité d’autres secteur du marché. Par exemple, dit M. Caulfield, les secteurs comme les services de télécommunications, les services publics et l’immobilier sont souvent des secteurs très prévisibles, qui peuvent donc mettre davantage d’endettement à l’œuvre dans leur structure de capital.

Depuis longtemps, ajoute-t-il, le service de ces dettes est un fardeau relativement peu important pour les sociétés œuvrant dans ces secteurs sensibles aux taux d’intérêt. Mais dans une conjoncture de hausse des taux d’intérêt, dit M Caulfield, « il devient de toute évidence plus cher des financer des opérations très endettées. »

Selon M. Caulfield, les télécommunications, les services publics et l’immobilier sont aussi des exemples de secteurs où les actions paient des dividendes importants au titre du rendement total qui revint à un investisseur.

Dans une conjoncture de faibles taux d’intérêt comme celle où nous nous trouvons actuellement, il pense que les investisseurs en quête de rendement peuvent facilement s’attacher plus qu’il ne faut à la composante en dividendes du rendement total d’une action. « On pourrait insister par trop sur le rendement en dividendes, dit M. Caulfield, donc le payer trop cher. »

Dans une conjoncture de hausse des taux d’intérêt, dit M. Caulfield, s’en remettre trop aux dividendes peut devenir douloureux pour les investisseurs que l’on a endormis au point où ils pensent davantage aux placements sous l’angle des rendements que sur celui du rendement total. »

Pour l’avenir, selon M. Caulfield, « peut-être n’est-ce que la première manche d’une partie où les taux d’intérêt sont susceptibles d’augmenter, et nous ne voulons pas perdre cela de vue. Je pense que les investisseurs sont très loin de ce qui pourrait finir par être incorporé dans les cours des actions sensibles aux taux d’intérêt. Voilà l’avantage de faire le travail ascendant et de trouver les occasions une à une. Nous sommes encore très tôt dans le processus. »