Approche tactique du placement axé sur le revenu
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Ce fonds est conçu pour être un produit à rendement élevé « mais il est un peu plus flexible », dit M. Mallick, qui a quitté CQS à Londres, où il gérait les obligations de sociétés à rendement élevé et de qualité supérieure, pour grossir les rangs de Leith Wheeler, société de Vancouver, en janvier 2015.

Lancé le 30 septembre, le fonds Leith Wheeler diffère de ceux qui limitent leur spécialisation aux titres de qualité supérieure, aux obligations à rendement élevé ou aux prêts bancaires. Le portefeuille détiendra plutôt les trois, dans des proportions différentes à la discrétion du gestionnaire.

Le taux de rotation du portefeuille devrait être de plus de 70 %, avec pour résultat des frais de transactions plus élevés que ceux encourus par les portefeuilles appliquant une stratégie d’achats à conserver. Mais les gestionnaires pensent qu’une stratégie de négociation active rehaussera les rendements ajustés selon le risque après les frais. Les frais de gestion, qui englobent les dépenses d’exploitation, sont de 0,95 % pour la série B par vente directe, et de 0,80 % pour la série F, destinées aux comptes conseillés par honoraires.

Le rendement cible du fonds, mesuré au cours d’un cycle entier du crédit, est le CDOR (Canadian Dollar Offered Rate) plus 3 % ou 4 %. Calculé et publié par Thomson Reuters, le CDOR était de 1,4 % au 14 novembre. C’est un indice pour les acceptations bancaires aux échéances d’un an ou moins. Les acceptations bancaires sont des prêts à court terme consentis aux sociétés par les banques.

M. Mallick croit que le cycle du crédit en est actuellement au dernier stade de sa phase d’expansion. C’est l’étape qui suit celle du redressement, qui elle-même suit celle de la récession, remontant à la crise financière de 2008.

Alors que le début de la phase d’expansion est favorable aux titres à rendement élevé, dit M. Mallick, la phase plus tardive se prête à une participation plus importante aux prêts de premier rang, Actuellement, les 55 % détenus par le fonds dans les prêts de premier rang correspond tout à fait à sa pondération cible neutre.

Les prêts de premier rang offrent une plus grande protection aux créanciers parce qu’ils sont garantis, et que le détenteur de ces titres d’emprunt devance les détenteurs d’obligations parmi ceux qui peuvent prétendre aux actifs de l’organisme émetteur. De plus, bien que les termes des prêts de premier rang soient de cinq ans ou plus, leur vulnérabilité aux augmentations des taux d’intérêt est faible parce que ces prêts comportent habituellement des clauses de réinitialisation des taux tous les 90 jours, indique Leith Wheeler dans une présentation aux conseillers financiers.

Selon Leith Wheeler, la taille du marché américain des prêts de premier rang, qui est le plus grand du monde, est estimée à 960 milliards $US, contre 1,6 billion $US pour les obligations à rendement élevé aux États-Unis, qui représente aussi le marché dominant pour cette catégorie d’actifs, définie comme des obligations qui ne sont pas de la qualité la plus élevée.

La quatrième phase du cycle du crédit est celle du ralentissement. Le marché n’y est pas encore, selon M. Mallick, mais à l’approche de ce moment, il fera diminuer le risque lié au crédit du portefeuille de deux façons : il déplacera des actifs pour les placer dans des titres qui sont au plus haut niveau de la structure du capital — les prêts de premier rang — et il rehaussera le niveau de qualité du portefeuille. « À mesure que nous avancerons dans le cycle du crédit, nous maximiseront la composante de prêts à concurrence de 75 %, et le celle des obligations de qualité à 25 %. »

Au cours de toutes les phases du cycle du crédit, M. Mallick évite de faire des mises sur les devises, puisque les pertes créées par le change pourraient complètement balayer les rendements provenant des intérêts. Il précise que la couverture en dollars canadiens du fonds sera toujours proche de 100 %. Comme l’indique le prospectus, cela se fera par des contrats de change à terme qui substitueront la participation au dollar canadien à celle au dollar américain et à d’autres actifs qui ne sont pas libellés en devise canadienne.

Bien que le fonds n’ait aucune limitation quant aux pays ou aux secteurs, il détient en ce moment à peu près 90 % de son portefeuille en actifs libellés en dollars américains. Sauf pour un nombre très limité de titres européens, les émetteurs étrangers détenus dans ce fonds sont principalement des sociétés américaines. Les 10 % restants sont détenus en dollars canadiens. Le fonds doit détenir au minimum 30 sociétés émettrices, sans que jamais plus de 10 % des actifs ne soient investis dans l’une ou dans l’autre.

Suivant les conditions du marché, une catégorie d’actifs ou l’autre peut provisoirement être réduite à la pondération zéro. La composition des avoirs en cours dépendra de l’analyse du cycle du crédit faite par M. Mallick et de la direction que prendra le marché selon lui.

Dans des circonstances exceptionnelles du marché, la gestion peut même prendre des décisions tactiques plus audacieuses, se détournant des objectifs fondamentaux du fonds pour accroître ses avoirs en liquide au-delà de leur niveau minimum normal.

Si tout va bien, une stratégie multi-crédit comme celle de Leith Wheeler est censée ne jouer qu’un rôle de soutien dans le portefeuille d’un investisseur particulier. « Soyons honnêtes, dit M. Mallick. C’est quand même un produit risqué, mais il fournit une solution qui complètera celles de nos produits obligataires existants. »