Tous les fonds sont équipondérés et ont donc la même importance à l’intérieur de l’indice. La part choisie pour chaque fonds sera celle de série F et la performance étudiée de chaque fonds sera nette de tous frais. Le calcul de l’indice remonte au 1er janvier 2016.

De même, un indice de référence a été créé pour chaque indice. Ceux-ci se composent d’une équipondération des différents indices de référence utilisés par chaque fonds participant.

Le CGE bénéficie dans cette démarche du soutien de Finance Montréal et de Fundata Canada.

« Nous avons envie de créer un engouement pour ces fonds et de créer un benchmark CGE (un point de référence), souligne Étienne Thomas, directeur du Projet – Indice CGE. Au final, nous espérons que ça va permettre à ces fonds d’être sélectionnés à titre de catégorie d’actif par les institutions et les grands investisseurs. »

Selon le site Internet du CGE, l’indice CGE-EMB QC Actions affiche un rendement de 9,25 % depuis un an (au 31 décembre 2016), par rapport à 12,26 % pour les périodes respectives pour l’indice de référence, qui se compose d’une équipondération des différents indices de référence utilisés par chaque fonds et sélectionnés via Fundata.

Pour Étienne Thomas, qui a géré ce projet dans le cadre de sa maîtrise en finances à HEC Montréal, la conception de ces indices est d’autant plus intéressante « qu’il n’existe aucun indice de performance concernant les gestionnaires émergents à l’échelle mondiale. Même aux États-Unis, on ne retrouve pas d’indice suivant la performance de gestionnaires ayant un actif sous gestion de moins de 1 G$, parce que là-bas pour être émergent, on parle davantage d’actif sous gestion de moins de 5 G$ ».

Au départ, le CGE prévoyait produire trois indices. « Le troisième indice, celui concernant les titres à revenus fixes, met du temps à venir parce qu’il y a encore peu d’acteurs à Montréal ou au Québec capables de se qualifier », indique Étienne Thomas.

Jusqu’ici, quelques firmes ont exprimé leur intérêt à participer au troisième indice, mais ce nombre est insuffisant pour bâtir un indice représentatif. Étienne Thomas est aussi d’avis que la participation des firmes au projet est en partie freinée par les frais d’inscription auprès de Fundata, puisqu’il « s’agit de frais importants pour de nombreux gestionnaires émergents ».

Cet obstacle a toutefois été contourné, puisque depuis la mi-janvier, les membres du CGE bénéficient d’un rabais appréciable sur l’inscription à Fundata. Jusqu’ici, la combinaison des deux indices regroupe une dizaine de participants. Le CGE a l’objectif de rassembler une trentaine d’acteurs au sein de ce projet.

« Ces indices représentent également une manière de faire la promotion des gestionnaires qui sont membres du CGE », indique Étienne Thomas.

Créé en janvier 2014, le CGE a pour mission de contribuer au développement des entrepreneurs locaux qui émergent dans le secteur de la gestion de portefeuille, et dont l’actif sous gestion est inférieur à 1 G$. Le CGE compte une cinquantaine de membres et ses actions visent notamment à convaincre les investisseurs institutionnels du Canada de leur confier des mandats.

Vitrine étroite

Il n’y a rien de mal à se faire de la publicité, mais ces « indices » sont plus une vitrine pour faciliter la publicité sur quelques fonds que des indices de marché, indique Richard Guay, professeur au Département de finance de l’Université du Québec à Montréal, interrogé par Finance et Investissement.

Selon lui, les constituants des indices CGE sont beaucoup trop étroits pour se qualifier « d’indices » de référence.

« Je serais très surpris que ces indices deviennent des référence, notamment pour décider si un investisseur redirigera des fonds dans cette catégorie de l’actif ou non. Pour prendre une telle décision, un investisseur utilisera un « vrai » indice qui sera représentatif de la catégorie de l’actif », dit-il.

Richard Guay estime qu’un bon indice devrait permettre une stratégie de placement qui réplique cet indice, ce que ne permettraient pas les indices proposés par le CGE, puisqu’ils sont construits avec une équipondération mensuelle.

« Je ne suis pas certain qu’il soit possible de mettre cette approche en place avec un portefeuille réel, contrairement au S&P 500 ou au S&P/TSX qui sont d’ailleurs très bien répliqués par des fonds négociés en Bourse (FNB) », analyse-t-il.

Au mieux ces « indices » seront suivis uniquement pour avoir une mesure du rendement moyen de quelques gestionnaires de fonds, prévoit Richard Guay.