Un parcours personnalisé pour les représentants de Desjardins sera créé par le CDPSF, souligne Yvan-Pierre Grimard, directeur, Relations gouvernementales – Québec au Mouvement Desjardins : «Nous souhaitons consolider notre offre de formation continue auprès de nos représentants. Nous voulons avoir plus d’impact sur la qualité de la formation et, en fin de compte, sur celle des services offerts à nos membres.»

Le CDPSF devient ainsi la source de choix pour la formation continue des représentants en épargne collective de Desjardins.

«Est-ce qu’on va interdire aux représentants qui voudraient faire de la formation en dehors du CDPSF d’en faire ? Je crois que non. Nous considérons nos représentants comme des professionnels, mais cette entente est l’orientation que nous allons donner dans le réseau des caisses à nos directeurs généraux et à nos gestionnaires responsables de la force professionnelle», note Yvan-Pierre Grimard.

Ce dernier ne ferme d’ailleurs pas la porte à l’idée de reproduire ce genre d’entente dans d’autres secteurs d’activité de Desjardins : «Éventuellement, c’est certain qu’on va regarder cette option, mais présentement nous souhaitions nous concentrer sur l’offre en épargne collective, souligne Yvan-Pierre Grimard. Du côté de l’assurance de personnes, on a un bon nombre de détenteurs de permis ; ce sont des choses qui seront considérées.»

Tous membres

L’entente, annoncée initialement en octobre 2016, permet aussi au CDPSF d’ajouter les 7 400 représentants de Desjardins à ses membres privilégiés. Selon Mario Grégoire, président et chef de la direction du CDPSF, son organisation compte maintenant 11 000 membres, dont 8 000 ont le statut de privilégiés.

«Nous avons renversé la tendance, a-t-il indiqué en entrevue à Finance et Investissement. Auparavant, nous avions 4 000 membres, dont 1 000 étaient privilégiés ; les autres avaient le statut de réguliers.»

C’est Desjardins qui assumera les coûts d’adhésion de ses représentants au CDPSF. Mario Grégoire ajoute être en train de négocier des ententes semblables avec d’autres institutions financières en plus d’en avoir déjà conclu avec des agents généraux, comme Aurrea Signature et le Groupe Lafond. Dans ces deux cas, les conseillers ne sont pas inscrits automatiquement au CDPSF, mais ils sont encouragés à y adhérer, selon Mario Grégoire.

«Nous sommes en pourparlers avec d’autres institutions financières que nous ne pouvons pas encore nommer, mais aussi avec des agents généraux de grande renommée. Ces ententes ne concernent pas seulement la formation, mais aussi le programme d’assurance responsabilité du CDPSF», assure Mario Grégoire.

«Plus le CDPSF aura de membres, meilleure sera sa capacité financière et meilleure sera son offre de services, en qualité et en variété. On peut aussi s’attendre à une réduction des coûts associés à la formation, ajoute Yvan-Pierre Grimard. C’est bon pour les professionnels et pour les consommateurs.»

Certains craignent toutefois que l’entente, qui fait que le CDPSF compte 7 400 membres venant de Desjardins sur un total de 11 000 membres, compromette l’indépendance de l’association.

«Desjardins devient le principal bailleur de fonds du CDPSF. Est-ce que le CDPSF va se laisser influencer ? Lorsque la majeure partie de ton revenu provient d’une institution financière, es-tu vraiment représentatif de tes membres ?» s’interroge Michel Mailloux, planificateur financier et président de Déontologie.ca.

Cette inquiétude est partagée par Flavio Vani, président de l’Association professionnelle des conseillers en services financiers (APCSF) : «Nos membres à nous paient leur cotisation à l’APCSF, nous sommes une organisation indépendante. Le CDPSF va recevoir un gros chèque de Desjardins et il y a lieu de se demander : « Est-ce qu’il est là pour défendre les intérêts de ses membres ou ceux de Desjardins ? »»

Encadrement

En entrevue à Finance et Investissement, Yvan-Pierre Grimard a rappelé que cette entente s’inscrivait dans la vision que Desjardins a de l’encadrement des services financiers au Québec.

«Je la résume ici : un régulateur, soit l’Autorité des marchés financiers (AMF), qui encadre tous les assujettis, c’est-à-dire les institutions financières, les courtiers, les professionnels et les cabinets. Le même régulateur porte assistance aux consommateurs qui sont confus parce qu’ils ne savent pas s’ils doivent porter plainte à l’AMF ou à une des deux chambres. J’insiste sur le fait qu’on conserve la déontologie, la discipline et la formation continue», résume-t-il.

Cette prise de position est en ligne avec l’entente conclue entre Desjardins et le CDPSF, selon Flavio Vani.

«Je crois que Desjardins ne veut pas de la CSF, dit-il. Il veut démontrer que, pour donner de la formation, il n’a pas besoin de la CSF. Le CDPSF, c’est un argument de plus pour dire au gouvernement qu’il n’a pas besoin de la CSF.»

Cette entente assurera la pérennité du CDPSF en apportant à l’organisme une source stable de revenus. Rappelons que la formation continue apportait plus de 200 000 $ au bilan de l’organisme en 2016, selon ses plus récents états financiers.

«Il y a plusieurs mois de travail derrière cette entente, qui n’a pas été décidée ou écrite sur le coin d’une table. Sa mise en place a peut-être été plus compliquée que prévu au départ, mais le CDPSF est maintenant en place pour bien faire son travail», note Yvan-Pierre Grimard.