Certains pourront respirer
LIU MING_123RF Banque d'images

Selon le tableau des ventes annuelles nettes établi par l’analyste de la FBN, de petits manufacturiers de FNB ont pris de la vitesse. C’est le cas d’Horizons, First Asset, RBC, Purpose, Mackenzie et AGF. Entre avril 2016 et avril 2017, ces six manufacturiers, qui représentent 9,6 % de l’actif sous gestion, ont capté plus de 26 % des ventes nettes (voir le tableau Ventes et parts de marché).

Et si le passé est garant de l’avenir, l’avenir sourira à Desjardins et à Manuvie qui ont décidé en avril de sauter dans l’arène des FNB. Franklin Templeton, dont les FNB ont fait leur entrée à la Bourse de Toronto le 30 mai dernier, ne sera pas en reste.

«Les gestionnaires d’actif savent qu’ils doivent dorénavant avoir une forte composante de FNB dans leur offre de produits. Je crois que ceux qui se distingueront sur le terrain des ventes en FNB disposent déjà d’un réseau de distribution, d’un marché captif ou d’une marque reconnue», affirme Jean Morissette, consultant auprès de firmes de gestion de patrimoine.

L’exemple de Desjardins illustre les propos de l’ancien président de Services Financiers Partenaires Cartier et ex-associé fondateur de Talvest. Un mois après le lancement de sa gamme de FNB, Desjardins affichait des ventes de 65 M$. En maintenant ce rythme sur une année complète, Desjardins coifferait le numéro un du secteur, iShares, dont les ventes nettes s’établissaient à 657 M$ entre avril 2016 et avril 2017.

Un marché en croissance

En 2006, l’actif sous gestion en FNB s’établissait à 15,1 G$, par rapport à plus de 120 G$ en 2017. Cela représente un taux de croissance annuel de 22 %. D’après les prévisions d’Investor Economics, l’actif total en FCP s’élèvera à 1 978 G$ en 2024 au Canada, comparativement à 266 G$ pour l’actif en FNB. D’ores et déjà, les FNB captent plus du tiers (35 % en 2016) des entrées nettes des fonds d’investissement au Canada.

Selon Daniel Straus, les règles du jeu favorisent les manufacturiers qui disposent déjà d’un réseau de distribution établi ou d’une forte notoriété.

«Au Canada, la distribution règne en roi et maître. Les relations avec les conseillers sont capitales. Il faut également investir beaucoup d’argent en publicité et en marketing», explique Daniel Strauss.

Voilà qui favorise les grandes institutions financières aux reins solides.

«BMO est le modèle à suivre. Cette banque a son propre réseau de distribution et elle a très bien intégré les FNB dans ses stratégies de planification financière. Je pense que d’autres banques canadiennes finiront par adopter ce modèle», dit Daniel Straus.

Compte tenu de leur notoriété, les AGF et Franklin Templeton devraient également bien performer. «Ces firmes devaient intégrer les FNB. Les courtiers et représentants tendent à limiter leurs achats de produits auprès de deux ou trois gestionnaires d’actif. Ces entreprises devaient agir, ne serait-ce que par mesure défensive», estime Jean Morissette.

Place aux acteurs de niche

A priori, les petits manufacturiers indépendants n’auront pas la vie facile. Leur prospérité passera-t-elle par la définition des secteurs de niche ?

«Il coûte moins cher de créer des FNB que des fonds communs. C’est à la portée des petits gestionnaires d’actif», dit Daniel Straus qui donne en exemple Auspice et Hamilton Capital.

Auspice compte deux FNB, concentrés dans le secteur de l’énergie au Canada. Hamilton Capital en a deux, spécialisés dans les sociétés financières internationales.

Toutefois, d’après Jean Morissette, les petits fabricants nichés devront constamment innover. Et paradoxalement, les plus gros pourraient en bénéficier. «En ajoutant des filtres et de la gestion active, on augmente les coûts. Et sur ce terrain, les plus gros fabricants auront toujours l’avantage», dit-il.