La hausse devrait être inférieure aux prévisions d’un bon nombre d’intervenants, notamment celles de la Réserve fédérale américaine. En effet, aux États-Unis comme au Canada, le taux neutre – soit le niveau auquel les taux d’intérêt ne stimulent ni ne restreignent la croissance économique – pourrait n’être que de 2,5 %, ce qui est nettement moins que le taux de 4 % prévu par la Réserve fédérale américaine à l’occasion de sa dernière réunion.

« En raison de la nature de la croissance prochaine, même en cas de plein emploi, les taux américains devront être moins élevés que ceux des cycles passés, tant en termes réels que nominaux, soutient Avery Shenfeld, économiste en chef, Banque CIBC. Parallèlement, le taux de financement à un jour au Canada pourrait atteindre un plateau à un niveau étonnamment bas.»

Avery Shenfeld croit que le Canada et les États-Unis sont sur la voie d’une croissance beaucoup plus lente de la population d’âge actif. À moins que la productivité ne bondisse, selon lui, le rythme de croissance potentiel du PIB réel (non inflationniste) ralentira également. Par ailleurs, la morosité des dépenses en capital et l’augmentation des taux d’épargnes mettent aussi un frein aux perspectives de gains économiques.

Selon le rapport, ces facteurs pousseront les pays industrialisés, dont les États-Unis et le Canada, vers une « stagnation séculaire ». Les économistes de CIBC recommandent le recours à une hausse des dépenses d’infrastructure financées par emprunt comme solution de rechange à une autre bulle immobilière afin de remettre l’économie américaine sur la bonne voie.

Le Canada doit donc faire bien attention à maintenir un taux de change concurrentiel, comme l’explique Avery Shenfeld: « Si nous n’optons pas pour un déficit financier plus important, la politique monétaire devra fournir une contrepartie suffisante pour neutraliser ces freins à la croissance. Le fait de veiller à ce que le différentiel de taux d’intérêt avec les États-Unis demeure assez bas pour garder le dollar canadien à un niveau concurrentiel pour les exportateurs permettra à l’économie de tolérer la fin du boom immobilier.»

Selon lui, au Canada, le taux de change a suffisamment d’influence pour compliquer l’estimation du taux de financement à un jour neutre, compte tenu de l’importance des conditions monétaires globales dans une petite économie ouverte: « Cependant, le ralentissement du PIB potentiel, de pair avec le niveau d’endettement élevé des ménages qui augmentera la sensibilité des dépenses aux hausses des taux, porte à croire qu’un taux nominal de moins de 3 % pourrait être le taux neutre à plus long terme à l’heure actuelle. »