«Nous avons obtenu un premier mandat en septembre 2013 avec la New York Common Retirement System, qui est la deuxième caisse de retraite en importance aux États-Unis. Deux ans plus tard, elle a beaucoup augmenté le montant qu’elle nous avait d’abord confié, de nouveau par l’entremise de FIS Group, un consultant de Philadelphie», indique Robert Beauregard, chef des placements de Global Alpha, en entrevue avec Finance et Investissement.

Puis, en mai dernier, par l’entremise du consultant californien Legato Capital Management, Global Alpha a obtenu un deuxième mandat significatif. Cette fois, c’est la California Public Employees’ Retirement System (CalPERS), le gestionnaire de fonds institutionnels de l’État de la Californie, qui le lui a confié.

Ces deux importants mandats américains représentent approximativement 45 % de l’actif sous gestion de Global Alpha.

Une autre part, soit 40 % de son actif sous gestion, provient de clients canadiens du Groupe financier Connor, Clark & Lunn, une société de gestion de placements torontoise dotée d’une structure multi-entreprise à laquelle est affiliée Global Alpha.

Le reste de l’actif confié à Global Alpha vient de différents clients locaux, y compris des fondations et Bâtirente, le régime de retraite des membres de la CSN, qui a été le premier client institutionnel québécois à confier un mandat à Global Alpha.

«Les gens de Bâtirente n’ont jamais hésité à faire confiance à des gestionnaires locaux, par exemple Hexavest, Van Berkom et Associés et maintenant nous, et ils en ont toujours obtenu d’excellents résultats», affirme Robert Beauregard.

Global Alpha se spécialise dans la gestion de portefeuilles se composant de petites capitalisations mondiales et internationales. La société emploie une méthode de construction de portefeuille combinant une approche ascendante, un point de vue mondial, un contrôle des risques et un faible taux de rotation.

Aspirant aux grands honneurs

Pour prendre de l’essor aux États-Unis, Global Alpha mise sur les programmes de gestionnaires en émergence. La plupart des grandes caisses de retraite américaines allouent de 1 à 4 % de leur actif à ces programmes, précise Robert Beauregard.

Il évalue à plus de 100 G$ US l’actif ainsi disponible. «À elle seule, CalPERS investit plus de 4 G$ US dans ce type de programme.»

Pour pénétrer dans cet écosystème, Global Alpha a bénéficié d’un bon coup de pouce d’Hexavest. «Hexavest a obtenu son premier mandat aux États-Unis par l’intermédiaire d’un programme de gestionnaires en émergence, et c’est ce qui a véritablement lancé la firme. Ses dirigeants nous ont donc mis en contact avec des acteurs de cet écosystème. Nous bénéficions aujourd’hui des suites de ce transfert d’informations», explique Robert Beauregard.

Pour avoir accès aux fonds des programmes de gestionnaires en émergence, les firmes comme Global Alpha doivent se qualifier auprès de consultants qui servent d’intermédiaires entre eux et les grands investisseurs institutionnels.

«Il ne faut pas croire qu’en participant à de tels programmes, les grandes caisses de retraite ne cherchent qu’à être de bons citoyens. De nombreux documents montrent que la partie de l’actif gérée par les gestionnaires émergents obtient de meilleurs rendements ajustés pour le risque que les rendements obtenus par les autres gestionnaires», souligne Robert Beauregard.

Et pas de doute que Global Alpha se signale à ce chapitre. Elle a été sélectionnée en février dernier par Emerging Manager Monthly comme finaliste au titre de gestionnaire émergent de l’année aux États-Unis dans la catégorie «actions internationales».

La société a été choisie au terme d’un processus d’analyse qui considère les rendements par rapport à l’indice et à la performance des concurrents, ainsi que la croissance de l’actif dans la stratégie qui lui est propre.

Au départ, 424 firmes ont été retenues aux fins de l’analyse, et 21 d’entre elles ont été finalistes dans l’une ou l’autre des sept catégories. Global Alpha n’a toutefois pas été la lauréate de la 10e édition de cet événement de reconnaissance, qui s’est déroulé le 6 avril.

«Cela nous fait énormément plaisir d’avoir été sélectionnés. Cela nous apporte une très belle validation auprès du marché», signale Robert Beauregard.

Cela dit, Robert Beauregard ne croit pas que cette nomination accélérera sensiblement la percée de sa firme sur les marchés américains.

«J’aimerais dire que ça entraînera beaucoup de retombées rapidement. Nous avons d’ailleurs reçu plusieurs appels en provenance des États-Unis et nous constatons un intérêt. Toutefois, en 2013, après avoir obtenu notre mandat avec la New York Common Retirement System, ce ne fut pas le cas [il n’y a pas eu de retombées rapides], ni en 2015 avec notre mandat auprès de CalPERS», signale Robert Beauregard.

Coup de pouce au Québec

Au Québec aussi, Global Alpha table sur les différentes initiatives qui sont mises en oeuvre au bénéfice des nouveaux gestionnaires, à commencer par le Programme des gestionnaires en émergence du Québec (PGEQ).

«Global Alpha est l’un des gestionnaires retenus dans le cadre du PGEQ. Cela nous donne une autre reconnaissance et j’espère que cela va nous ouvrir de nouvelles portes au Québec», affirme Robert Beauregard.

Lancé à l’initiative du Chantier entrepreneuriat de Finance Montréal, le PGEQ vise à confier des mandats de gestion à des firmes québécoises en démarrage ou de petite taille afin de les aider à percer le marché institutionnel.

Dans le cadre de ce programme, un fonds de 200 M$, ainsi qu’un fonds de 100 M$ consacré à la gestion alternative, ont été confiés à différentes firmes québécoises.

«Plusieurs firmes de consultants ont participé à la sélection des gestionnaires admis au PGEQ. J’ose croire que s’ils vous ont déjà validé une fois, il leur sera plus facile de vous recommander à d’autres clients lorsqu’ils seront amenés à les conseiller sur des choix de gestionnaires», souligne Robert Beauregard.

De plus, Global Alpha est membre du Conseil des gestionnaires en émergence, un organisme à but non lucratif dont la mission consiste à promouvoir les nouveaux gestionnaires québécois.

Le talent ne manque pas à Montréal et au Québec, insiste Robert Beauregard : «Lorsqu’on analyse les produits offerts au Québec, on retrouve des gestionnaires capables de gérer de façon crédible à peu près toutes les catégories d’actif. Et dans les faits, les caisses de retraite ont accès, par l’entremise de firmes locales, à presque tous les produits possibles.»

Toutefois, bien que la réussite de programmes semblables aux États-Unis soit convaincante, rares sont les caisses de retraite au Canada qui confient une partie de leurs actifs aux gestionnaires en émergence. À cet égard, le PGEQ est une initiative d’exception.