Puis, début mai, Bloomberg a lancé son Financial Services Gender-Equality Index (GEI). Cet indice suit 26 sociétés inscrites en Bourse qui sont des leaders en matière de présence des femmes dans les postes de haut niveau. Il répond à la demande d’un nombre croissant d’épargnants qui font de l’égalité des sexes l’un de leurs principaux critères de placement (http://tinyurl.com/jm2b6l2).

Pour sa part, le fonds SHE retient, parmi les 1 000 plus grandes entreprises américaines, les 137 qui se classent dans le décile supérieur de leur secteur, à la condition qu’elles comptent au moins une femme à leur conseil d’administration ou au poste de chef de la direction.

Sur 10 secteurs d’activité, les mieux représentés sont la finance (18 %), la santé (16 %) et l’industrie (15,3 %). Parmi les moins représentés, on trouve les matières premières (1,6 %), les services de télécommunications (2 %) et les services publics (5 %).

Des progrès, mais très lents

Selon le Forum économique mondial, au rythme des progrès actuels, il faudrait encore 118 ans avant que les femmes puissent complètement resserrer l’écart avec les hommes au chapitre des occasions de travail, en éducation, en santé et en politique (http://tinyurl.com/zxc4ltp).

Une étude récente de Mercer, «When Women Thrive, Businesses Thrive», montre que les femmes occupent seulement 35 % des postes de niveau professionnel et supérieur en entreprise. La proportion décroît au fur et à mesure qu’on s’élève dans la hiérarchie : elles occupent 33 % des postes de gestionnaires, 26 % des postes de gestionnaires principales et seulement 20 % des postes de direction.

Étonnamment, les améliorations notées dans l’embauche de femmes aux plus hautes sphères des entreprises ne s’étendent pas aux niveaux inférieurs. «Et même quand les femmes ont de meilleurs résultats que les hommes, leur promotion n’est pas aussi rapide», dit Cindy Gentry, associée principale chez Mercer, à San Francisco.

Toutefois, la situation progresse. Parmi les entreprises qui composent l’indice MSCI World Index, les femmes détenaient 18,1% des postes de conseil en août 2015, par rapport à 15,9 % l’année précédente, selon l’étude «Women On Boards» de MSCI ESG Research.

Les pays qui affichent la plus forte représentation de femmes au sein des conseils sont la Norvège (40,1 %), la Suède (33,7 %) et la France (33,5 %).

Nombreux arguments

Les tenants d’un meilleur équilibre des sexes ne manquent pas d’arguments. En effet, de nombreuses études concluent que les entreprises dirigées par un nombre supérieur de femmes présentent de meilleurs résultats financiers.

Ainsi, l’étude de MSCI ESG Research souligne que les entreprises qui comptent un fort leadership féminin ont procuré un rendement du capital annuel de 10,1 %, par rapport à 7,4 % pour les autres entreprises (au 9 septembre 2015).

Chez State Street Global Advisors, «notre recherche montre une différence de rendement importante de 2002 à 2014 dans les entreprises qui comptent au moins 30 % de femmes aux postes de direction», indique Jennifer Bender, directrice de la recherche. Toutefois, elle ne peut pas encore dévoiler les résultats précis de cette recherche.

Quantopian a publié une étude encore plus remarquable. La firme de Boston a comparé la performance des entreprises du Fortune 1000 dirigées par des femmes à celles du S&P 500, de 2002 à 2014. On découvre que les 80 femmes qui étaient chefs de la direction durant cette période de 12 ans ont procuré des rendements de capital supérieurs de 226 % à ceux du S&P 500.

Même les fonds de couverture dirigés par des femmes performent mieux que ceux pilotés par des hommes, selon les recherches faites par le cabinet comptable Rothstein Kass en 2012.

La clé : la diversité

Le constat n’est toutefois pas uniforme.

D’autres études «concluent qu’un plus grand équilibre hommes-femmes entraîne un résultat neutre ou même un impact négatif», rapporte l’étude «Is Gender Diversity Profitable?», du Peterson Institute for International Economics (http://tinyurl.com/j8l82xp).

Par exemple, dans une étude portant sur 2 000 entreprises, les chercheurs américains Charles O’Reilly et Brian Main ne trouvent aucun indice que l’ajout de femmes au sein des conseils d’administration accroît la performance des entreprises.

De plus, le lien de causalité entre la représentation féminine dans les postes de direction et le rendement des entreprises n’est pas certain.

L’élément clé «serait plutôt la diversité des perspectives et des points de vue», souligne Jennifer Bender, de State Street Global Advisors. Les femmes apportent d’autres points de vue, tout comme pourraient le faire des gens d’autres nationalités ou d’autres religions.

C’est une raison pour laquelle la diversité des sexes ne peut être mise de l’avant encore à titre de «facteur» d’investissement, tout comme le sont la «valeur», le «momentum» ou les «petites capitalisations».

«La présence des femmes dans les postes de direction n’est pas une variable significative sur le plan du prix de l’actif [le cours boursier]» affirme Jennifer Bender.

«Un facteur de prix de l’actif doit être une composante statistiquement significative qui ne peut être expliquée par aucun autre facteur, dit-elle. Ce n’est pas le cas pour la diversité sexuelle, qui se présente pour l’instant comme un thème d’investissement, au même titre que le développement durable et l’éthique.»