La valeur variable d'une rente de RRQ
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Nous avons déjà vu qu’une bonne décision doit tenir compte de facteurs difficilement quantifiables comme, par exemple, «l’inconfort» de l’individu à renoncer à la rente de retraite du RRQ au profit de placements. Ceci dit, d’autres éléments peuvent très bien faire l’objet de calculs. À mon avis, une bonne analyse doit évaluer trois sources de revenus à la retraite :

Les revenus générés par les liquidités investies dans la société ;

Les revenus générés par les retraits des comptes personnels, tels les REER ;

Les revenus générés par la rente de retraite du RRQ.

Si l’on veut comparer des pommes avec des pommes, ces revenus doivent être exprimés après impôt à cause de la différence de taxation des dividendes. Or, les liquidités seront investies selon une certaine répartition d’actif correspondant au profil d’investisseur du client.

Une bonne analyse devrait ainsi calculer les soldes d’impôt en main remboursable au titre de dividendes (IMRTD), de compte de dividendes en capital (CDC) et de compte de revenu à taux général (CRTG) générés au fil des années et illustrer un décaissement net indexé qui en tienne compte. Personnellement, j’aime bien illustrer les montants en dollars constants aussi, de sorte que la perception du client ne soit pas faussée par des dollars payables dans 50 ans…

Certains voudront cependant, dans un objectif plus spécifique, analyser de façon séparée la «rentabilité» du RRQ, c’est-à-dire quel rendement intrinsèque la rente génère. Autrement dit, à quel taux de rendement devrait-on investir l’équivalent de la prime du RRQ pour obtenir le même résultat que la rente ?

Une autre façon de voir les choses est de se demander combien d’argent il faudrait investir dans un compte donné au taux de rendement du profil d’investisseur afin d’avoir une situation similaire.

Évidemment, la rentabilité est affectée par l’âge de décès du client. Plus cet âge est élevé, plus la rentabilité l’est aussi. La rentabilité peut ainsi s’exprimer de deux façons : par le taux de rendement interne (TRI), ou par un montant en dollars.

Il faut comprendre que certaines hypothèses de base sous-tendent l’ensemble de ces résultats.

Par exemple :

Aucune fiscalité n’est prise en compte. Cela signifie que c’est la cotisation au RRQ et la rente générée par ce dernier qui sont pris en compte. Autrement dit, c’est comme si on investissait l’équivalent de la cotisation (brute) du RRQ dans un REER (sans économie d’impôt) et qu’on décaissait annuellement un montant, dans un FERR, égal à la rente additionnelle que génère cette cotisation.

Une cotisation au RRQ (correspondant au MGA) est faite à compter de cette année jusqu’à la prise de retraite. Cette cotisation est indexée au taux d’augmentation du maximum des gains admissibles (MGA).

La rente de retraite du RRQ est versée jusqu’à l’âge de décès prévu et est indexée au taux d’inflation.

Chaque année de cotisation rapporte une «pleine rente» . Pour ce faire, aucune cotisation antérieure à l’année actuelle n’est considérée et une rente est calculée de la façon prescrite sans ajustement sur la période cotisable. Autrement dit, il n’y a aucune cotisation faite «dans le beurre»…

Rentabilité exprimée en TRI

Le graphique TRI de la rente RRQ (MGA) indique l’évolution du TRI selon l’âge de prise de retraite ainsi que l’âge de décès. Par exemple, 60/100 signifie une retraite à 60 ans et un décès à 100 ans.

Dans ce graphique, on voit l’impact de l’âge de la prise de retraite de même que celui de l’âge de décès prévu. On constate qu’une personne qui prend sa retraite à 60 ans et qui décède à 85 ans réalisera un TRI d’environ 2 %, quel que soit son âge actuel, alors que certaines années d’un retraité à 65 ans peuvent rapporter plus de 6 % de rendement interne avec un décès à 100 ans.

Les hypothèses d’inflation et d’augmentation du MGA sont respectivement de 2,1 % et de 3,1 %, comme le recommande l’Institut québécois de planification financière. Si on projette une augmentation du MGA à 2,6 %, le TRI diminue très légèrement.

Il faut faire cependant attention au fait qu’il s’agit du TRI avec un revenu égal ou supérieur au MGA de 2017. Si le revenu est inférieur, le TRI augmente, car tout n’est pas proportionnel, étant donné l’exemption de cotisation sur les 3 500 $ premiers dollars de revenus.

Le graphique suivant (TRI de la rente de RRQ selon le revenu) reprend la situation 65/100 et indique le TRI d’une seule année de cotisation (comme 64 ans dans le graphique précédent) avec d’autres niveaux de revenus.

Comme on pouvait s’y attendre, il est très élevé pour un revenu de 5 000 $, et plus le revenu se rapproche de 3 500 $, plus il est élevé. Le tableau suivant indique le TRI de cotisations sur des revenus faibles (que vous pourriez recommander à vos clients) sur une seule année et sur toute une carrière de 41 ans.

Rentabilité exprimée en dépôts nécessaires

Une autre façon de voir les choses est de se demander combien il faudrait déposer dans son compte, à X % de rendement par année, afin que le revenu généré soit identique à celui du RRQ. On y fait référence au graphique «Épargne nécessaire pour remplacer la rente de la RRQ». Évidemment, ce sont les mêmes résultats, mais exprimés sous une autre forme qui fait peut-être davantage prendre conscience de la valeur réelle du RRQ.

Dans ce graphique, le profil conservateur génère un rendement de 3,3 %, et le profil modéré, de 3,9 % par année.

On voit que l’âge de décès prévu est primordial. Cela va sans dire : plus le revenu de retraite est payé pendant longtemps, plus l’épargne nécessaire est importante. Toutefois, le profil d’investisseur est également important car, encore une évidence, plus le rendement d’un compte est élevé, plus le niveau d’épargne nécessaire est faible.

On pourrait évidemment refaire ce graphique avec des taux de rendement faibles… on comprend qu’on aurait le même genre de résultat que la situation avec le TRI.

Ces graphiques indiquent dans quelle mesure l’argent investi dans le RRQ «travaille» pour un individu. Ils peuvent donc vous servir de référence avec vos clients. Mais attention : il s’agit d’un résultat très partiel dans l’analyse salaire-dividende, car les éléments fiscaux doivent absolument être pris en compte au-delà des simples cotisations faites ou non dans le régime.