Bien sûr, ce sont les conseillers, ou s’ils ont de la chance, leurs patrons, qui paient la note pour toute cette formation qui rehausse la qualité du service dans l’industrie financière, en plus d’assurer la protection du public.

Or, s’il est évident que la formation continue représente un service essentiel aux conseillers, elle est également un très bon moyen de financement pour tous les organismes qui la dispensent.

Ces derniers semblent tous vouloir un morceau de ce gâteau. Par exemple, bon an mal an, en 2014 et 2015 respectivement, 10 et 17 % du chiffre d’affaires de la CSF sont attribuables à la formation continue qu’elle dispense. Plus précisément, on peut voir à la page 50 du «Rapport annuel 2015» de la CSF que la formation continue lui a rapporté 1,23 M$ sur un chiffre d’affaires de 11,57 M$ en 2014, et 2,14 M$ sur un chiffre d’affaires de 12,4 M$ en 2015.

Plus tôt cet été, le Conseil des professionnels en services financiers (CDPSF) a fait parvenir aux médias un communiqué dans lequel il demandait que, dans la version révisée de la Loi 188, la formation continue soit attribuée au mouvement associatif.

«Nous suggérons qu’il [le ministre] identifie le mouvement associatif de l’industrie à ce titre dans sa loi. Cette position est légitime, car ce sont les professionnels en services financiers du Québec qui règlent la facture pour ces formations obligatoires. Le mouvement associatif bénéficie d’un point de vue qu’aucun régulateur ne peut avoir sur cette question de la formation continue», écrivait le CDPSF.

Le CDPSF profitait aussi de l’occasion pour lancer un appel à l’unité à l’autre organisme associatif de l’industrie, l’Association professionnelle des conseillers en services financiers (APCSF): «Après 15 ans d’attente, les conseillers n’ont pas le luxe de se diviser. La révision de la Loi est à nos portes, il faut agir maintenant et collectivement.»

De son côté, l’APCSF est restée sur ses positions, privilégiant plutôt la création d’un ordre professionnel afin d’éviter la duplication des formations continues et de réduire les frais. Le projet de l’APCSF inclut une intégration de l’Institut québécois de planification financière (IQPF) afin de rendre «plus accessible une formation supérieure pour les conseillers».

Dans son mémoire déposé lors des consultations concernant le projet de loi 98 et le système professionnel, la CSF a pour sa part insisté sur l’importance de la formation continue: «La Chambre voit d’un bon oeil l’adoption de ces dispositions, mais est d’avis que la formation continue obligatoire pour tous les membres d’un ordre devrait être envisagée.»

La formation continue est importante, c’est pourquoi elle est enchâssée dans la loi, mais c’est aussi un bon moyen de financement pour beaucoup d’organismes de l’industrie.

Le mouvement associatif est également important, et à une époque où autant de réformes réglementaires ont lieu, les professionnels de l’industrie ont plus que jamais besoin d’avoir voix au chapitre.

Toutefois, il est indéniable qu’à plus long terme, les conseillers bénéficieront d’une offre diversifiée en matière de formation. Dans une industrie où produits et technologie évoluent à la vitesse grand V, il serait difficile de s’attendre à ce qu’une quantité réduite de fournisseurs de formation arrivent à rester parfaitement à jour.

Un mouvement associatif fort et stable est important, mais doit-on lui accorder l’exclusivité de la formation continue afin d’assurer sa survie ? Le moment est peut-être plutôt venu pour les conseillers de s’engager eux-mêmes envers leur mouvement associatif en adhérant en masse à l’organisation qui leur conviendra le mieux.

L’équipe de Finance et Investissement