Si les syndicats se réjouissent de l’entente intervenue, les associations patronales la déplorent.

Le ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, et ses homologues provinciaux se sont entendus pour porter de 13 000 $ à 17 478 $ la prestation annuelle maximale que pouvait recevoir un retraité canadien. Deux provinces ont refusé d’entériner cette entente: le Québec et le Manitoba.

Les travailleurs canadiens verront leur contribution annuelle au RPC grimper à 408 $. Les entreprises devront égaler cette somme pour chacun de leurs employés. Le nouveau programme sera graduellement mis en place pendant sept ans à compter de 2019.

Le Congrès du Travail du Canada (CTC) a célébré l’annonce des ministres des Finances, rappelant qu’il appuyait une expansion du Régime de pensions du Canada depuis plus de 50 ans.

Son président, Hassan Yussuf, a dit reconnaître « que cette augmentation sera la première dans l’histoire du RPC et qu’elle bénéficiera à tous les Canadiens et Canadiennes ».

Même son de cloche chez Unifor. Selon son président Jerry Dias, la réforme « aidera à offrir une sécurité pour les travailleurs canadiens lorsqu’ils prendront leur retraite ».

« Nous aurions préféré que les ministres des Finances aillent encore plus loin, mais il s’agit tout de même d’un gain important. Des prestations plus élevées auront un impact tangible sur la qualité de vie quotidienne des futurs retraités. »

Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) a dit accueillir favorablement l’entente. « Les premiers ministres et les ministres des Finances du pays ont entendu les craintes des travailleurs canadiens au sujet de leur retraite et ils ont finalement décidé d’agir pour aider les 11 millions de Canadiens qui n’ont pas de régime de retraite au travail », a déclaré le président national du SCFP, Mark Hancock.

Des patrons réservés

Les associations patronales se sont montrées beaucoup plus réservées que les syndicats par l’accord de lundi.

Quelques heures après l’annonce des ministres des Finances, le Conseil du patronat du Québec (CPQ) publiait un communiqué dans lequel il se disait « inquiet des nouvelles orientations pour le Régime de pensions du Canada (RPC) et de ses impacts sur l’économie canadienne ».

Le CPQ en a aussi profité pour déplorer la baisse de l’âge du départ à la retraite. « Le prolongement de la vie active des travailleurs, dans le contexte de l’accroissement de l’espérance de vie en santé, représente un facteur essentiel à une croissance économique vigoureuse », a déclaré le PDG de l’organisme, Yves-Thomas Dorval.

M. Dorval a toutefois applaudi la « prudence » de Québec, qui a décidé de ne pas se joindre à l’entente.

La Fédération canadienne des entreprises indépendantes (FCEI) a rué dans les brancards, affirmant même que les ministres avaient décidé « d’imposer une augmentation de taxe sur la masse salariale aux propriétaires de PME ».

« Ces changements sont susceptibles de compromettre les salaires, les heures de travail et les emplois des travailleurs et d’affaiblir une économie canadienne déjà chancelante », a affirmé l’économiste principal de l’organisation, Simon Gaudreault.

Le G13, une coalition de groupes et de regroupements provinciaux féministes, a aussi déploré l’accord, soutenant que celui-ci ne « donnera pas grand-chose pour la grande majorité des femmes canadiennes ». Selon la présidente de la Fédération des femmes du Québec, Mélanie Sarrazin, « l’amélioration prévue est tellement modeste que pour la personne qui gagne le salaire moyen des femmes canadiennes, soit un peu plus de 41 000 $, la pension augmentera d’environ 3300$, et cela, après 40 années de cotisations ».

Les membres du G13 se sont dits inquiets des déclarations du ministre des Finances du Québec, Carlos Leitao, voulant qu’il prenne une approche différente favorisant, entre autres, l’épargne volontaire. « Nous craignons qu’après ces réformes, les femmes se retrouvent avec encore moins d’argent à la retraite qu’actuellement », a souligné madame Sarrazin.