Dans le document, on donne un exemple qui présente la mise en oeuvre de ce facteur. Ainsi, si l’espérance de vie à 65 ans passait de 22 à 22,5 ans, les nouveaux retraités verraient leurs rentes diminuer de 1,1 % du montant prévu initialement. Un retraité pourrait toutefois annuler les effets de cette baisse en reportant le moment où il touche sa rente de deux mois. Dans l’exemple, on poursuit et on montre que si l’espérance de vie à 65 ans poursuivait sur sa lancée et atteignait 22,9 ans en 2035, la réduction de la rente atteindrait alors 3 %. Cette diminution pourrait être annihilée par un report de 5 mois.

Il serait donc plus difficile de faire des prédictions pour un représentant, puisque les rentes de retraite évolueront en fonction de l’espérance de vie.

« La proposition soumise est intéressante. Toutefois, ce débat mérite qu’on lui accorde plus de temps que celui alloué à cette commission », indiquait Alban d’Amours, l’ancien dirigeant du Mouvement Desjardins, lors de la consultation.

Risque de report du début de la rente

Dans l’industrie, on s’étonne toutefois que le document de consultation n’ait pas fait plus de place à la question des Québécois, plus nombreux qu’ailleurs au Canada, qui décident de toucher leurs prestations avant 65 ans. « On pourrait, dans le cadre du débat sur le facteur de longévité, envisager de modifier les facteurs de réduction et de bonification de la rente avant et après 65 ans », mentionnait Alban d’Amours lors des consultations.

Daniel Laverdière, directeur des services-conseils chez Banque Nationale Gestion privée 1859, croit que ce phénomène risque d’avoir un impact important. L’actuaire de formation fait appel à l’Évaluation actuarielle du Régime des Rentes du Québec au 31 décembre 2015 pour appuyer ses appréhensions. Selon ce document, les Québécois commencent à recevoir leur rente à 62 ans et 2 mois en moyenne, alors que c’est 61 ans et 9 mois pour les Québécoises. Également, « il faudrait augmenter de 0,04 [point de pourcentage] le taux de cotisation si les cotisants décidaient de retarder seulement de 3 mois le début des prestations. Ce n’est pas beaucoup trois mois ! Imaginez, s’ils attendaient à 65 ans », souligne Daniel Laverdière avec stupeur.

« C’est ce que de nombreux représentants conseillent à leurs clients en disant de piger dans leurs REER en attendant et de réclamer la RRQ et la PSV le plus tard possible. Et le message finira peut-être par passer. On peut prévoir alors l’impact sur la santé financière du RRQ », martèle-t-il.

C’est pourquoi Daniel Laverdière croit qu’on aurait pu retenir la recommandation du Comité d’Amours. Le principal intéressé, Alban d’Amours, le rappelait d’ailleurs. « La plage pour demander la rente de retraite du RRQ devrait être étendue jusqu’à 75 ans. Ainsi une personne qui décide de retarder le début de sa rente, soit parce qu’elle travaille à temps partiel, soit parce qu’elle souhaite utiliser ses REER et autres épargnes personnelles, pourrait presque doubler sa rente du RRQ entre 65 et 75 ans, et ainsi mieux gérer son risque de longévité », peut-on lire dans le rapport du Comité d’experts qu’il dirigeait.