Par exemple, les héritiers de vos clients connaissent-ils les mots de passe de leurs pages LinkedIn et Facebook? Beaucoup de gens voudraient que ces pages soient closes immédiatement après leur décès : difficile si l’on n’a pas un identifiant et un mot de passe. Et puis il y a des choses comme les mots de passe de téléphone cellulaire ou d’ordinateur. C’est souvent là que l’on trouve les contacts de la personne décédée, et il faut probablement un mot de passe, ne serait-ce que pour signaler le décès aux amis, à la famille et aux clients de la personne décédée.

Ce sont des questions dont nos parents n’avaient pas à se préoccuper, mais notre empreinte numérique a elle aussi besoin d’une planification successorale, dit David Christianson, auteur de l’ouvrage Managing the Bull et conseiller financier auprès de Christianson Wealth Advisor/Financière Banque Nationale à Winnipeg. « La plupart des gens n’ont pris aucune mesure particulière, et ont du mal à simplement se rappeler tous leurs mots de passe », explique-t-il.

Dans le cas de deux conjoints, il y en a un ou une qui connaît tous les mots de passe et où se trouvent les comptes financiers et les informations nécessaires. C’est naturel, puisque l’un des deux est généralement la personne qui gère les finances du ménage, dit Mark Halpern, planificateur financier accrédité et président de illnessPROTECTION.com à Markham, Ontario. Mais c’est aussi là que la planification successorale tombe souvent à l’eau.

Voilà pourquoi Mark Halpern a créé ce qu’il appelle une boîte à outils pour la planification successorale, où les gens inscrivent toutes les informations les concernant et les gardent en un lieu accessible.

Cette boîte à outils contient toutes sortes de choses : comptes financiers, polices d’assurance, programmes de fidélité et mots de passe numériques. « Il faut mettre ça là où quelqu’un d’autre que le conjoint ou la conjointe peut le trouver à tout moment, dit-il. Après tout, il pourrait se produire un événement catastrophique entraînant le décès des deux conjoints, et peut-être ont-ils de jeunes enfants. Quatre-vingt-dix-neuf pour cent du temps on n’y est pas préparé. »

Ce document de 20 pages est long à remplir et il faut du temps pour trouver les informations appropriées. Mais ne vous y trompez pas, c’est loin d’être du temps perdu. Votre exécuteur testamentaire et vos héritiers vous en seront reconnaissant, dit Mark Halpern.

David Christianson dit en plaisantant qu’il aime bien garder ses numéros de comptes et ses mots de passe sur un morceau de papier au-dessus de son ordinateur de manière à les voir à tout moment et à ne pas oublier les informations qui s’y trouvent. La peur que ces informations tombent dans de mauvaises mains est ce qui empêche les gens de les dévoiler, dit-il.

Il fournit aux clients un cartable dont l’emplacement doit être connu des membres de la famille choisis ou des exécuteurs testamentaires. Ce cartable doit contenir toutes les informations sur les comptes en ligne. David Christianson recommande de donner les mots de passe séparément à toutes ces personnes choisies. Les mots de passe devant être changés périodiquement, et les mettre dans un coffret à la banque n’est peut-être pas pratique, indique-t-il.

Souvent, les clients ne savent trop que mettre dans un coffret. En règle générale, il faut mettre en lieu sûr tout ce qu’on a peur de perdre, dit Robyn Thompson, présidente et planificatrice financière auprès de la société torontoise Castlemark Wealth Management.

Plus précisément, elle conseille de mettre en lieu sûr les originaux des polices d’assurance vie et des polices d’assurance habitation, des certificats de naissance, de mariage et de décès, des certificats d’actions et d’obligations, les originaux de contrats, les titres de propriété et d’hypothèques, les bijoux particulièrement importants et des choses comme des négatifs ou des photos familiales à transmettre à la génération suivante.

Mais il ne faut pas mettre dans un coffret bancaire des choses qui pouraient devoir être retirées de façon urgente. « Les banques sont fermées la nuit, les weekends et pendant les congés, et on ne peut donc pas toujours y accéder quand on a besoin d’informations, signale Mme Thompson. Une procuration, par exemple, doit être accessible. Lors d’une urgence, on peut aussi avoir besoin de son passeport, surtout avec les contrôles aux frontières. »

Quant aux testaments, elle est convaincue qu’ils doivent être conservés dans un coffre à l’épreuve du feu, chez soi ou chez un avocat ou un conseiller. Un exemplaire du testament pourra toutefois être rangé dans un coffret bancaire.

Il ne faut jamais oublier qui aura accès à au coffre s’il arrive quelque chose. Si le ciient ne fait pas attention, « ses directives pourraient se retrouver sous clé dans un coffret sans que personne n’y ait accès. » La banque transmettra les instructions qui se trouvent dans son coffre, mais seulement une fois que le demandeur a fait la preuve qu’il est réellement l’exécuteur testamentaire. Et ne pas oublier que l’exécuteur testamentaire doit savoir qu’un coffre est à la banque, ou connaître l’endroit où il peut trouver toutes les autres informations.