Celui-ci désire créer des alliances avec différents groupes, dont l’Institut québécois de planification financière (IQPF), l’Association de planification fiscale et financière (APFF), ou le Regroupement indépendant des conseillers de l’Industrie financière du Québec (RICIFQ), qui a récemment changé sa dénomination pour devenir l’Association professionnelle des conseillers financiers du Québec (APCFQ).

«Nous leur tendons la main. Il faut s’asseoir à la même table, apporter chacun notre perspective et défendre ensemble les dossiers qui nous concernent», avance Mario Grégoire, qui entend s’inscrire sous peu au Registre des lobbyistes du Québec.

Parmi ces dossiers communs, Mario Grégoire évoque le recrutement de la relève, la situation de la clientèle orpheline, ainsi que l’allègement fiscal touchant les cabinets de services financiers, lié à l’harmonisation de la taxe de vente du Québec (TVQ).

«Les efforts soutenus de représentation du Regroupement des cabinets de courtage d’assurance du Québec (RCCAQ) auprès du gouvernement du Québec se sont traduits par la mise en place de mesures qui atténuent l’impact de l’harmonisation des taxes sur les cabinets de courtage, et ce, jusqu’en 2015, déclare Mario Grégoire.

«Nous devons rapidement nous positionner par rapport à cette question si nous voulons que notre industrie puisse bénéficier de telles mesures d’atténuation», ajoute-t-il.

Dissidence

La CDPSF diverge toutefois d’opinion avec l’APCFQ quant à la nécessité de créer un nouvel ordre professionnel des professionnels en finance personnelle.

Alors que la première considère que le client est bien protégé par la CSF et l’Autorité des marchés financiers (AMF), la seconde milite en faveur d’un ordre professionnel «qui gère les hommes et les femmes, et non les produits financiers, gouvernés par une seule loi», selon le Registre des lobbyistes du Québec.

«La création d’un ordre professionnel n’a pas sa raison d’être, estime Mario Grégoire. La CSF, de pair avec l’AMF, fait un excellent travail d’autoréglementation.»

La force du nombre

Organisme à but non lucratif, la CDPSF souhaite représenter les 32 000 conseillers qui oeuvrent dans cinq disciplines et catégories d’inscription : le courtage en épargne collective, la planification financière, l’assurance de personnes, l’assurance collective de personnes et le courtage en plans de bourses d’études.

La CDPSF compte aussi inviter d’autres professionnels en services financiers à devenir membres, par exemple des courtiers hypothécaires ou en assurance de dommages.

«Le public pourrait être réconforté de voir une corporation unifier dans la transparence toute une série de professionnels. On pourrait ainsi travailler de pair avec les gouvernements et les régulateurs afin d’assainir et de valoriser la profession», soutient Mario Grégoire.

Ce dernier n’avance aucun chiffre quant au nombre d’adhérents déjà recrutés. Il rappelle toutefois qu’une dizaine de milliers de personnes gravitaient autour des 20 sections régionales de la CSF avant le changement de gouvernance.

«Durant la première année d’activité de la CDPSF, la cotisation exigée actuellement d’un représentant réglementé par la CSF n’augmentera pas. S’il adhère à la corporation, il bénéficiera à la fois des services d’organisme d’autoréglementation de la CSF et de la représentation de ses intérêts professionnels par la CDPSF», apprend-on dans un mémoire de la CSF portant sur la migration de ses sections régionales vers la CDPSF. (http:// tinyurl.com/lxzt2kg)

Outre la représentation, la CDPSF compte offrir de la formation et du soutien sur mesure à ses membres.

Au nombre des outils qui devraient être disponibles en ligne figurent des formulaires uniformes tels que des contrats-types, conformes aux règles de l’AMF.

Par l’intermédiaire de formations et de visites de ses représentants, la CDPSF compte aussi fournir de l’encadrement en matière de conformité préventive.

De plus, l’organisme prévoit mettre sur pied l’Académie des professionnels en services financiers. Cela constitue, aux dires de Mario Grégoire, un élément clé de l’action de la CDPSF qui désire encourager l’excellence par l’intermédiaire de formations offertes en ligne ou en salle.

«Nous croyons que l’offre de formations permettra aussi d’aller chercher la relève», ajoute-t-il.

La formation représente la quasi-totalité des revenus des sections régionales de la CSF, selon le dernier rapport annuel de la CSF. En 2013, les sections régionales ont affiché un chiffre d’affaires de 309 000 $ et une perte de 35 000 $. En 2012, elles enregistraient des produits de 443 000 $, un excédent de quelque 50 000 $. En comparaison, la APCFQ a des dépenses annuelles d’environ 70 000 $, selon son président, Flavio Vani.

1,8 M$ de la CSF

La CSF salue le lancement de la CDPSF. «Cette évolution prochaine dissipera tout doute concernant la saine distance qu’il y a toujours eu entre le rôle d’organisme d’autoréglementation de la Chambre et son volet associatif régional», déclare Luc Labelle, président et chef de la direction de la CSF.

La CSF prévoit verser 1,8 M$ à la CDPSF pour une période de trois ans afin de soutenir son démarrage et lui donner la possibilité d’assurer son financement de façon autonome, apprend-on dans le mémoire de la CSF.

Pour sa première année financière, soit 2014, la CDPSF s’est dotée d’un budget d’exploitation qui prévoit des dépenses totales de 1,04 M$, selon le mémoire. Les dépenses prévues durant la première année couvriront les frais de trois employés professionnels et de soutien, d’un siège social à Montréal et de vingt bureaux satellites régionaux dans des villes du Québec. De plus, la contribution de la CSF permettra de payer les frais d’infrastructure de démarrage, comme les baux, le matériel de bureau et le développement du site Web.

«À terme, la CSF n’aura plus à soutenir annuellement les sections, ce qui représente un montant de près de 550 000 $ par an», lit-on dans le mémoire de la CSF.

La CDPSF attend toutefois une approbation de la part de l’AMF pour officialiser cette entente, la création de la CDPSF requérant des modifications aux règles de la CSF.

Les documents relatifs au projet ont été publiés dans le Bulletin de l’AMF du 10 juillet dernier ; les personnes souhaitant soumettre des commentaires sur ces documents doivent les présenter à la CSF et à l’AMF d’ici le 4 septembre 2014.

Contestations

L’APCFQ, qui nourrit des réserves concernant la création de la CDPSF, entend faire valoir son point de vue au cours de cette période.

Son président, Flavio Vani, soutient que l’argent transféré de la CSF à la CDPSF revient aux représentants et devrait le leur être retourné. «Ce n’est pas le rôle de la CSF de financer qui que ce soit», dit Flavio Vani.

«Quand votre mission consiste à protéger le public, mais que vous financez une association qui défend les intérêts de ses membres, vous êtes en conflit d’intérêts», ajoute-t-il, soulignant que la CSF pourrait se dissocier de ses sections régionales immédiatement et sans financement.

Flavio Vani déplore enfin que la consultation de l’AMF arrive tardivement, soit à un moment où plusieurs décisions concernant la migration des sections semblent déjà prises.

La CDPSF compte onze administrateurs, dont cinq élus à des postes de dirigeants. Il s’agit de Mario Grégoire, de Simon Loubier (premier vice-président), de Gilles Pellerin (deuxième vice-président), d’Yves Guillot (secrétaire), et de Lorraine Beaumier (trésorière).