Wilton Re pourrait procéder à de nouvelles acquisitions au Canada, «compte tenu des occasions qui existent et du fait que Wilton Re a accès aux capitaux requis pour aller de l’avant», anticipe Gino Savard, président de Mica Services financiers.

«Wilton Re est un réassureur, mais surtout un consolidateur dans le milieu des services financiers, explique Gino Savard. Transamerica constitue sa première acquisition au Canada, mais Wilton Re en a effectué quelques-unes aux États-Unis au cours des derniers mois.»

Fondée en 2005, Wilton Re est une compagnie d’assurance et de réassurance vie qui sert principalement le marché intermédiaire. Depuis mars 2014, elle est détenue conjointement par sa direction et par l’Office d’investissement du régime de pensions du Canada (OIRPC), qui est une société d’État et un organisme de gestion de placement.

C’est d’ailleurs l’OIRPC qui financera l’acquisition de Transamerica grâce à un apport en capital.

L’organisme oeuvre pour le compte de 18 millions de cotisants et de bénéficiaires canadiens, et possède un actif sous gestion de 226,8 G$ au 30 juin 2014.

Grâce à cette acquisition, Wilton Re met la main sur des opérations d’assurance qui comprennent un portefeuille d’actif d’une valeur de 10,6 G$ (au 30 septembre 2014). En 2013, Transamerica Vie Canada et Première du Canada avaient un revenu total de primes brutes de près de 950 M$ et employaient 737 personnes, dont 26 au Québec, selon la déclaration annuelle 2013.

L’analyse de Gino Savard trouve écho dans une déclaration de Chris Stroup, président et chef de la direction de Wilton Re : «Wilton Re accorde une grande importance au marché intermédiaire, et Transamerica Canada bénéficie d’un positionnement unique dans ce créneau, positionnement que nous sommes déterminés à soutenir et à consolider de manière rentable».

Nouveaux acteurs, nouveaux défis

Pour y parvenir, Wilton Re devra relever des défis importants.

Le bénéfice avant impôts de Transamerica a chuté de 55 % en 2013, pour s’établir à 18 M$ US, selon le rapport annuel d’Aegon de 2013. La compagnie hollandaise attribuait cette baisse principalement à des changements d’hypothèses actuarielles.

En 2011 et 2012, le bénéfice avant impôts avait diminué de 6 % et de 17 %, respectivement, par rapport à l’exercice précédent.

En outre, Transamerica Vie Canada et Première du Canada affichent une diminution de leurs parts de marché en matière de primes directes souscrites au Québec, selon le «Rapport annuel sur les institutions financières 2013» de l’Autorité des marchés financiers (AMF).

D’après ce document, la part de marché combinée des deux assureurs au Québec s’établissait à 1,47 % en 2013, par rapport à 1,93 % en 2009.

Bien qu’aucun changement important ne soit prévu sur le plan opérationnel au sein de Transamerica Canada, Wilton Re a confirmé que ce regroupement canadien serait renommé en 2015.

«Au final, nous pouvons considérer qu’il s’agit d’un nouvel acteur dans le marché, financé par le Régime de pensions du Canada, et qui ne risque donc pas de faire faillite ou d’occasionner des problèmes aux clients», estime Gino Savard.

Importantes réserves actuarielles

Nullement étonné de la consolidation qui marque le marché de l’assurance, Gino Savard estime que ces transactions s’expliquent par la baisse des taux d’intérêt et l’application des nouvelles normes comptables internationales (IFRS).

«Les compagnies d’assurance ont été malmenées en raison de l’entrée en vigueur des nouvelles normes comptables internationales. Au cours des dernières années, elles ont dû respecter des réserves actuarielles beaucoup plus importantes que prévu, notamment pour des produits de fonds distincts, ce qui a exercé énormément de pression sur la rentabilité de plusieurs produits et sur certains assureurs eux-mêmes», dit-il.

«L’augmentation des réserves actuarielles pour les produits d’assurance, c’est de l’argent qui dort, de l’argent passif», avance Gino Savard. Selon lui, c’est la raison pour laquelle d’autres assureurs de personnes sont susceptibles de faire l’objet d’une acquisition.

André Lussier, président et chef des opérations de Lussier Cabinet d’assurances et services financiers, abonde dans ce sens.

«La plupart des assureurs ont accès à des liquidités très importantes. Des liquidités qui ne rapportent pas les meilleurs rendements lorsqu’elles restent dans les tiroirs, dit-il. On observe manifestement chez les assureurs un intérêt pour l’acquisition de parts de marché, et c’est en grande partie ce qui soutient les transactions que nous observons.»