Louis Morisset : une stratégie de littératie financière pour l'automne

La stratégie repose sur deux grands axes d’intervention : promouvoir et agir. On désire bâtir sur le succès des organismes et programmes existants, en s’assurant notamment que chaque outil et programme éducatif soient connus de son public cible et fasse l’objet d’une promotion planifiée, tout en coordonnant les actions en éducation financière afin d’en maximiser les retombées.

À terme, la Stratégie québécoise en éducation financière espère contribuer à un changement de culture financière pour inciter les Québécois à parler davantage d’argent, de finances et d’économie, offrir des occasions d’apprentissage à tous les moments décisifs de la vie, dans les formes et les réseaux les plus accessibles, et promouvoir la prise d’actions bénéfiques chez les Québécois dans la gestion de leurs finances.

Vigilance financière accrue

« Le spectre de l’éducation financière est immense et nous ne pouvons pas tout couvrir. C’est pourquoi nous avons choisi de nous concerter, de savoir ce que les uns et les autres faisaient, et de fédérer nos initiatives afin d’éviter de tous faire la même chose », mentionne Louis Morisset.

Bien que l’éducation financière ne soit pas « la solution miracle aux carences observées dans la société québécoise », lit-on dans le document de consultation de consiltation déposé en mars 2015 au comité consultatif en éducation financière, la Stratégie québécoise en éducation financière espère contribuer à moderniser la culture financière au Québec.

Pour y parvenir, elle priorisera un certain nombre d’actions. Inciter les Québécois à parler davantage d’argent, de finances et d’économie, faciliter l’accès aux programmes de formation en éducation financière, éveiller les consommateurs aux pièges de l’endettement et de la fraude financière, ainsi que reconnaître le rôle des représentants de l’industrie financière et les sensibiliser aux outils existants, figurent au nombre de ces actions.

Créé en mars 2014, le Comité consultatif en éducation financière réunit des intervenants de l’encadrement des marchés financiers, de l’industrie financière, des ministères et organismes publics concernés, ainsi que les principales associations de consommateurs.

Les orientations et stratégies dégagées par ce comité reposent sur des travaux de vigie, de recherche et de sondages effectués par l’AMF depuis sa création en 2004, ainsi que sur des commentaires et l’analyse de données fournies par l’Indice Autorité, qui évalue la perception de l’utilité et le taux d’adoption de 40 comportements financiers jugés avisés.

L’Indice confirme notamment la tendance selon laquelle les Québécois en relation d’affaires avec un représentant ont une vigilance financière accrue. Ainsi, les Québécois en relation avec un représentant ont un Indice Autorité de 62 % par rapport à 52,9 % pour ceux qui n’en ont pas.

« Ça me fascine toujours de constater à quel point les individus prennent le temps nécessaire pour comprendre des produits de consommation qu’ils sont sur le point d’acheter, mais qu’au niveau financier, peut-être en raison du tabou lié à l’argent, ils ont tendance à croire qu’ils sont incapables de comprendre. Ils s’en remettent alors à un conseiller, ce qui est correct, mais souvent sans véritablement pouvoir entretenir un dialogue avec leur conseiller, poser les bonnes questions, être vigilant et permettre à ce conseiller de pouvoir démontrer toute sa valeur. C’est pourquoi Il est important de bien outiller le consommateur », constate Louis Morisset.

Vente d’assurance par Internet

Différentes tendances observées dans le marché, auxquelles font notamment échos les orientations relatives à l’encadrement de l’offre d’assurance par Internet au Québec présentées le 2 avril par l’AMF, mettent en lumière la nécessité d’accroître les connaissances des consommateurs et leur sensibilisation à l’importance d’adopter de bons comportements financiers. Rappelons que des transactions d’assurance en ligne pourraient se faire sans intervention d’un représentant.

« La vente de produits, quel qu’il soit, en ligne, est une tendance lourde qui va continuer de s’accentuer et il faut composer avec le changement et la volonté de la population de transiger de manière électronique, estime Louis Morisset. En même temps, il ne faut pas négliger l’importance du conseil et il faut trouver un équilibre entre la volonté des consommateurs et la nécessité de continuer à obtenir des conseils. Nous avons tenté [avec nos orientations] de baliser et d’obtenir cet équilibre. Le consommateur ne sera pas laissé à lui même et nous allons lui rappeler l’importance du conseil. »

Louis Morisset ne croit pas que ces orientations induisent des risques pour le consommateur, en raison des balises qui seront mises en place pour encadrer cette vente de produits par Internet.

« Nous parlons ici de produits financiers simples, par exemple les produits d’assurance automobile, d’assurance temporaire, pour lesquels les consommateurs peuvent assez aisément évaluer leur besoin. Malgré tout, il faut continuer de mettre des efforts à améliorer la littératie financière au Québec parce que les gens, nous le savons, ne sont peut-être pas suffisamment éveillés et vigilants sur le plan de leur finance », ajoute Louis Morisset.