Les fonds R.E.G.A.R. Gestion Privée : objectif de 1 G$ en 2020
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Après un démarrage modeste depuis le lancement en février 2014, le Fonds d’actions mondiales R.E.G.A.R. peut maintenant mieux comparer son rendement à celui des concurrents.

Ce n’est pas sans fierté que l’équipe a annoncé en février que Morningstar avait classé sa performance au premier rang centile de sa catégorie pour l’ensemble de l’année 2016, avec un rendement de 13,85 %, comparativement à une médiane de 3,32 %.

En entrevue dans les bureaux de R.E.G.A.R., au coeur du quartier Lebourgneuf, François Beaudoin ne cache pas que créer un nouveau FCP au Québec est devenu un projet de plus en plus complexe et onéreux.

Dans ce domaine, plus de 10 ans après le scandale d’août 2005, le fantôme de Norbourg ralentit encore les ardeurs des petites firmes en émergence, rappelle-t-il.

Selon lui, la réglementation qui est de plus en plus présente «et qui est là pour rester» peut être assimilée à une barrière à l’entrée dans l’industrie des FCP.

«Chez R.E.G.A.R., des investissements importants ont été nécessaires, mais on a réussi [à faire] ce qui se fait peu au Québec», soutient François Beaudoin.

Avec son historique de rendement et plus de 85 M$ d’actif sous gestion, l’expansion devrait être plus facile, croit François Beaudoin.

Après la mise en place de la structure juridique et l’embauche d’un chef de la conformité, le développement du réseau de distribution a occupé une part croissante des efforts de l’équipe. François Beaudoin parle d’ailleurs de «progrès soutenus».

La ville de Québec a été le premier noyau de clientèle, mais de plus en plus de conseillers se sont vite ajoutés au Saguenay, en Gaspésie, en Estrie, en Outaouais et à Montréal.

«En 2015, on a testé le marché ontarien et l’accueil a été assez favorable pour justifier l’embauche d’une personne pour développer le réseau à partir de Toronto.»

Les ventes ont aussi commencé du côté de London et de Sudbury, si bien que 40 % des nouvelles sommes investies dans les fonds viennent maintenant de l’Ontario.

À partir de la Ville reine, R.E.G.A.R. compte même tenter une percée au Manitoba en 2017. Christian Richard, gestionnaire du portefeuille d’actions mondiales avec ses collègues Marc F. Jobin et Antoine Giasson-Jean, ajoute : «On ne vise pas à obtenir une croissance à tout prix, mais à stabiliser nos marchés.»

Pour atteindre la cible de 1 G$ d’actif en 2020, François Beaudoin estime que le nombre de conseillers reliés au réseau de R.E.G.A.R., projeté à l’échelle pancanadienne, devrait alors atteindre environ 750 personnes, comparativement à 150 actuellement.

Christian Richard explique qu’en 2016, la bonne performance du fonds a été favorisée par le fait que le portefeuille détenait depuis deux ans des positions surpondérées dans des secteurs «boudés» de l’économie mondiale, comme les aurifères, les métaux de base et l’énergie. Le renversement de tendance dans les ressources a donné raison à leur approche «d’équilibre sectoriel».

R.E.G.A.R., impose à ses portefeuilles une contrainte d’équilibre sectoriel qui l’amène à vouloir investir un poids égal dans chacun des neuf principaux secteurs économiques, peu importe son poids dans l’indice. Cette base d’équipondération sectorielle est ensuite ajustée selon les résultats de l’analyse que fait la firme des multiples financiers des entreprises qui composent les FNB sélectionnés : «C’est cette analyse qui apporte la touche valeur à notre gestion.»

Cette philosophie «valeur», dit Christian Richard, reflète une «préoccupation pour le confort du client ; on veut faire différemment, sans aller à l’extrême».

Au 30 avril, le rendement du fonds sur un an atteignait 15,6 %, et celui sur trois ans, 6,1 %. L’actif sous gestion est essentiellement investi dans les parts indicielles d’une quinzaine de fonds négociés en Bourse (FNB) offerts sur les marchés nord-américains, pour couvrir l’ensemble des secteurs de l’économie mondiale.

Les portions attribuées aux secteurs de la finance et des ressources naturelles utilisent largement des FNB négociés sur les marchés canadiens, tandis que pour la santé et la technologie, par exemple, les FNB échangés sur les parquets américains sont privilégiés.

Géographiquement, plus de la moitié des sommes sont déployées aux États-Unis, environ le quart, au Canada, et le reste, internationalement.

La pondération se fait en continu et, explique Christian Richard, «en comparant ce qu’on détient avec ce qu’on devrait détenir et en analysant chacune des entreprises qui composent chacun des FNB».

L’important, dit-il, est de ne pas dupliquer les positions.

Toujours en tenant compte de ce qu’ils peuvent trouver et du prix demandé sur le marché, les gestionnaires gardent aussi à l’oeil les offres de nouveaux secteurs négociés et même de sous-secteurs.

La firme R.E.G.A.R., qui dans son ensemble administre un actif d’environ 675 M$, a été créée en 1995 comme un service de planification financière auquel se sont greffées une division de régimes collectifs et une autre de gestion discrétionnaire. Au tournant du siècle, celle-ci a été l’une des toutes premières organisations au Canada à utiliser les FNB pour composer les portefeuilles de ses clients.

C’est au sein de cette dernière qu’a germé l’idée de créer, en 2014, des fonds offerts au grand public.

Les quelque 500 FNB évalués à 115 G$ à la Bourse de Toronto en plus de ceux qui sont négociés aux États-Unis constituent toujours «une matière première intéressante», affirme François Beaudoin.

Selon Christian Richard, l’arrivée de nouveaux acteurs comme Desjardins (création de neuf premiers FNB annoncée en février) représente une bonne nouvelle pour l’innovation financière. Au Québec, cela ne peut qu’améliorer la compréhension des FNB par les investisseurs, à son avis.

Chez R.E.G.A.R., le projet de FCP se détache peu à peu du noyau d’origine. La croissance devrait passer par la création de quelques autres produits financiers. L’équipe conserve «un grand intérêt pour les FNB, affirme François Beaudoin, mais leur utilisation n’est pas encore décidée».