Les fonds de fonds élargissent leur attrait
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En revanche, les réseaux de conseillers indépendants n’ont pas cédé un pouce de terrain. Car de septembre 2013 à septembre 2014, leur actif en fonds de fonds a progressé de 18,4 G$, et entre septembre 2015 et septembre 2016, de 18,7 G$, ce qui représente une hausse de 1,6 %.

Cela dit, les réseaux indépendants n’ont pas le même poids que leurs concurrents bancaires. Entre septembre 2013 et septembre 2016, les indépendants ont engrangé 54,1 G$ d’actif en fonds de fonds. C’est un peu plus du tiers (38,6 %) des 140,2 G $ recueillis en fonds de fonds par les réseaux bancaires lors de cette même période !

«RBC, TD, CIBC et les autres institutions bancaires continuent à occuper la pole position dans le secteur des fonds de fonds. Nous nous attendons à ce que cette situation se prolonge», signale Investor Economics.

Les temps ont changé

Ces statistiques ne surprennent pas Stéphane Beaulieu, vice-président investissement chez MICA Services financiers.

«La popularité croissante des fonds de fonds tient à deux choses. La première, c’est que le rôle du conseiller a profondément changé. La seconde, c’est que ce type de produit a également changé, et pour le mieux !» dit-il.

Chez MICA, explique Stéphane Beaulieu, les conseillers ont adopté une vision à 360 degrés des besoins et des portefeuilles des clients.

«Les conseillers ne peuvent plus justifier leurs actions uniquement par le choix de fonds à la pièce. Au XXIe siècle, leur apport consiste à s’occuper de la totalité des besoins en placements, assurances, prêts et autres. De plus, le temps des clients est précieux. En placement, le rôle principal du conseiller consiste à choisir les meilleures firmes et ensuite, à expliquer ces choix», dit-il.

Dan Hallett, CFA et vice-président du HighView Financial Group, est du même avis : «Les conseillers s’occupent, en moyenne, de 300 clients. Il serait impossible de le faire de façon rentable sans les fonds de fonds».

En outre, ce type de produit est efficace sur le plan économique. «Mes recherches indiquent que les fonds de fonds affichent de meilleurs résultats (better dollar-weighted returns) que les portefeuilles construits par l’addition de fonds individuels. Cela s’explique par le fait que les investisseurs conservent les fonds de fonds plus longtemps et que le produit est automatiquement rééquilibré, ce qui évite, par exemple, d’avoir à convaincre ses clients, en période baissière, qu’il est temps de rééquilibrer», dit cet analyste de fonds.

Dan Hallett rejoint ainsi le propos de Stéphane Beaulieu.

«Il y a une bonne dizaine d’années, les fonds de fonds n’avaient pas bonne réputation. Certains promoteurs en profitaient pour y glisser des fonds moins performants ou moins populaires afin de favoriser les ventes. Et les coûts étaient sensiblement plus élevés ! La situation a complètement changé, au point où les fonds de fonds sont devenus des produits de premier ordre», dit Stéphane Beaulieu.

Selon le consultant Jean Morissette, «les fonds de fonds sont devenus le coeur du portefeuille des clients moyens, ainsi qu’un outil de premier ordre pour les petits clients, qui sans eux risqueraient de perdre leurs conseillers».

De plus, les fonds de fonds sont devenus fort attrayants pour les besoins complexes de clients sophistiqués. «Par exemple, il serait très difficile de suivre adéquatement l’évolution de fonds pointus comme en infrastructures ou en marchés émergents. Les catégories alternatives sont maintenant très bien couvertes par les fonds de fonds», dit l’ancien président de Services Financiers Partenaires Cartier et ex-associé fondateur de Talvest.