C’est aussi pourquoi les sites qui ont commencé à opérer au Canada, comme Idema.ca, Wealthsimple.com et WealthBar.com, préservent l’intervention d’un conseiller humain.

Ces sites ne s’adressent pas uniquement aux investisseurs individuels. Ils entendent également recruter des conseillers. Ces derniers disposeront d’un site à l’effigie de leur firme par lequel ils recruteront des clients.

Toutefois, invisible en arrière-plan, c’est l’outil automatisé d’un Wealthsimple.com, par exemple, qui traitera diverses opérations dont le conseiller aura voulu se prévaloir : profil d’investisseurs, sélection d’un portefeuille, son ré-équilibrage, administration de dossiers et production de rapports périodiques.

Le conseiller qui adopte un tel modèle y trouve un double avantage. D’une part, ce modèle «apporte une façon beaucoup plus efficace de gérer ses affaires», soutient Michael Katchen, chef de la direction de WealthSimple Financial.

D’autre part, «il lui permet de se concentrer sur la relation-client et sur le développement de sa clientèle», affirme Ian Gascon, fondateur et gestionnaire de portefeuille de Placements Idema.

Expérience américaine

Parce que l’offre des «adjoints-robots» n’est pas encore très développée au Canada, il est difficile de préciser quels types de conseillers et de clients l’adopteront. L’expérience américaine peut toutefois éclairer, notamment chez Betterment, première firme à proposer l’adjoint-robot.

Dès l’abord, c’est un service qui s’adresse à ceux qui sont orientés vers la nouveauté et que la technologie n’intimide pas, met de l’avant Joe Ziemer, directeur des communications chez Betterment, à New York. C’est pourquoi les premiers conseillers à se présenter sont plus jeunes, de même que leurs clients.

Toutefois ils ne sont pas les seuls, car la technologie a maintenant pénétré dans tous les groupes d’âge, même chez les personnes âgées.

«Presque tout le monde, par exemple, utilise la banque par Internet. On verra un même déplacement dans le secteur de l’investissement», signale Michael Katchen.

Souvent, indique Joe Ziemer, les conseillers réservent le robot-adjoint à leurs nouveaux clients qui ne disposent pas encore d’un portefeuille substantiel et qui ont avantage à être «mis en attente» dans un instrument meilleur marché, comme un portefeuille type offert à plusieurs clients qui ont un profil semblable.

C’est à une variante de cette formule que songe Altervest, qui est actuellement en pourparlers avec Placements Idema pour des services éventuels de type adjoint-robot. Altervest se spécialise dans des investissements alternatifs, souvent composés d’options.

«Il y a beaucoup de clients que je n’arrive pas à servir parce que nos produits exigent des investisseurs très fortunés, explique Geneviève Blouin, présidente fondatrice d’Altervest. L’approche d’Idema s’avère intéressante pour des clients au capital plus restreint ou qui sont plus sensibles aux frais de gestion. Idema nous permettrait de mieux servir des clients existants ou de nouveaux clients qui veulent un portefeuille bien diversifié à faible coût.»

Par ailleurs, note Joe Ziemer, on constate une approche plus libérale chez un nombre croissant de conseillers qui souscrivent aux services de Betterment. Ils orientent vers leur portail Betterment tout client susceptible d’être séduit par une solution informatisée, quelle que soit la taille de son portefeuille.

Plusieurs conseillers recrutés par Betterment ont encore, dans leur actif sous administration, une forte proportion de fonds communs avec commissions de suivi.

Or, plusieurs transfèrent leurs affaires vers un modèle à honoraires et le recours à Betterment est un outil privilégié pour le faire. Au Canada aussi, juge Michael Katchen, le passage vers le nouveau modèle de relation client-conseiller (MRCC 2) «favorisera l’adoption d’une solution de type adjoint-robot».

Les façons d’aborder la solution de l’adjoint-robot sont loin d’être arrêtées définitivement, car ce marché est encore jeune. Toutefois, une chose semble requise, font ressortir autant Joe Ziemer que Michael Katchen : les conseillers «qui se tournent vers notre modèle sont à l’aise avec les fonds négociés en Bourse (FNB)», insiste le premier.

En effet, le recours à l’adjoint-robot ne se justifie que dans la mesure où le fournisseur du service peut offrir des produits bon marché. Ce n’est possible qu’avec les FNB, et c’est pourquoi les portefeuilles mis de l’avant par Idema, Betterment et les autres sont composés de FNB.

C’est ainsi que Betterment prélève auprès de ses conseillers des frais de gestion qui représentent 0,25 % des portefeuilles dont ils ont la responsabilité. WealthSimple n’a pas encore arrêté sa tarification, Idema non plus.

Toutefois, Ian Gascon indique que les frais qu’il prévoit demander se situeront entre 0,10 et 0,20 %. Geneviève Blouin, actuellement en discussion avec Ian Gascon, considère l’offre d’Idema «très acceptable et raisonnable». Elle a même cette réflexion surprenante : «Je trouve qu’il ne demande pas assez pour ses services».