La nouvelle place boursière au Canada et ce qu'elle signifie pour vous
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La Bourse de Toronto est de loin la plus grande place boursière au Canada. Ce mois-ci, le TSX, la Bourse Alpha TSX et la Bourse de croissance TSX représentaient 72,1 % du volume des actions canadiennes, selon les données du Groupe TMX, de la société mère du TSX.

Par contre, il existe désormais un nouveau concurrent pour le TSX : la NEO Bourse Aequitas. Soutenue par d’importants investisseurs institutionnels comme OMERS Capital Markets, Barclays et Placements CI, Aequitas cherche à créer ce qu’elle considère comme étant un meilleur marché pour les investisseurs et pour les compagnies inscrites, à la lumière de l’inquiétude qui règne concernant les transactions à haute fréquence, l’accès aux données boursières et la liquidité sur le TSX.

Cette bourse, qui a été lancée en mars 2015, n’est pas encore très connue mais elle s’est emparée de 2,8 % du volume des transactions d’actions canadiennes depuis son lancement. Elle négocie toutes les actions du TSX et de la Bourse de croissance TSX, et elle est accessible aux investisseurs par le biais de grandes plateformes de négociations en ligne.

Jos Schmitt, chef de la direction d’Aequitas, dit que la mission de la NEO Bourse est « d’offrir à l’investisseur et à l’émetteur la meilleure expérience. » Jos Schmitt, un vétéran de l’industrie des services financiers qui dirigeait la Bourse Alpha avant qu’elle soit reprise par le Groupe TMX, dit que les activités de la NEO Bourse Aequitas ont quatre motivations : l’équité (mettre tout le monde sur un pied d’égalité), la liquidité, la transparence et l’efficacité.

Aequitas maintient que sa bourse est meilleure pour les investisseurs, et que les chiffres le prouvent. Par exemple, un graphique produit selon des informations provenant de ITG Canada (un actionnaire de NEO) suggère que les négociateurs ayant recours à Aequitas reçoivent des cotes plus fiables qu’avec le TSX. Aequitas soutient que sur les bourses où les négociateurs à haute fréquence ont un avantage, les ordres placés par les investisseurs typiques aux prix en vigueur sont souvent annulés en l’espace de quelques millisecondes par ces négociateurs rapides qui détectent l’activité plus lente de certains participants. Par conséquent, la liquidité qui semble être disponible peut disparaître en un clin d’œil.

« Nous fournissons les cotes les plus fiables au Canada », dit Jos Schmitt. Il fait référence aux innovations de la NEO Bourse comme l’introduction du concept de ralentisseur, qui empêche les investisseurs pratiquant la négociation à haute fréquence d’avoir un avantage. Avec un ralentisseur, les commandes sont retardées d’une fraction de seconde, dans le but d’empêcher les négociateurs d’intervenir sur le marché au détriment des autres protagonistes. Par exemple, si un investisseur a soumis un ordre d’achat de 5 000 parts et qu’il a été exécuté sur les 1 000 premières, le ralentisseur fait que les autres acheteurs potentiels en seront avisés plus tard de manière à ce qu’ils n’aient pas le temps de retirer leur ordre et de relever le prix demandé.

Jos Schmitt affirme aussi que son propre modèle de bourse favorise les investisseurs à long terme plutôt que ceux qui ont recours à des stratégies de négociation à haute fréquence. Ce modèle donne la priorité aux ordres des investisseurs particuliers et institutionnels existants plutôt que ceux exécutés plus récemment par les négociateurs à haute fréquence. Selon NEO, 50 % des négociateurs sur sa plateforme sont des investisseurs à long terme.

Il va sans dire que le TSX ne reconnaît pas NEO comme la meilleure place boursière. Kevin Sampson, directeur général de la négociation d’actions au Groupe TMX, dit que pour ce qui est de son ampleur et par rapport au nouvel arrivant, « il n’y a même pas de comparaison. Nous possédons la meilleure et la plus grande liquidité au pays. »

Tout comme Aequitas, le TSX rassemble des statistiques pour se présenter comme la principale place boursière au Canada, faisant référence à des données qui montrent que les titres se trouvant sur sa plateforme boursière se négocient à ce qu’on appelle « le meilleur cours acheteur ou vendeur national » bien plus souvent que sur NEO. Le « TSX offre le meilleur prix 94 % du temps », dit Kevin Sampson.

En termes de teneurs de marché, qui sont des spécialistes offrant de la liquidité aux investisseurs en achetant quand un vendeur veut se défaire d’une participation et en vendant quand quelqu’un cherche à acheter, le TSX laisse entendre qu’il est le chef de file à ce niveau aussi. La place boursière dit que presque tous ses titres inscrits ont un teneur de marché désigné, tandis qu’Aequitas n’en a qu’un pour environ la moitié des émissions négociées sur le TSX.

Ce que cela signifie pour les investisseurs dans les FNB

La compétition entre le TSX et NEO ne concerne pas simplement la négociation des actions inscrites sur le TSX. En effet, les grands fournisseurs de FNB ont récemment inscrit leurs produits exclusivement sur la nouvelle place boursière. Le premier titre concerné, le FNB PowerShares DWA Momentum (DWG), a été lancé le 22 mars 2016.

Le mois de février a été de loin le plus rempli pour NEO avec les nouvelles inscriptions depuis son lancement. Cinq FNB iShares de BlackRock ont été lancés le 22 février, notamment des produits axés sur le Canada, les États-Unis, le Japon et les marchés émergents. De plus, le 28 février, BMO Gestion mondiale d’actifs a lancé trois nouveaux mandats de FNB liés aux obligations du Trésor américain.

Warren Collier, chef de BlackRock iShares au Canada, a expliqué à Morningstar la logique de l’inscription des FNB à la bourse NEO : « C’est conforme à notre pratique dans le monde. Nous croyons que diversifier nos places d’inscription est prudent en général. Nous pensons que cela nous donne une expérience directe des diverses façons de gérer les différents aspects du marché, dit Warren Collier. Nous pensons qu’au niveau mondial, la compétition sur les marchés des capitaux est une bonne chose, et quand une occasion solide se présente de rivaliser les uns avec les autres, nous aimons bien relever ce défi. »

Même si BlackRock a inscrit ses cinq FNB sur NEO, la grande majorité des plus de 100 FNB iShares au Canada sont inscrits sur le TSX.

Warren Collier dit que pour l’investisseur particulier, la présence de la nouvelle bourse ne changera pas son expérience du placement, du moins à court terme. « Au bout du compte, je ne pense pas qu’un investisseur particulier remarquera d’emblée une différence. Tout devrait avoir l’air rigoureusement identique. Le processus d’achat ou de vente d’un FNB, par le biais d’une plateforme directe ou de votre conseiller, devrait rester exactement le même. »

Mais avec le temps, il est convaincu que la concurrence entre places boursières bénéficiera à l’investisseur. « Nous pensons que nous-mêmes et d’autres fournisseurs de FNB découvriront des choses que NEO fait que le TSX ne fait pas et vice-versa, et nous serons en mesure d’adopter ces pratiques exemplaires, et pensons que cela ne fera que renforcer le marché, que les deux entités deviendront plus efficientes et à long terme, et qu’avec le temps, ce sera une bonne chose pour les investisseurs. »