Desjardins veut réduire son empreinte carbone
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La coopérative de Lévis, qui compensera dès cette année ses émissions de gaz à effet de serre (GES) par l’achat de crédits carbone, compte notamment favoriser les énergies renouvelables lorsqu’elle devra investir dans des infrastructures avec ses fonds propres.

« Les critères ne s’appliqueront pas seulement au secteur pétrolier et gazier, mais aussi pour des projets miniers ou par exemple des cimenteries », a expliqué le président et chef de la direction de Desjardins, Guy Cormier, au cours d’un entretien téléphonique avec La Presse canadienne.

Avant de procéder à un investissement, le mouvement coopératif a l’intention d’évaluer si le partenaire en question a notamment consulté les communautés touchées, comme les Premières Nations, et s’il dispose d’un plan pour gérer son empreinte carbone.

Ce cadre sera appliqué dans l’ensemble des activités, dont la gestion de patrimoine, l’assurance vie, l’assurance de dommages ainsi que le financement destiné aux entreprises. Afin d’inciter ses employés à mettre rapidement de l’avant ces nouvelles pratiques, ce cadre sera intégré aux objectifs de rendement du personnel, a expliqué Guy Cormier.

Desjardins ne va toutefois pas aussi loin que d’autres institutions financières internationales, comme la banque française BNP Paribas, qui compte cesser de financer des projets liés au gaz de schiste, au pétrole de schiste et à l’or noir découlant des sables bitumineux.

Pour sa part, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CPDQ) avait amorcé un virage visant à réduire son empreinte carbone de son portefeuille en incluant le facteur climat dans ses décisions d’investissement. Le bas de laine des Québécois n’avait toutefois pas annoncé qu’il tournait le dos aux énergies fossiles.

Selon Guy Cormier, les investissements de la coopérative liés aux énergies fossiles ne représentent que 6,5 G$ sur un actif de 276 G$.

« Nous avons encore plein de nos membres et entreprises qui utilisent du pétrole pour faire vivre l’économie, a dit Guy Cormier. Cela peut paraître intéressant de prendre une décision drastique, mais nos membres et la population n’ont pas encore pris cette décision. »

Le grand patron de Desjardins a également confirmé que la coopérative n’allait pas revenir sur sa décision d’octroyer un prêt maximal de 145 M$ à la pétrolière Kinder Morgan pour la construction de l’oléoduc Trans Mountain dans l’Ouest.

Cette décision, qui avait été critiquée par les écologistes au cours de l’été, avait incité le groupe financier à décréter un moratoire sur ce genre d’investissement.

« Ce moratoire est remplacé par les critères que nous mettons en place, a expliqué Guy Cormier. Il n’y a pas de moratoire dans le secteur énergétique. Il y a de nouveaux critères, rigoureux, qui vont s’appliquer à tous les secteurs. »

Parmi les autres mesures déployées, la coopérative désire faire en sorte que pour ses fonds propres, l’empreinte carbone de son portefeuille investi dans les marchés sera de 25 % inférieure à celle des entreprises qui composent les indices boursiers et obligataires.

Selon lui, cela pourrait signifier que Desjardins pourrait revoir à la baisse certaines des positions dans certaines sociétés.

S’il convient que des observateurs risquent de dire que la coopérative doit aller plus loin en tournant le dos aux énergies fossiles, Guy Cormier rétorque qu’elle exerce déjà beaucoup de leadership en matière de transition énergétique.

Celui-ci a rappelé que Desjardins avait été parmi « les premiers » à offrir des fonds de placement qui excluaient les activités liées au secteur énergétique. Ces fonds représentent actuellement des investissements totalisant 3 G$, selon Guy Cormier.