Le Cabinet du ministre des Finances, Carlos Leitao, est disposé à rencontrer les représentants du Programme des gestionnaires en émergence du Québec (PGEQ) afin d’évaluer la pertinence d’y déléguer la gestion d’une part de l’actif du Fonds des générations.

Affecté exclusivement au remboursement de la dette du Québec, le Fonds des générations fête ses dix ans ce mois-ci. Sa valeur comptable est évaluée à 8 477 millions de dollars (M$) pour l’année financière 2015-2016, selon le ministère des Finances du Québec, et sa gestion est sous la responsabilité de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ).

« Quant à la possibilité de déléguer une partie de la gestion du Fonds des générations, nous serions disposés à rencontrer les représentants du PGEQ afin de discuter des possibilités qui s’offrent à nous », a confirmé l’attachée de presse au Cabinet du ministre des Finances, Audrey Cloutier, lors d’un échange de courriels avec Finance et Investissement.

« Comme le gouvernement détermine la politique de placement du fonds avec la Caisse, cette dernière devra aussi être consultée, précise le Cabinet du ministre des Finances. Toutefois, il est utile de rappeler que pour éviter toute prise de risque indue, le fonds suit une politique d’investissement volontairement conservatrice et que nous souhaitons qu’il en demeure ainsi. »

Soutenir l’écosystème local

Le PGEQ a vu le jour en avril 2015 à l’initiative du Chantier entrepreneuriat de Finance Montréal et est entièrement financé par des investisseurs institutionnels, y compris la CDPQ, qui a contribué à la solution de type alternatif. Il poursuit l’objectif de confier des mandats de gestion à des firmes québécoises en démarrage ou de petite taille afin de les aider à percer le marché institutionnel. La répartition des actifs est structurée selon la répartition traditionnelle des fonds de pension.


La distribution des mandats de gestion du PGEQ est répartie entre différents gestionnaires selon une stratégie de gestion traditionnelle, dont la valeur s’établirait jusqu’ici à plus de 125 M$, et une stratégie de gestion alternative. Dans le cas de la stratégie de gestion alternative, cinq gestionnaires se partagent depuis février 2016 des mandats de gestion dans la valeur totale s’élève à un peu plus de 115 M$.

La firme Innocap, spécialisée en conception et gestion de comptes gérés, a pour sa part été mandatée pour créer et administrer l’infrastructure propre aux fonds du PGEQ. La firme a aussi été chargée de la supervision opérationnelle des gestionnaires et de la gestion quotidienne du risque.

C’est le pilote du comité chargé de trouver du capital d’amorçage pour le PGEQ au sein du Chantier entrepreneuriat de Finance Montréal, Stéphane Corriveau, le président et directeur principal d’Alphafixe Capital, qui a émis le souhait que l’équivalent de 1 à 5 % de l’actif du Fonds des générations soit géré par l’entremise du PGEQ, lors d’une table ronde du 10e Colloque de conformité du Conseil des fonds d’investissement du Québec (CFIQ), tenu récemment à Montréal.

« Le bénéfice d’une initiative telle que le PGEQ est indéniable pour le Québec, estime Stéphane Corriveau. Une firme de gestion qui se voit confier des actifs à gérer pourra soutenir l’emploi de quatre ou cinq personnes, en premier lieu le gestionnaire de fonds et les analystes, mais la firme va également avoir recours à des avocats, des comptables, des vérificateurs, de même qu’aux gens chargés des audits, et c’est pourquoi tout l’écosystème tire profit de l’initiative. »

Confier la gestion au PGEQ de l’équilvalent de 1 % de l’actif du Fonds des générations, bonifierait le programme de plus de 80 M$ et permettrait à plusieurs gestionnaires de fonds supplémentaires de se voir confier un mandat. Stéphane Corriveau rappelle que le PGEQ ne bénéficie d’aucun soutien de la part du gouvernement, hormis l’aide provenant de Finance Montréal, qui bénéficie de financement de la part du ministère des Finances.

« Le PGEQ, ça ne coute rien à la société, ni au gouvernement. En contrepartie, ça permet le maintien d’emplois de qualité chez nous. Mes enfants, mes neveux et mes nièces, lorsqu’ils termineront l’université, j’aimerais ça qu’ils travaillent ici, au Québec, plutôt que de les voir quitter pour New York, Boston, ou Londres, parce que nous n’avons pas de débouchés à leur offrir, et c’est ça le but du programme », témoigne Stéphane Corriveau.

« Aux États-Unis, cela fait plus de dix ans qu’ils structurent des programmes pour les gestionnaires en émergence. Le fonds de pension de l’État de New York, par exemple, investit 5 % de ses actifs sous gestion auprès des gestionnaires en émergence. En contrepartie au Canada, il n’existe tout simplement pas de culture en la matière. Le seul programme existant est le PGEQ », soulignait lors du même événement Geneviève Blouin, présidente fondatrice d’Altervest et présidente du conseil d’administration du Conseil des gestionnaires en émergence (CGE), dont onze membres se voient confier des mandats du PGEQ.

Le gouvernement « a à cœur le développement de notre secteur financier », souligne par ailleurs le Cabinet du ministre des Finances.

À cet égard, outre son soutien aux entreprises émergentes par l’entremise de divers incitatifs fiscaux et sa contribution auprès de Finance Montréal, il rappelle également avoir énoncé, « dans le cadre du dernier budget, un projet de loi visant à moderniser l’ensemble des lois encadrant le secteur financier, au bénéfice des consommateurs, mais aussi de nos entrepreneurs du secteur ».