«Luc Labelle a relevé plusieurs défis ici. Il a contribué à l’avancement de la Chambre de façon importante», a témoigné Lyne Gagné, la présidente du conseil d’administration de la CSF, lors de l’annonce du départ de Luc Labelle.

Le président sortant se souvient toutefois de jours moins roses à ses débuts.

«Lorsque je suis arrivé, nous étions techniquement en faillite, et pour [situer] le contexte général, il y avait eu Norbourg un peu plus tôt. Chaque semaine, nous étions malmenés dans les médias de l’industrie, parce que l’organisation avait été laissée un peu à elle-même pendant les quelques mois qui ont précédé mon arrivée», évoque-t-il.

En 10 ans, la CSF s’est transformée. Le régulateur, aujourd’hui en meilleure situation financière, s’est imposé notamment comme OAR.

À preuve, Luc Labelle rappelle qu’à son entrée en poste, «nos membres n’étaient même pas à l’aise avec le fait que nous émettions des communiqués faisant état des décisions du comité de discipline».

La CSF a également clarifié sa mission, qui consistait à la fois à protéger le public et à représenter les conseillers par l’intermédiaire de son volet associatif. «Elle devait à la fois servir ses membres et protéger le public, et cela semblait contradictoire.»

Pour y remédier, en 2014, l’OAR a effectué la migration des 20 sections régionales vers une association professionnelle. «Le résultat, c’est que la Chambre concentre maintenant son énergie sur son rôle de protection du public», dit-il.

Plus de demandes d’enquête

Dans le but de servir à la fois ses membres et de protéger le public, la CSF s’est investie dans le soutien aux représentants en matière de conformité, explique Luc Labelle.

Ce dernier cite en exemple le fait que la CSF a été la première au Canada, en 2006, à exiger que ses membres obtiennent des unités de formation continue (UFC) en conformité, et à lancer en 2011 une ressource en ligne, Info-déonto, qu’il qualifie de «projet de fou».

«Ça a été une affaire énorme à mettre sur pied, et une fois de plus, nous avons été les premiers au Canada à offrir un outil qui documente dans un langage clair et sous forme de questions et réponses, tous les aspects de la conformité, dans toutes les disciplines et pas seulement celles visées par la Chambre. Nous y trouvons en outre des renvois vers des décisions du comité de discipline, des textes de magazines et des liens pour s’inscrire à des formations», dit Luc Labelle.

Info-déonto est accessible au grand public depuis 2013.

Par ailleurs, au fil des ans, le département du syndic de la CSF s’est également adapté au volume croissant de demandes d’enquêtes, souligne Luc Labelle.

Ce nombre de demandes d’enquêtes était passé de près de 600 en 2008 à plus de 700 en 2009, dit-il. De 2010 à 2013, ce nombre a varié de 501 à 671 par an.

Afin d’augmenter la capacité de traitement des demandes d’enquête, en 2010, la CSF a nommé un chef enquêteur et un deuxième adjoint au syndic.

Ces ajustements ont permis de faire face au volume de demandes d’enquête «et de le faire avec rigueur», estime Luc Labelle : «S’il est insatisfait de la décision du syndic, le consommateur peut faire appel auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Or, depuis des années, l’AMF n’a jamais invalidé une de nos décisions, ce qui démontre un très haut taux de compétence et de rigueur de la part du syndic».

En outre, dans le cadre de son plan stratégique couvrant la période de 2012 à 2014, la CSF a créé un service consacré au développement professionnel et à la conformité des pratiques.

En 2013, la CSF a lancé un premier cours obligatoire en conformité. Elle en offrira un deuxième à partir de 2016.

«Au fil des ans, la CSF a également fait du magazine Sécurité financière un véritable outil d’aide à la pratique professionnelle. Les articles traitent beaucoup de conformité. Lorsque de nouvelles règles sont adoptées ou que des questions sont soulevées dans l’industrie, nous nous assurons de diffuser du contenu pertinent, et ici, je ne fais pas référence à des « trucs » de vente», ajoute Luc Labelle.

Un sondage indépendant effectué en 2013 montre que le taux de satisfaction des membres à l’égard de la performance globale de la CSF est de 91 %, évoque Luc Labelle. Selon un autre sondage effectué l’année précédente, 88 % des Québécois jugeaient sa mission utile.

En 2014, l’organisme d’autoréglementation a remporté un prix remis chaque année par le gouvernement du Québec aux entreprises privées et aux organismes publics qui se démarquent par la qualité de leur gestion et par leur performance globale.

Successeure engagée

Luc Labelle désire maintenant relever de nouveaux défis professionnels.

Il a préféré quitter son poste au moment où la CSF amorçait l’implantation d’un nouveau plan stratégique, plutôt que de le faire en cours de route, a-t-il expliqué.

Le conseil d’administration a immédiatement nommé Marie Elaine Farley à titre de présidente intérimaire. Arrivée à la CSF en 2001, elle était jusqu’alors vice-présidente aux affaires juridiques et corporatives et secrétaire.

«J’ai été très engagé dans la CSF et dans sa réussite depuis 10 ans, et la relève est bien préparée», lance Luc Labelle.