Encore de bons rendements à tirer de la Chine
Mr.rapisan Swangphon_123RF Banque d'images

Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit que la croissance économique chinoise atteindra 6,6 % en 2016. Ainsi, la contribution chinoise représenterait un tiers de la croissance mondiale, soit 1,2 point de pourcentage dans une performance mondiale de 3,1 %, toujours selon le FMI. La contribution des États-Unis serait quant à elle de 0,3 point de pourcentage.

Sans l’apport chinois, l’économie mondiale afficherait une croissance inférieure au taux de 2,5 % considéré généralement comme le seuil en deçà duquel nous entrons en récession, soutient Stephen Roach.

«La contribution de la Chine est d’autant plus importante que l’économie mondiale tourne au ralenti et ne pourra probablement pas résister à une crise d’envergure sans plonger dans une nouvelle récession», soutient-il.

Économie diversifiée

C’est dire que la Chine reste une économie dynamique, où les occasions d’investissement abondent encore.

«La Chine, c’est plusieurs économies à l’intérieur d’une seule. Dans les villes modernes, on trouve une économie nouvelle animée par la consommation, comme aux États-Unis. Par ailleurs, dans les cités moins développées, on trouve l’économie traditionnelle, basée sur le secteur manufacturier», explique Alfred Lee, vice-président, stratège en placement et gestionnaire de portefeuille chez BMO Gestion d’actifs, à Toronto, qui offre le fonds BMO Catégorie Chine élargie.

Un seuil symbolique a été franchi l’an dernier, rappelle Christine Tan, chef des investissements et gestionnaire de portefeuille principale chez Excel Funds, à Toronto, gestionnaire du Fonds Chine Excel. «Le secteur de la consommation a passé la barre de 50 % du PIB», signale-t-elle.

Cependant, les promesses de croissance de la Chine ne reposent pas seulement sur l’essor d’une économie de consommation. Peu après son élection, en mars 2013, le président Xi Jinping annonçait son plan Made in China 2025. Il vise à faire passer la Chine d’un statut de producteur bon marché à celui de puissance dans des secteurs de pointe comme l’aérospatiale, l’ingénierie navale, les microprocesseurs ainsi que l’automatisation et la robotique.

Le président chinois a également mis en chantier la nouvelle «Route de la soie», un réseau ferroviaire et autoroutier qui relie la Chine aux grandes villes de l’Inde et du Moyen-Orient, souligne Catherine Yeung, directrice des investissements, chez Fidelity International, à Hong Kong.

En février dernier, le premier train de la nouvelle route reliait Shanghai à Téhéran, retranchant 30 jours à un trajet qui requiert 45 jours par bateau. Le mois précédent, la Chine et l’Iran avaient signé une entente de coopération visant à renforcer leurs échanges économiques pour les porter à une valeur de 600 G$ US d’ici 10 ans (http://bit.ly/2cFE8rI).

«Cette route de la soie prévoit traverser 160 pays, qui représentent 40 % du PIB mondial, poursuit Catherine Yeung. C’est une autre voie par laquelle la Chine étendra sa portée économique, et c’est une stratégie dont l’implantation s’étale sur 30 à 40 ans. Nommez-moi un autre gouvernement qui planifie sur une telle durée.»

Tencent et Alibaba en vedette

L’essor du marché de la consommation est directement lié à l’enrichissement du peuple chinois.

«En 2015, le PIB par habitant a atteint 7 900 $ US, de sorte que le travailleur chinois ne se contente plus de penser à sa première maison ou à sa première voiture, indique Christine Tan. Il est attiré par le voyage, ce qui fait déjà de la Chine le plus grand bassin de touristes du monde, et il s’intéresse aux biens de luxe et aux services. Et la Chine est déjà le premier marché de voitures électriques du monde.»

Tout cela alimente les titres de consommation qu’affectionnent les trois gestionnaires de portefeuille auxquels Finance et Investissement a parlé.

Ceux-ci ont une préférence pour les titres d’Alibaba – l’Amazon chinois – et de Tencent Holdings – un développeur de jeux qui s’est diversifié dans le commerce électronique et en publicité.

À la fin d’août, Tencent comptait pour 11,2 % du Fonds Chine Excel série A, et Alibaba, 8,7 %. Tencent est d’ailleurs le titre préféré de presque tous les fonds qui font partie de notre classement (voir le tableau).

Le Fonds Fidelity Chine, qui affiche pourtant un style de gestion «à contre-courant/ valeur», possède les deux titres vedettes, «mais nous y sommes sous-pondérés», signale Catherine Yeung. Par exemple, Tencent y était à hauteur de 7,7 % en juin, alors que la plupart des autres fonds y sont à hauteur de 9,5 à 10 %.

Même si les titres liés à la consommation comme Tencent, China Mobile et China Life Insurance ont la préférence au sein des portefeuilles, le secteur manufacturier y trouve encore place, mais il s’agit d’un manufacturier «nouveau».

Ainsi, le fonds d’Excel investit dans Geely Auto (7,4 % du portefeuille du fonds), qui construit notamment des voitures électriques. Le titre a gagné plus de 70 % en 2015 à la Bourse de Hong Kong, et 77 % de janvier à la mi-septembre 2016.

Le Fonds Fidelity Chine, pour sa part, mise sur Gree Electric (1,3 % du portefeuille), le premier fabricant mondial d’appareils de climatisation, «un titre relativement obscur qui offre un rendement en dividende de 7 à 8 % et qui dispose d’une encaisse abondante», précise Catherine Yeung.

Les banques, «pas un gros risque»

Par ailleurs, les trois portefeuilles misent beaucoup sur les titres financiers, notamment ceux des banques. Ce secteur compte pour environ 30 % de l’actif du fonds de BMO (à la fin d’août), 28,5 % de celui du fonds de Fidelity (au 31 juillet) et 15 % de celui du Fonds Chine Excel (à la fin d’août).

Or, la fragilité actuelle des banques chinoises n’est-elle pas une source d’inquiétude, selon ce que rapportent des médias financiers comme The Economist ? (http://econ.st/24yhvLB)

Tout n’est pas rose dans le milieu bancaire chinois, reconnaissent nos interlocuteurs. «Toutefois, la possibilité d’un choc a déjà été escomptée par les marchés, juge Christine Tan. ICBC, la première banque chinoise, s’échange à seulement 5,3 fois le bénéfice par action et procure pourtant un rendement de dividende de 5,7 %. À mon avis ce n’est pas un gros risque», dit-elle.

«Les Chinois épargnent encore 30 % de leurs revenus, et le gouvernement a les moyens de pallier tout problème qui pourrait surgir. Je serais beaucoup plus inquiète des banques en Europe, où la population épargne très peu et où les gouvernements croulent sous les dettes», ajoute la portefeuilliste d’Excel Funds.

Pour sa part, Catherine Yeung reconnaît que les banques chinoises devront se recapitaliser au cours des deux prochaines années. Entretemps, elles constituent un placement de type «valeur» promis à une croissance à moyen terme intéressante, juge-t-elle.

À l’abri de l’hécatombe

Les marchés chinois ont manifesté une forte volatilité depuis 2014. Après trois années de relative stagnation, l’indice de Shanghai a grimpé de plus de 125 % de juillet 2014 à juin 2015. Puis, il s’est écroulé, reculant de près de 40 % jusqu’à la fin de janvier 2016. Depuis, il était remonté de 9,2 % à la mi-septembre.

Les trois fonds cités dans cet article ont pourtant connu une année 2015 positive.

Le fonds Excel, comme la plupart des autres fonds canadiens axés sur le marché chinois, a échappé à l’hécatombe pour diverses raisons, explique Christine Tan. En outre, la devise canadienne leur a été favorable, et ils ont surtout investi dans des titres à grande capitalisation, alors que la spéculation s’est exercée principalement dans les microcapitalisations.