En croissance

Cibler les titres des marchés émergents qui versent un dividende pourrait diminuer la volatilité de cette catégorie d’actif et procurer des revenus de dividende élevés sur une base absolue, selon les propos de spécialistes recueillis lors d’un webinaire organisé récemment par ETF Insight.

«On pense souvent aux marchés émergents pour la croissance. Cependant, les dividendes ont tout de même compté pour 18,6 % du rendement total de ces marchés de 2002 à 2012, par rapport à 34 % au Canada et aux États-Unis. Ce pourcentage pourrait donc augmenter au fur et à mesure que ces marchés arriveront à maturité», remarque Vinit Srivastava, directeur principal, stratégies indicielles, chez S&P Dow Jones Indices.

«Depuis 1992, les dividendes dans les marchés émergents ont connu une croissance réelle (après inflation) de 5,1 %, alors qu’elle n’a été que de 1,4 % aux États-Unis depuis 1900. Sans compter que depuis 2008, la contribution des dividendes au rendement total est en hausse», a souligné lors du webinaire Fiona Wilson, gestionnaire de portefeuille, stratégies systématiques, chez Guardian Capital.

Rendement élevé

Le rendement de dividende des titres des marchés émergents est dans l’ensemble élevé. Ainsi, l’indice S&P Emerging Markets Dividend Opportunities affichait un rendement de 6,87 % au 31 octobre dernier. Vinit Srivastava souligne que le rendement de ce dernier n’a jamais été inférieur à 6 % au cours des six dernières années.

Cet indice est composé de 100 titres qui offrent le rendement de dividende le plus élevé. Un fonds négocié en Bourse (FNB), le SPDR S&P Emerging Markets Dividend, coté aux États-Unis depuis février 2011 (EDIV), a pour objectif de reproduire cet indice.

«Il s’avère qu’au final, cet indice privilégie fortement les petites capitalisations, avec une capitalisation moyenne oscillant autour de 6,5 G$ US, alors que celle de l’indice MSCI des marchés émergents est d’environ 19 G$ US. Il est aussi plus volatil, parce qu’on retrouve souvent parmi les titres à haut rendement plusieurs sociétés en détresse qui pourraient avoir à réduire leur dividende», explique John Gabriel en entrevue.

Méthodologie plus sûre

Ce dernier considère que le FNB de dividendes de marchés émergents WisdomTree Emerging Markets Equity Income Fund (DEM) s’appuie sur une bien meilleure méthodologie : les sociétés sont d’abord classées selon le rendement de dividende le plus élevé.

Celles qui se situent dans les premiers 30 % sont ensuite pondérées selon le montant absolu de dividendes annuels versés.

«Un dividende payé est un montant bien réel auquel on peut se fier. C’est un signe de qualité», souligne John Gabriel.

«Bien évidemment, celles qui payent les sommes les plus importantes sont de très grandes sociétés, de sorte que la capitalisation moyenne de ce FNB oscille autour de 18,4 G$ US, très près de l’indice MSCI des marchés émergents, ajoute-t-il. De plus, vous obtenez un biais « valeur », le fonds remplaçant périodiquement les titres dont le rendement de dividende a baissé parce qu’ils se sont appréciés.»

Un placement de 10 000 $ US investi le 1er juin 2007 dans le FNB Wisdom Tree Emerging Markets valait 15 407 $ au 30 septembre 2013, en tenant compte du réinvestissement des dividendes. En comparaison, il n’aurait valu que 11 340 $ US s’il avait été investi dans l’indice MSCI des marchés émergents.

John Gabriel fait toutefois une mise en garde : le fonds a vu sa pondération en Russie passer à 20 %, par rapport à 6 % dans l’indice MSCI des marchés émergents et à 16 % en Chine, parce que les autorités de ces pays forcent les entreprises dans lesquelles elles détiennent une importante participation à augmenter leur dividende.

«Dans ces pays, les entreprises ne sont pas toujours dirigées dans l’intérêt de tous les actionnaires», rappelle-t-il.

Pour une approche similaire dans un contexte de petites capitalisations, John Gabriel suggère le WisdomTree Emerging Markets SmallCap Dividend Fund (DGS).

Deux FNB au Canada

Au Canada, deux FNB axés sur les dividendes de marchés émergents sont inscrits au TSX. Le FNB Horizons Active Emerging Markets Dividend (HAJ) a été lancé en octobre 2012, et le FNB First Trust AlphaDEX dividendes de marchés émergents (FDE), en mai 2013.

«La stratégie du FNB Horizons a donné de bons résultats dans les marchés nord-américains. Il est trop tôt pour se prononcer sur sa validité dans les marchés émergents. Il y a peu de transactions sur le titre. Ne placez pas un ordre au marché», dit John Gabriel.

Aucun fonds de placement de marchés émergents offert au Canada n’a procuré un rendement supérieur à l’indice MSCI des marchés émergents sur des périodes de 11 à 22 ans se terminant le 30 septembre 2013, sauf le Fonds marchés nouveaux Signature CI pour la seule période de 17 ans, selon la base de données PALTrak de Morningstar Canada.

«Ce n’est pas étonnant, compte tenu du ratio de frais de gestion médian de 2,86 % qu’affiche cette catégorie, auquel vous devez ajouter les autres coûts d’exploitation plus élevés qu’en Amérique du Nord, en particulier les frais de transaction», explique John Gabriel.

Sachant cela, les investisseurs qui détenaient déjà des devises américaines pourraient acheter les FNB Wisdom Tree mentionnés plus haut. Sinon, les frais de conversion de 1,5 % dans chaque sens effaceront tout avantage, un peu comme le font les frais de gestion élevés.

Pour les achats en dollars canadiens, John Gabriel recommande donc des produits simples et peu coûteux comme les FNB Vanguard FTSE Emerging Markets (VEE) et iShares MSCI Emerging Markets (XEC).