La mesure de risque utilisée par l’industrie des fonds est l’écart-type, une mesure statistique des fluctuations historiques d’un fonds au cours des trois ou cinq dernières années, une mesure académique opaque, selon lui.

M. Hallett explique que, si la volatilité d’un fonds a baissé suffisamment au cours des dernières années, il y a de bonnes chances que sa cote de risque ait été abaissée. Or, justement, la volatilité diminue habituellement durant les marchés haussiers et augmente durant les marchés baissiers. Le temps que ces statistiques se retrouvent dans les documents officiels, les investisseurs auront déjà pâti. Pis encore, lorsque les marchés baissiers seront sortis des périodes de trois ou cinq ans utilisées pour calculer le risque, les écarts-types baisseront obligatoirement.

C’est la situation que nous vivons actuellement, selon Dan Hallett. Depuis octobre 2014, il dit avoir recensé des changements de notation pour 57 fonds couvrant 39 mandats uniques de gestion. Cependant, 74 % des changements abaissaient le «risque» d’un fonds. Par ailleurs, 20 des 39 mandats existaient lors du dernier marché baissier. La moitié de ces derniers reçoivent désormais la cote «risque faible». Notons que ces fonds à «faible risque» ont perdu en moyenne plus de 21% de leur valeur dans le dernier marché baissier et ont passé en moyenne plus de trois ans en territoire négatif. «Je ne connais personne qui considère cela comme un risque faible», lance-t-il.

Quatre autres fonds reçoivent la cote de risque «faible à moyen». Ces fonds ont perdu plus de 40% de leur valeur durant le dernier marché baissier et ont passé en moyenne cinq ans à se rétablir.

L’exposition au risque ne devrait pas baisser

«Je ne peux tout simplement pas comprendre comment l’industrie peut prétendre que l’écart-type est une mesure bien comprise des investisseurs et, qui plus est, une bonne mesure pour communiquer le risque», affirme-t-il.

Dan Hallett juge que l’exposition au risque d’un investisseur ne devrait pas baisser après une poussée haussière de plusieurs années. Le risque serait plus élevé, puisque nous sommes probablement plus près qu’autrement de la prochaine chute importante des cours.

En février 2014, il a soumis à l’Autorité des marchés financiers et à la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario un mémoire soulignant ce qu’il juge être des faiblesses, voire un manquement au devoir fiduciaire des sociétés de fonds.

Dans ce mémoire, il note que l’Institut des fonds d’investissement du Canada ne fait qu’émettre des lignes directrices sur la méthode d’évaluation du risque d’un fonds. Cela crée des situations où un mandat donné n’a pas la même notation de risque en fonction de la société qui le distribue. Ainsi, le Fonds d’entreprise BMO et le Fonds de croissance de titres de sociétés à petite capitalisation de la HSBC, tous deux gérés par Mawer Investment Management, disent comporter un risque «moyen à élevé». Par contre, le Mawer Nouveau Canada, qui a le même mandat, reçoit la cote de risque «élevée» par ceux qui le gèrent !

C’est pourquoi Dan Hallett plaide en faveur d’une méthode standardisée d’évaluation du risque pour les fonds. «Selon mon expérience, les particuliers ont tendance à percevoir le risque par la fréquence des pertes qu’ils peuvent subir, par l’ampleur de ces pertes et par le temps qu’il faudra pour les effacer», écrit-il.

Il a proposé deux tableaux qui résument bien ces risques. Ceux-ci mesurent le risque du marché des actions canadiennes dans son ensemble. Pour les nouveaux fonds, il suggère d’inclure des tableaux pour la catégorie du fonds. Ainsi, un nouveau fonds d’actions canadiennes se servirait de ces deux tableaux.

Dan Hallett n’a reçu aucun commentaire des autorités à sa proposition.