Les récentes hausses de prix ont amélioré la rentabilité des compagnies d’assurance I.A.R.D (incendie, accidents et risques divers) mais il n’y a selon nous aucune bonne raison pour que ces prix continuent d’augmenter. Nous pensons que ces récentes hausses ont été largement alimentées par la baisse des taux d’intérêt. Cette dernière a tiré les revenus de placement vers le bas, et il est devenu nécessaire d’augmenter les prix et la tarification des opérations d’assurance afin de maintenir le rendement des capitaux propres.

Le rendement des nouvelles émissions demeure généralement plus faible que le rendement des titres arrivant à échéance, et le rendement des placements demeure sous pression. Nous pensons que les taux d’intérêt continueront d’avoir un impact positif sur l’établissement des prix à très court terme, mais que les effets devraient s’atténuer avec le temps, à moins qu’on assiste à une autre baisse des taux.

Toutefois, nous sommes plus optimistes sur la rentabilité. Si l’on examine les tendances des prix et de la rentabilité, les sommets de rentabilité ont habituellement suivi les sommets au niveau des prix. D’après nous, c’est attribuable au délai nécessaire pour que les hausses de prix et une meilleure pertinence des taux fassent leur apparition dans les bilans des assureurs.

Nous pensons qu’un facteur d’élan pourrait aussi permettre d’expliquer ce phénomène, car l’élan imprimé par les hausses de prix pourrait entraîner ces derniers au-delà du seuil que justifient des facteurs fondamentaux, ce qui poserait les jalons d’un énorme potentiel de rentabilité future. Dans un cas comme dans l’autre, dans la conjoncture actuelle, cette tendance soutient notre vision optimiste vis-à-vis de la rentabilité de ce secteur, malgré nos vues plus pessimistes sur l’établissement des prix.

Pour ce qui est des investissements, nous voyons plus de bonnes surprises que de mauvaises. Bien qu’il soit difficile de prédire la direction des taux d’intérêt avec les creux historiques que nous connaissons actuellement, nous entrevoyons plus de potentiel à la hausse qu’à la baisse.

La hausse des taux d’intérêt et le revenu des placements attribuable aux récentes augmentations des prix pourraient conduire l’industrie vers un état réel de solidité. De plus, de nombreux assureurs ont réduit de manière tactique la durée de leurs portefeuilles de placement. Cela amplifie les pressions actuelles sur le revenu des investissements mais donne plus de latitude pour profiter de la hausse des taux d’intérêt.

Trois titres que surveille Morningstar dans le secteur

 

Apollo Global Management (APO)

Apollo est une société de gestion mondiale d’actifs non conventionnels qui gère un actif d’environ 160 milliards $US, déployés au travers de diverses stratégies de capital privé, de crédit et d’immobilier. Elle gère principalement des actifs pour Athene, un fournisseur de rentes fixes, qui procure à Apollo une source de capital permanent de plus de 60 milliards $US. Nous pensons que le marché est exagérément axé sur la santé à court terme du marché des premiers appels publics à l’épargne et sur le rythme à court terme des réalisations, et qu’il passe outre les solides perspectives de croissance que recèle Apollo, du fait des pressions qu’exercent les organismes de réglementation sur les banques pour qu’elles vendent au rabais à la firme leurs actifs illiquides et risqués.

Berkshire Hathaway (BRK.B), (BRK.A)

Nous continuons d’être éblouis par la capacité qu’a Berkshire Hathaway, avec sa forte bastille économique, à générer une croissance élevée à un ou deux chiffres de sa valeur comptable par action, et nous pensons qu’il faudra beaucoup de temps avant que la firme finisse par succomber aux obstacles dressés par la taille même et l’envergure de ses opérations. Nous pensons aussi que les départs éventuels du président et chef de la direction Warren Buffett et du vice-président Charlie Munger auront bien moins d’impact sur l’entreprise que beaucoup ne le pensent. À notre avis, les actionnaires devraient aspirer davantage à des rendements excédentaires qu’à des rendements démesurés, car des résultats d’exploitation solides, un bilan robuste et un faible coût du capital permettront ensemble d’atténuer les difficultés des prochains dirigeants de la firme.

WR Berkley (WRB)

Nous sommes optimistes sur la direction que va prendre la rentabilité dans l’assurance I.A.R.D. WR Berkley a une emprise importante sur une amélioration des conditions, car sa discipline de tarification stricte a entraîné des fluctuations de son ratio des dépenses, que ce soit en période de fermeté ou de faiblesse du marché. Lors de la dernière période de fermeté, le rendement de ses capitaux propres a été en moyenne de 23 %, contre une moyenne de seulement 11 % lors du marché faible qui a suivi. L’action se négocie à 1,5 fois sa valeur comptable sans compter les survaleurs et revenu total accumulé, ce qui se situe dans la moyenne pour les assureurs I.A.R.D., mais nous pensons que le marché sous-estime la capacité qu’a Berkley d’améliorer ses résultats.