« Notre gouvernement va injecter 3 milliards de dollars (G$) dans l’économie le 20 juillet », gazouillait, tout fier, le ministre Pierre Poilievre, jeudi, sur Twitter. Le ministre de l’Emploi et du Développement social citait dans son gazouillis le gouverneur de la Banque du Canada qui, la veille, prévoyait une « augmentation visible » de la consommation.

Stephen Poloz a même calculé cette augmentation: un pour cent.

« C’est une chose significative dans nos prévisions », disait le gouverneur au cours d’une conférence de presse, mercredi, en parlant de l’effet de la PUGE.

Mais les experts en finances personnelles rappellent qu’il ne serait pas prudent de courir vers les magasins pour dépenser cet argent.

La prestation universelle pour garde d’enfants (PUGE) verse dorénavant 160 $ par mois par enfant de moins de six ans, 60 $ par mois par enfant entre 6 et 18 ans. Et le premier chèque, qui arrive cette semaine, couvrira les six derniers mois. La somme, importante, pourrait donc brûler bien des doigts en cette période de vacances.

Mais à moins de vivre dans un ménage qui a moins de 20 000 $ en revenus annuels, les contribuables devront renvoyer une bonne partie de cette somme à Ottawa en avril prochain. Québec aussi aura une portion du chèque.

La professeure Manon Deslandes du département des sciences comptables de l’UQAM calcule que pour une famille qui est au plus bas taux d’imposition, l’impôt reprendra 205 $ des 720 $ versés par Ottawa en 2015 pour un enfant de plus de six ans. De cette somme, 115 $ iront à Québec, 90 $ à Ottawa.

Mme Deslandes rappelle qu’Ottawa a également fait disparaître un crédit d’impôt en bonifiant la PUGE. C’est 282 $ par enfant dans une famille où le revenu annuel est de 40 000 $. Des dollars sur lesquels les familles ne pourront plus compter.

« Ce que je conseille de faire, de garder un 200 $, de savoir qu’il va y avoir un 200 $ d’impôt à payer. Première chose », dit Mme Deslandes, en prenant toujours l’exemple d’une famille qui a un enfant de plus de six ans et qui est imposée au plus bas taux.

« Et également, s’ils basaient leur planification (?) en sachant que par défaut ils auraient toujours une économie d’impôt plus tard de 280$ supplémentaires, (…) ne pas se fier sur le retour d’impôt », ajoute Mme Deslandes, en suggérant de mettre, dans ce cas, presque 500 $ de côté.

Pour soustraire la nouvelle manne de la PUGE à l’impôt, il y a toujours les REER. Mais l’épargne, contrairement à la consommation, ne relance pas l’économie. Et si les Canadiens décidaient de mettre ce chèque dans leur bas de laine, le gouvernement conservateur ne pourrait plus se vanter de favoriser la relance économique avec sa mesure.