Après avoir passé près d’un an et demi à faire une recension de la littérature sur les preuves quant à la capacité à prédire dans le domaine des sciences sociales et, plus particulièrement, en finance, Jacques Lussier a d’importants bémols à apporter.

« Nous sommes arrivés à la conclusion que, jusqu’à récemment, c’est-à-dire il y a quelques années parce que les choses se sont quand même améliorées, il y avait très peu de preuves quant à la capacité à prédire des événements dans le domaine des sciences sociales et de la finance », a-t-il indiqué.

Jacques Lussier a rappelé que, contrairement à ce qui est avancé par beaucoup d’investisseurs, les performances passées d’un gestionnaire ne sont pas un facteur permettant de prédire sa capacité future à prédire quel titre, quelle classe d’actif ou quel pays surperformera le marché dans l’avenir.

Il identifie quatre sources de performance pour les prédictions en finance: « La structure de marché, la chance, la structure de portefeuille et l’habileté à prévoir. De ces quatre sources, deux sont liées à l’expertise.»

Donnant divers exemples, Jacques Lussier a démontré que, souvent, les portefeuilles aléatoires tendaient à mieux faire que les portefeuilles gérés activement. « Il faut se rappeler que la majeure partie des indices de référence, comme le S&P 500 par exemple, sont basés sur la capitalisation d’une entreprise. Le prix de l’action détermine donc le poids d’une entreprise dans l’indice. Ainsi, Apple, qui vaut 750 M$, représente 4 % du S&P 500. »

Or, il est très difficile de savoir si un titre est surévalué ou sous-évalué, a-t-il rappelé: « Je ne sais pas si un titre est surévalué, mais ce que je sais c’est que s’il l’est, il aura trop de poids dans l’indice. S’il est sous-évalué, son poids dans l’indice sera trop faible. Donc, mathématiquement, dans un indice traditionnel bâti selon la capitalisation, la corrélation qui existe entre le fait d’un titre soit surévalué et surpondéré ou sous-évalué et sa sous-pondéré sera de 100 %.»

Ce serait, notamment, ce qui fait la force des portefeuilles aléatoires où cette corrélation entre la surévaluation et la surpondération peut descendre dramatiquement: « Elle peut être de zéro!»

Rappelant certains concepts de la littérature comportementale, Jacques Lussier a également rappelé que, par nature, l’humain était un piètre probabiliste: « Les prédicateurs ont tendance à s’entêter. Si une preuve vient remettre en question ce qu’ils pensent, ils ont tendance à s’acharner à défendre leur point de vue au lieu de remettre en question leur opinion.»