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«Cette attention médiatique et gouvernementale s’est portée sur une minorité relativement faible», note l’ISQ, qui a préféré se pencher sur le décile supérieur, les 10% les plus riches. «Une définition moins élitiste certes mais non moins représentative», insiste la direction statistique.

Avec les données les plus récentes dont il dispose, celles de l’année 2014, l’Institut brosse ainsi le portrait sociodémographique et socioprofessionnel de ces 10% dont le revenu moyen s’élève à 85 700 dollars après impôt et le revenu le plus bas est de 61 200$.

Tout travail mérite salaire

Ce groupe de Québécois les plus aisés détient environ le quart (26,6%) de tous les revenus de la population.

Leur portefeuille se compose presque exclusivement de revenus provenant du marché avant impôt (98%), contre 84% pour le reste de la population. Pour mémoire, le revenu de marché est le revenu total avant impôt moins les revenus provenant de sources gouvernementales.

Parmi les sources du marché, le revenu d’emploi arrive en tête de liste à hauteur de 84%, suivi du revenu de placement, de 6,9%, des prestations des régimes de retraite privés dont les REER et les régimes d’employeurs, de 5%.

«Signalons que le revenu de placement y est presque deux fois plus important que dans l’ensemble de la population, faisant ressortir le rôle des investissements dans les stratégies financières des personnes les mieux pourvues en revenu», souligne le document.

Sexe rémunéré

Sur le plan sociodémographique, on observe que les hommes sont nettement surreprésentés. Toutefois, c’est un fait des dernières décennies, cette surreprésentation masculine est en déclin au profit des femmes.

«Alors que 90% des personnes de ce groupe favorisé étaient des hommes en 1976, ce pourcentage n’est plus que de 68% en 2014», met en exergue le bulletin de l’ISQ.

Ce résultat confirme indirectement l’augmentation du revenu des femmes au cours de la période et, plus généralement, l’affaiblissement de la relation entre le sexe et le revenu.

L’ISQ explique cette augmentation de revenu des femmes surtout par la généralisation de leur participation au marché du travail.

Mûr et scolarisé

On constate une relation positive entre le fait d’avoir un «âge intermédiaire» et d’appartenir au groupe des 10% les plus riches du Québec.

Les personnes âgées de 45 à 64 ans profitent d’une représentation 54%, qui est bien supérieure à leur poids démographique (35%). Ils sont suivis par ceux qui ont entre la trentaine et la quarantaine (34%, contre 24% des résidents québécois).

«Ces résultats rappellent la relation normale entre le cycle de vie et le revenu», remet en contexte l’Institut.

Une autre caractéristique sociodémographique classiquement reliée aux revenus élevés est un niveau de scolarité supérieur. Ainsi, près des deux tiers des membres du décile d’intérêt (62%) détenaient un diplôme universitaire en 2014, contre seulement un peu plus du quart dans l’ensemble.

Appauvrissement provincial?

Fait notable, les résultats obtenus quant à la place du Québec par rapport aux revenus canadiens ont permis de faire ressortir que cette place n’est pas privilégiée. La sous-représentation des résidents du Québec dans ce décile national s’est même accentuée avec le temps.

«Alors qu’en 2014, les résidents du Québec représentaient 23% des Canadiens, ils ne représentent que 13% de ceux du décile supérieur», fait remarquer l’Institut de la statistique.

Les résidents de l’Atlantique forment 7% de la population canadienne étudiée, contre 5% du décile supérieur. Au contraire, les régions de l’Ontario et de l’Ouest sont surreprésentées et comptent respectivement 39% et 31% des Canadiens, mais 42% et 40% de ceux du décile supérieur.

Toutefois, le Québec n’est pas le seul à perdre de la représentation. Ainsi, l’Ontario perd une part importante de son avantage au profit de l’Ouest, ponctue l’ISQ.

Rappelons enfin que toutes ces données datent d’il y a trois ans et ne reflétent pas l’impact du déclin des prix pétroliers.