Le fonds Fidelity Low-Priced Stock (46 milliards $US d’actifs sous gestion), que M. Tillinghast gère pour les investisseurs américains depuis sa création en décembre 1989, a toujours investi principalement dans les actions américaines à petite capitalisation et continue de le faire. « Mais je trouve un bon nombre de bonnes actions dans les petites capitalisations internationales, au Japon, en Corée du Sud et dans certaines régions de l’Europe », dit-il.

Ayant augmenté considérablement depuis le début du rebond boursier an 2009, les ratios des cours des actions américaines ne sont pas bon marché et les investisseurs devraient abaisser leurs attentes quant aux rendements, dit M. Tillinghast, qui est dans l’industrie depuis 1980 et s’est joint à Fidelity en 1986, après plusieurs années en tant qu’analyste auprès de Drexel Burnham Lambert et Value Line Investment.

Depuis 2002, il est cogestionnaire du Fonds Fidelity Étoile du Nord, un fonds de 3 milliards de dollars (G$) appartenant à la catégorie Actions de PME mondiales qui se fonde sur les meilleures idées de MM. Tillinghast et Daniel Dupont, ce dernier étant établi à Montréal.

M. Tillinghast gère aussi désormais les tout nouveaux Fonds Fidelity Équilibre Amérique et Fonds Fidelity Valeur intrinsèque Mondiale, ce dernier étant axé sur les actions à petite et moyenne capitalisations. M. Tillinghast est secondé par le gestionnaire de portefeuille Salim Hart, qui emploie une analyse quantitative pour identifier les compagnies attrayantes.

« Les gens devraient avoir des attentes prudentes pour chaque catégorie d’actifs, fait observer M. Tillinghast. C’est un moment vraiment difficile pour les marchés. L’Europe a des taux d’intérêt négatifs et les taux d’intérêt aux États-Unis et au Canada sont minimes. Si vous adoptez une approche fondée sur les marchés des capitaux, les actions devraient produire un meilleur rendement que les obligations, mais ce chiffre n’est pas aussi satisfaisant, dans quelque catégorie d’actifs que ce soit. »

L’objectif à long terme de M. Tillinghast est un rendement composé de 8 %, mais il admet que les conditions du marché puissent rendre son travail difficile. « Les rendements seront très certainement plus bas que les rendements historiques. »

Reconnu comme un adepte de l’investissement axé sur la valeur intrinsèque, M. Tillinghast emploie une méthodologie ascendante pour identifier les compagnies qui combinent une évaluation faible avec des caractéristiques fondamentales solides, par exemple des barrières à l’entrée, des rendements sur les capitaux propres et des actifs élevés, et dont la direction est alignée sur les actionnaires. Le qualificatif « ennuyeux mais stable » est souvent utilisé pour décrire les avoirs préférés de M. Tillinghast, qui dit que le fonds emploie une combinaison de méthodologies qualitative et quantitative, respectivement à 80 % et 20 %.

Les règles de conformité empêchent M. Tillinghast de dire en détail où son équipe et lui-même investissent leurs liquidités, mais il peut en parler en termes généraux. « La Corée du Sud, le Japon et l’Europe sont les meilleurs endroits, dit-il. Dans l’ensemble, je penche vers les actions des sociétés de services de technologie et de logiciels, qui sont peut-être ennuyeuses, mais qui ont des rendements constants. Comparativement aux actions d’Internet, elles sont ennuyeuses. Mais je les aime, tout comme certaines actions des secteurs de la consommation cyclique et, de plus en plus, de l’énergie, car leurs prix ont beaucoup baissé. Je ne sais pas si ces actions intègrent pleinement les cours pétroliers actuels, mais elles m’intéressent de plus en plus. »

Un avoir typique que M. Tillinghast aime et détient dans d’autres fonds Fidelity est UnitedHealth Group (UNH). Cette société est un fournisseur dominant dans l’industrie de l’assurance et des soins de la santé aux États-Unis. « La société affiche des bénéfices stables et constants, ainsi qu’un rendement élevé de ses investissements. L’entreprise, qui est en expansion, verse des dividendes et rachète des actions », dit M. Tillinghast, ajoutant que la société profite de tendances démographiques comme le vieillissement de la population.

« C’est difficile de trouver une compagnie qui a tout. L’une des choses que UnitedHealth n’a pas, c’est une évaluation extrêmement basse; elle est à 18 fois les bénéfices futurs, dit M. Tillinghast. Elle n’est pas à prime par rapport à sa juste valeur, mais elle s’en approche. Par contre, puisqu’elle possède de nombreuses autres caractéristiques exceptionnelles, elle cadre bien avec notre philosophie. »

Un autre exemple est Best Buy (BBY), un détaillant électronique qui fait face à une concurrence féroce en ce moment. « C’est presque l’inverse de UnitedHealth. Sa rentabilité est peu constante et ses marges de profits sont volatiles. Et elle a en fait émis plus d’actions qu’elle n’en a rachetées. Mais l’action se négocie à moins de 13 fois les bénéfices et elle est assez bon marché », dit M. Tillinghast, ajoutant que la nouvelle direction pourrait opérer un revirement de l’entreprise. Elle génère tellement de flux de trésorerie disponibles que, même dans le pire des cas, elle peut encore générer des rendements supérieurs à ceux du marché ».

Après 35 ans en tant que sélectionneur d’actions, M. Tillinghast continue d’aimer son travail, même s’il avoue qu’il lui est plus difficile d’y déployer autant d’énergie qu’en 1980. « Les marchés sont plus élevés. Au début de ma carrière, la liste des actions affichant des ratios cours-bénéfices de quatre ou six fois était longue, alors qu’aujourd’hui, il est impossible de trouver beaucoup de sociétés dont les ratios cours-bénéfices sont de quatre ou même de dix.

« Cela dit, les actions internationales sont intéressantes parce que j’aime en savoir plus sur les différentes cultures, dit M. Tillinghast. Le Japon et la Corée du Sud sont encore intéressants et offrent de nombreuses occasions. »

Pour ce qui est du rendement des investissements, M. Tillinghast confirme que les rendements à un chiffre sont sans doute la norme. « Si je dis que les actions au cours des cinq prochaines années afficheront un rendement de 5 % par an, et les obligations 1 %, est-ce que je suis optimiste ou pessimiste? Cinq pour cent semblent assez minables compte tenu des rendements historiques. Mais c’est bien mieux que 1 %. Quels que soient les noms dont on m’affuble, c’est là où j’en suis actuellement. »