Le rapport précise que la richesse des hommes d’affaires milliardaires David Thomson et Galen Weston père équivaut aux avoirs d’environ 11 millions de Canadiens.

Le rapport « Une économie au service des 99 % » d’Oxfam international, publié la veille du coup d’envoi du Forum économique mondial de Davos, en Suisse, indique également que les huit personnes les plus riches du monde possèdent autant de richesses que la moitié la plus pauvre de la population mondiale.

Selon Oxfam, l’écart entre les très riches et les pauvres est beaucoup plus grand qu’il ne l’était l’an dernier, et impose aux leaders mondiaux de faire davantage que des voeux pieux pour régler le problème.

Si rien n’est fait, prévient l’organisation, la colère publique envers ce genre d’inégalité continuera d’augmenter et mènera à d’autres changements politiques de grande ampleur, comme l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis ou la décision du Royaume-Uni de quitter l’Union européenne.

Oxfam a utilisé la liste des milliardaires publiée par le magazine Forbes, en mars 2016, pour son rapport. Selon la liste, le fondateur de Microsoft, Bill Gates, est l’individu le plus riche de la planète, avec une valeur nette de 75 milliards de dollars (G$US). Les autres individus sur la liste sont, dans l’ordre, l’homme d’affaires espagnol Amancio Ortega, l’investisseur américain Warren Buffett, l’homme d’affaires mexicain Carlos Slim Hulu, le grand patron d’Amazon Jeff Bezos, le créateur de Facebook Mark Zuckerberg, le cofondateur de la firme Oracle Larry Ellison et l’ex-maire de New York Michael Bloomberg.

« Ce n’est pas un rapport sur les riches et les pauvres. C’est (un rapport) sur les super riches et le reste d’entre nous », souligne Lauren Ravon, directrice des politiques et des campagnes d’Oxfam Canada.

La richesse est calculée en soustrayant les dettes d’un individu de ses actifs, explique Jim Davies, professeur de l’université Western Ontario, qui a travaillé sur un rapport de Crédit Suisse utilisé par Oxfam pour calculer la distribution des richesses mondiales. Cela diffère des revenus, qui représentent l’argent ou les avoirs qu’une personne fait ou reçoit pendant une période de temps donnée.

La richesse offre de la sécurité, note-t-il, ce que les revenus ne donnent pas nécessairement. « Si vous perdez votre emploi, vous êtes dans une position plus difficile si vous n’avez pas d’argent en banque », illustre-t-il.

Mme Ravon affirme que les effets des inégalités peuvent se faire sentir dans d’autres secteurs de la société. « Dans les pays où il y a plus d’inégalités, il y a aussi un taux plus élevé de criminalité. Ces sociétés sont moins en santé. Les gens se méfient davantage les uns des autres, avance-t-elle. Les gens se sentent déconnectés de la société lorsqu’ils voient que les super riches créent les règles en leur faveur. »

Une société comptant trop d’inégalités ne peut survivre, économiquement, ajoute-t-elle. « À long terme, si la richesse se retrouve toute entre les mains de quelques individus, il ne reste personne pour acheter les biens, pour faire rouler l’économie. »

Le rapport d’Oxfam inclut quelques suggestions que le gouvernement pourrait appliquer dans le prochain budget fédéral, notamment la taxation progressive, un système utilisé dans les pays nordiques, où les personnes aux revenus plus élevés paient un plus grand pourcentage de ces revenus en impôts.

Ministre

De passage à Montréal, le ministre fédéral de la Famille, de l’Enfance et du Développement social, Jean-Yves Duclos, a noté que son gouvernement avait justement adopté des mesures de fiscalité plus progressive.

« C’est un message que j’entends personnellement très bien. Dans mon ancienne vie, j’ai travaillé beaucoup sur les questions d’inégalité, les questions de pauvreté, les questions de fiscalité », a souligné le ministre, qui rencontrait justement, à Montréal, des groupes qui viennent en aide aux personnes itinérantes.

« Dans le budget de mars 2016, j’étais particulièrement content, ça a même précédé ça; c’est une mesure qu’on a présentée en décembre 2015, on a augmenté le taux d’imposition des 1 % les plus riches, donc de ceux qui gagnent 200 000 $ et plus, pour pouvoir alléger le fardeau fiscal de la classe moyenne. C’était exactement dans cette optique-là: demander à ceux qui peuvent en payer un peu plus d’en payer un peu plus, pour réduire le fardeau de ceux qui ont de la difficulté, souvent, à joindre les deux bouts », a commenté le ministre Duclos.