C’est du moins ce qu’expliquent les économistes de la Financière Banque Nationale dirigés par Stéfane Marion dans la publication «Le mensuel boursier» d’octobre 2016. Et c’est sans compter l’incertitude que cause l’élection américaine que se tiendra le 8 novembre.

Les grandes sociétés américaines qui composent l’indice S&P 500 ont commencé mardi à publier leurs résultats du troisième trimestre. Comme à l’habitude, Alcoa a été la première à divulguer ses résultats, et les bénéfices ont été en deçà des attentes. L’indice a connu une mauvaise journée, clôturant la séance à 2 137, en baisse de 27 points.

Et ce pourrait bien être que le début. Selon le consensus des analystes compilé par Bloomberg, le bénéfice par action de l’indice S&P 500 au troisième trimestre devrait montrer une contraction de 1,9 % par rapport à l’année précédente, ce qui représenterait une sixième baisse trimestrielle consécutive.

Comme la bourse est un marché d’anticipation, certains se réconfortent à l’idée que les bénéfices, après deux années décevantes, vont s’améliorer au cours des prochains trimestres. Le consensus des analystes prévoit pour 2017 que les bénéfices par action vont progresser de 13,3 % aux États-Unis et de 12,9 % à l’échelle mondiale.

Si cela devait se concrétiser, l’indice S&P 500 se situerait actuellement à 17 fois les bénéfices prévisionnels, ce qui somme toute semble plutôt raisonnable. Or, il est peu probable que ces attentes soient comblées à moins d’un changement de régime, estiment les économistes de la Financière. « À notre avis, le statu quo – qui consisterait à ne compter que sur les seules banques centrales et des taux d’intérêt bas pour relancer la croissance économique et les anticipations d’inflation – ne suffit pas », disent-ils. « Pour que les bénéfices mondiaux comblent les attentes l’an prochain, il faudrait que les décideurs politiques des pays de l’OCDE adoptent davantage de mesures de stimulation budgétaires », ajoutent-ils.

Les économistes de la Financière préfèrent pour l’instant conserver dans leur portefeuille deux fois plus de liquidités que leur portefeuille de référence suggère, car ils prévoient que le S&P 500 terminera l’année à 2100 et le S&P/TSX à 14 500, soit un plus bas qu’ils ne le sont actuellement.

D’autres experts se montrent toutefois un peu plus optimistes et tablent sur un rebond intéressant des bénéfices à compter de maintenant. C’est les cas d’Éric Corbeil, économiste principal, Valeurs mobilières Banque Laurentienne. Les indices manufacturiers ISM pointent vers une accélération de l’activité économique qui aura un impact positif sur les bénéfices, selon lui. Ceci permettra aux marchés boursiers de clôturer l’année sur une bonne note.

On est plutôt optimiste également chez Desjardins. Les bénéfices trimestriels sont à la baisse lorsqu’on les compare à ceux du trimestre correspondant de l’année précédente, mais ils sont à la hausse lorsque comparés aux trois mois précédents, note Mathieu D’Anjou, économiste principal, Mouvement Desjardins.

Le choc énergétique de l’an dernier a eu un effet très négatif sur les bénéfices, mais grâce à la remontée du prix du pétrole ce facteur est maintenant derrière nous, estime M. D’Anjou. Leur cible de fin d’année pour le S&P 500 demeure 2200.

Mais il y a une ombre au tableau. « La Réserve fédérale américaine semble en voie de procéder à une hausse de taux en décembre, et l’on ne sait trop quel l’impact elle aura sur le marché boursier », dit-il.