Mais bien qu’il y ait 2,25 G$ de plus que prévu, après le versement de 2 G$ au Fonds des générations, dans les coffres de l’État, les contribuables ne doivent pas pour autant se mettre à rêver à des baisses d’impôt à court terme.

L’argent sera plutôt dirigé vers la réserve de stabilisation pour les imprévus, où il y a déjà 2,4 G$, affirme le ministre des Finances, Carlos Leitao.

« Nous aurons 4,7 G$ dans cette réserve, a-t-il expliqué au cours d’une conférence téléphonique. S’il y a des accidents, nous n’aurons pas besoin de modifier notre cadre financier. »

Le grand argentier de la province a donné l’exemple des inondations qui ont récemment ravagé plusieurs régions du Québec ainsi que du conflit canado-américain sur le bois d’oeuvre, qui a forcé Québec à allonger jusqu’à 300 M$ pour épauler l’industrie forestière.

À moins d’un an et demi du scrutin d’octobre 2018, M. Leitao, qui a déjà été nommé deuxième meilleur prévisionniste au monde par l’agence Bloomberg en 2008, s’est défendu d’avoir été trop prudent dans ses estimations budgétaires.

Ces données préliminaires figurant dans le rapport mensuel des opérations financières gouvernementales, qui sera publié jeudi, seront confirmées à l’automne une fois qu’elles seront passées sous la loupe de la vérificatrice générale.

M. Leitao a écarté la possibilité d’utiliser l’excédent supplémentaire pour annoncer des baisses d’impôt dans sa prochaine mise à jour économique.
« Il y aura des mesures additionnelles dans cette mise à jour, mais elles se feront à l’intérieur du cadre financier du budget (déposé le 28 mars dernier) », a-t-il expliqué.

L’écart entre les données budgétaires de mars et celles dévoilées jeudi s’explique notamment par une hausse de l’impôt versé par les entreprises, des recettes plus élevées tirées des sociétés d’État et par la croissance des revenus autonomes.

Les entreprises ont versé 5,3 G$ en impôts au cours de l’année financière terminée le 31 mars, soit 292 M$ de plus que les 4,59 G$ prévus dans le budget.

« C’est volatile et c’est souvent à la fin de l’année fiscale (…) et après avoir effectué tous les ajustements qu’on se rend compte qu’il y a des montants additionnels importants », a analysé M. Leitao.

Québec a également récolté 229 M$ supplémentaires par l’entremise de ses sociétés d’État comme Loto-Québec et la Société des alcools du Québec.

En ce qui a trait aux dépenses de programmes, le gouvernement Couillard dit avoir injecté ce qui avait été prévu, mais il n’a pas touché au fonds de suppléance, ce qui permet notamment de dégager 633 M$.

Les données font également état d’un écart favorable de 879 M$ au chapitre des fonds spéciaux, comme le Fonds vert, et d’organismes non budgétaires. Dans certains cas, cela s’explique par des dépenses qui n’ont pas été effectuées au cours de l’année financière, alors que dans d’autres, les revenus ont dépassé les attentes.

« (Ces) dépenses seront effectuées », a assuré M. Leitao.
De leur côté, les dépenses de programmes ont été de 67,6 G$, en progression de 3 %. Le budget faisait état de dépenses de programmes de 68,2 G$, en hausse de 3,8 %.

Par ailleurs, bien que le Québec réalisera des économies en frais d’intérêts étant donné que l’agence de notation Standard & Poor’s vient d’augmenter sa cote de crédit à AA-, le ministre des Finances a dit qu’il n’était pas encore en mesure de chiffrer ce montant.

M. Leitao a estimé qu’il devrait y avoir un « certain impact » positif sur le service de la dette au cours de l’exercice en cours. Il devrait être plus visible à compter de l’année financière 2018-2019, a-t-il ajouté.