« Lorsque l’on pense à l’économie mondiale pour 2016, la crainte est que celle-ci va nous décevoir », dit François Dupuis, économiste en chef, Mouvement Desjardins. « Alors que plutôt cette année on pouvait espérer un taux de croissance de 4 % pour 2016, ça risque maintenant de se situer entre 3 % et 3,5 % », affirme-t-il.

À la suite des événements tragiques des derniers jours, ces perspectives ont de quoi inquiéter. Un demi à 1 % de croissance mondiale en moins, c’est énorme, estime l’économiste de Desjardins. « Cela ne pourra qu’exacerber les tensions sociales », dit-il.

Plusieurs éléments laissent croire que l’économie mondiale va décevoir l’an prochain. D’abord, les incertitudes sont grandes en ce qui regarde la situation de la Chine. Nul doute que l’économie ralentit, mais l’opacité de l’information rend difficile l’évaluation de l’étendue du recul. Certains craignent qu’il soit nettement plus grand que les chiffres avancés actuellement.

De plus, la faiblesse des prix des matières premières n’est pas de bon augure pour l’ensemble des pays émergents. Enfin, que dire de l’Europe et du Japon. « Il semble certain que la banque centrale européenne (BCE) annoncera de nouvelles mesures simulatrices en décembre », dit François Dupuis. Et au Japon, on se retrouve encore une fois en récession. On vient d’annoncer que le PIB réel diminué à un rythme de 0,8 % au troisième trimestre, après un recul de 0.7 % au deuxième trimestre.

Que fera la Fed

La détérioration des perspectives de l’économie mondiale aura-t-elle comme effet d’inciter la Réserve fédérale américaine à repousser sa première hausse de taux ? Difficile de le croire à la lecture du compte rendu de sa réunion d’octobre. Pour la plupart, les participants à la réunion estimaient que les conditions nécessaires à une hausse de taux étaient pour être présentes au moment de la prochaine réunion qui aura lieu les 15-16 décembre.

Jeffrey Lacker, président de la Réserve fédérale de Richmond, était déjà en faveur d’une hausse de taux lorsque la Fed s’est réunie en octobre. Et il n’a pas changé d’idée. L’impact des attentats de Paris ne sera que temporaire, selon lui. En entrevue à CNBC mercredi, il disait : « Nous avons déjà traversé des épisodes semblables. Durant quelque temps les gens deviennent plus prudents et se retirent quelque peu. Mais ce n’est que transitoire ». Le rebond du marché boursier depuis lui donne raison.

Si l’économie mondiale faiblit, celle des États-Unis se maintient bien, estime François Dupuis. « Les secteurs de la consommation et de l’habitation ainsi que l’emploi se portent bien et ne sont pas compatibles avec des taux d’intérêt à zéro », dit-il.

Mais compte tenu des perspectives de l’économie mondiale, la Fed se doit d’être prudente, croit l’économiste en chef de Desjardins. « Elle haussera probablement les taux en décembre, mais ensuite les hausses devraient être très graduelles », dit-il. Évidemment, les chiffres d’emploi qui seront annoncés le 4 décembre pourraient venir changer la donne.

Quel sera l’impact sur le S&P 500

La bourse est hésitante depuis un bon moment déjà. « L’indice S&P 500 est coincé entre son niveau de support à 2000 et une forte résistance à 2100 », dit Line Rivard, éditrice du site www.analysetech.com.

Le repli amorcé jeudi et vendredi dernier semble avoir été freiné, mais rien n’est certain d’ici la fin de l’année. Elle rappelle l’indice baromètre du début d’année qui veut que si le marché est à la baisse en janvier, il le sera pour l’ensemble de l’année. Le S&P 500, on se souviendra, a reculé de 3,4 % en janvier dernier. Il est actuellement légèrement supérieur à ce qu’il était en début d’année.