Hausse probable du taux directeur de la Banque du Canada cette semaine
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Mais après? Pourront-ils monter encore plus haut en 2018 et 2019? L’économie canadienne est-elle vraiment repartie sur des bases solides? Le prix du pétrole n’est-il pas encore quelque peu chancelant? Et ne parle-t-on pas du risque d’une bulle dans le secteur immobilier? Nous avons demandé aux économistes des trois banques québécoises ce qu’ils en pensent.

Chez Desjardins, on prévoit que la BdC haussera son taux directeur jusqu’à 1,75% d’ici le début 2019, indique Jimmy Jean, économiste principal. Il s’attend à une autre hausse au début de l’automne, puis deux autres en 2018, en avril et octobre, et enfin une dernière au début de 2019.

Ne craint-il pas une rechute du prix du pétrole qui fragiliserait à nouveau le secteur pétrolier canadien? «Il n’y a jamais de situation parfaite pour décider de hausser ou non les taux d’intérêt, mais au global nous avons suffisamment de facteurs encourageants pour procéder maintenant», dit-il.

D’abord, le marché du travail s’est nettement amélioré. Mais aussi, les intentions d’investissement sont beaucoup plus positives. «On ne parle pas simplement de maintien, mais bien d’investissements dans de nouvelles capacités de production», dit l’économiste de Desjardins.

Par ailleurs, on ne doit pas s’attendre à ce que le taux directeur dépasse 1,75%, ni qu’il monte très rapidement, et ce à cause du niveau d’endettement des ménages canadiens et de la dépendance de l’économie au marché immobilier. «Le risque d’un impact négatif d’une hausse de taux est maintenant plus grand qu’auparavant compte tenu de ces facteurs», dit Jimmy Jean.

La BdC ouvre la porte à la possibilité de hausser le taux directeur au-dessus de 1%, sans toutefois affirmer qu’elle le fera, note Sébastien Lavoie, économiste en chef, Valeurs mobilières Banque Laurentienne. «L’intention de la BdC de hausser ainsi les taux se justifie par le fait que les capacités de production inutilisées de l’économie canadienne se résorbent plus rapidement que prévu, et que le taux d’inflation se rapprochera de l’objectif de 2% dès la mi-2018», assure-t-il.

Une poursuite de la reprise économique mondiale pourrait permettre des hausses de taux en 2018, croit l’économiste de Laurentienne. «Et la poursuite de cette reprise est probable, car elle est diffuse, c’est-à-dire que beaucoup de régions y participent», soutient-il. On pourrait alors assister à des hausses de taux parcimonieuses en 2018 et terminer l’année entre 1,25% et 1,75%, selon lui. «Pour atteindre 2 %, il faudrait un parcours sans embûche», ajoute-t-il.

Le taux directeur terminera l’année 2017 à 1%, mais comme la BdC prévoit que les capacités de production inutilisées seront comblés d’ici la fin de l’année, il faut s’attendre à d’autres hausses de taux en 2018, croit Paul-André Pinsonnault, économiste principal, Financière Banque Nationale. «Mais compte tenu de l’endettement des ménages canadiens, on va probablement s’arrêter à 1,50 %», estime-t-il. Il prévoit donc une hausse au premier trimestre et une autre au troisième. C’est à ce rythme également que la Réserve fédérale américaine devrait hausser les taux au sud de la frontière, selon lui.