Investiture de Trump : en attendant la levée du rideau
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« Tous les scénarios développés jusqu’ici reposent sur des hypothèses découlant de promesses effectuées pendant la campagne électorale. Ce qui va être intéressant à compter de vendredi, c’est que Donald Trump va émettre de véritables propositions, préciser ses intentions et dire au Congrès ce qu’il veut faire », indique Francis Généreux, économiste principal chez Desjardins.

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Depuis l’élection, les craintes sur le programme de Donald Trump sont surtout dues à la question du protectionnisme et c’est pourquoi le Canada et le Québec sont des observateurs aussi attentifs, estime Francis Généreux, en entretien avec Finance et Investissement.

Selon lui, il faut s’attendre à ce qu’il y ait des baisses d’impôt pour les particuliers, ainsi que pour les entreprises, « probablement à la mi-année, soit une fois qu’il se sera installé et que cette proposition sera passée au Congrès »

Francis Généreux est d’avis que ces baisses d’impôt pourraient profiter à l’économie américaine à compter du printemps et que son effet pourrait se continuer lors de trimestres suivants. « Comme toujours, quand l’économie américaine va mieux, ça a un effet positif pour le Canada et le Québec, mais il ne faudrait pas s’attendre à un effet énorme », analyse-t-il.

Aux aguets

Des effets de l’élection de Donald Trump sont déjà observables dans les marchés financiers en général, constate Francis Généreux. « Depuis l’élection, notre dollars canadien s’est notamment affaiblie, quoique beaucoup moins que d’autres devises, et ça profite un peu aux exportateurs d’ici », cite-t-il en exemple.

En contrepartie, Donald Trump a signifié son intention de revoir l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), et d’imposer une taxe frontalière à l’importation.

C’est d’ailleurs de la question du protectionnisme, « de cet espèce d’entêtement à vouloir mettre des barrières pour le commerce, que découle le principale risque pour les entreprises d’ici, croit Francis Généreux. L’économie du Canada risque d’en être affecté, bien que celles du Mexique et de la chine semblent être beaucoup plus visée que la nôtre ».

Le gouverneur de la banque centrale, Stephen Poloz, a affirmé mercredi que la juxtaposition de la forte incertitude entourant les politiques américaines et de la lenteur relative de l’économie canadienne laissait la porte ouverte à une éventuelle baisse du taux d’intérêt directeur de la banque, selon La Presse Canadienne.

En prévision de ce changement de garde, le premier ministre Justin Trudeau a nommé Chrystia Freeland a titre de chef de la diplomatie canadienne en remplacement de Stéphane Dion, la semaine dernière. Chrystia Freeland, qui était jusqu’alors ministre du commerce international, a conservé la responsabilité des relations économiques et commerciales avec les États-Unis.

Au Québec, la ministre des Relations internationales, Christine St-Pierre, qui assistera à la cérémonie d’investiture, a admis que « la vie ne continue pas comme avant », lors d’une entrevue avec La Presse Canadienne.

Inquiète des « visées fortement protectionnistes » de la nouvelle administration, Christine St-Pierre a mentionné que le Québec pourrait multiplier les « ouvertures de nouveaux bureaux aux États-Unis et y accroître le nombre de ses représentants et délégués ». Une démarche qui vise à faciliter les relations bilatérales avec les États et ainsi, contourner l’administration fédérale américaine. Présentement, outre la délégation générale à New York, le Québec compte des délégations à Boston, Chicago et Los Angeles, de même qu’un bureau à Washington et des installations à Atlanta, Houston et dans la Silicon Valley.