Faire face aux turbulences boursières

Comme nous l’avons vu cette semaine, il y a des moments où on dirait qu’il n’y a pas de refuge sûr pour les investisseurs dans les actions. La récente tourmente, remarque Stephen Way, est largement causée par le ralentissement économique de la Chine. D’autres facteurs importants, dit-il, sont l’effondrement du prix des marchandises et les craintes de hausses prochaines des taux d’intérêt par la Réserve fédérale américaine.

Toutefois, Stephen Way observe qu’avoir un portefeuille mondialement diversifié, avec une participation aux valeurs d’outre-mer, s’est avéré réduire la volatilité à long terme. Plus récemment, investir dans le monde entier a aidé à protéger les investisseurs canadiens contre l’effondrement du prix des marchandises, notamment du pétrole brut, et contre la chute du dollar canadien par rapport à son homologue américain et à d’autres grandes devises. « Lorsque le prix des marchandises est faible, le dollar canadien est faible, dit Stephen Way. C’est comme une double malchance pour les investisseurs canadiens. Lorsque les temps sont durs, on le sent vraiment. »

Stephen Way, qui a été engagé à AGF en 1987, puis est entré dans l’équipe des placements en 1989, dit que depuis les 30 dernières années, un grand changement est la croissance et l’acceptation générale des marchés émergents, notamment la Chine. Considérée autrefois comme des créneaux spécialisés, ces marchés sont devenus, à tort ou à raison, un moteur principal des marchés mondiaux.

Le ralentissement économique en Chine et la baisse de sa demande de ressources naturelles a frappé très durement le Canada. « Désormais, on ne peut pas ouvrir un journal ou écouter les médias sans entendre parler de ce qui se passe en Chine, dit Stephen Way. La croissance de la Chine et des marchés émergents est entrée dans les conversations de tous les jours ces derniers temps. »

Ce qui rend actuellement les choses encore pires pour les Canadiens et l’endettement croissant des ménages. « Près de 160 % de leur revenu après impôt est actuellement représenté par la dette, contre 100 % en 2002, dit Stephen Way. J’ai très peur que les Canadiens se laissent séduire par la faiblesse des taux d’intérêt et continuent à accumuler des dettes à un moment où l’économie ralentit et restera probablement léthargique pendant un certain temps. » Stephen Way dit que de nombreux investisseurs particuliers ne suivent pas les règles de base qui font le succès des placements. Ils ne vivent pas selon leurs moyens, ils n’économisent pas assez, et ils ne commencent pas à investir assez tôt.

Stephen Way économise systématiquement une portion de son propre salaire et achète des parts de son fonds AGF mondial. « Cela fait 25 ans, et j’évite ainsi d’investir de manière émotionnelle. Quand on investit, on connaît des hauts et des bas prononcés, et c’est pour ça qu’il est si difficile de le faire soi-même.

Stephen Way ne voit pas tellement de lien entre les causes des turbulences boursières actuelles et les chutes précédentes comme l’éclatement de la bulle technologique en 2000, et la crise financière mondiale qui a conduit au marché baissier de 2008-2009. Chacun a ses circonstances particulières et offre ses propres enseignements. Stephen Way dit qu’un des enseignements tirés du début des années 2000 est qu’il est absurde d’évaluer les sociétés sur la base de leurs ratios de revenu quand il n’y a pas de bénéfices.

Récupérer de cet effondrement boursier, ajoute-t-il, comportait l’adhésion à une discipline de placement axée sur des sociétés qui ont des franchises solides et fiables, un pouvoir de fixation des prix, une excellente trésorerie, et la capacité de générer une croissance des bénéfices avec le temps. Selon Stephen Way, ces types de sociétés ont été ignorés au cours du boom technologique, mais on fait un retour très fort par la suite.

Un de ces avoirs était Moody’s Corp, une société de cotation du crédit achetée pour le Fonds d’actions mondiales AGF à la fin des années 1990. « Ce placement s’est avéré fantastique pour nous, dit Stephen Way, mais durant la bulle technologique, ce n’était certainement pas le chouchou des investisseurs. »

La crise financière mondiale qui a occasionné le marché baissier de 2008-2009, dit Stephen Way, a montré que l’innovation technologique était allée trop loin et que les autorités de réglementation n’avaient pas joué un rôle suffisant. « Il faut que règne un équilibre sain entre la supervision des autorités et les innovations financières. »