« Tandis que le Canada cherche à combler le rôle précédemment rempli par les dépenses en capital du secteur de l’énergie, il se rendra compte qu’il faudra davantage de temps pour que la relance actuelle provoque un retour au plein emploi, a expliqué Avery Shenfeld, économiste en chef à la Banque CIBC. Des plans anémiques de dépenses en capital, même hors du secteur de l’énergie, suggèrent que le tirage d’un dollar plus faible ne serait pas suffisant pour contrebalancer la stagnation de la croissance globale et, par conséquent, le manque de pression à ajouter une nouvelle capacité. »

En conséquence, la Banque CIBC a révisé son taux de croissance pour 2017 de 2,1 % à 1,8 %, alors que les prévisions pour 2018 maintiennent le taux de croissance du PIB réel à 1,9 %.

« D’après les normes actuelles, des années affichant ces taux de croissance modérés pourraient être considérées comme de bonnes années, et ces taux comme assez rapides pour contrer le ralentissement de l’économie, explique Avery Shenfeld. La croissance sera suffisante pour obtenir à tout le moins une douce progression en direction de l’élimination du ralentissement économique et du retour au plein emploi – pas assez pour que la Banque du Canada augmente les taux avant le milieu de 2018 mais, avec une inflation sous-jacente persistante, assez pour que la banque centrale évite davantage de baisses des taux. »

Les stocks élevés de voitures, de produits chimiques et de machinerie s’atténueront au cours des quelques prochains trimestres du côté de nos voisins du sud, prévoit Avery Shenfeld. Étant donné que ceux-ci constituent les marchés cibles clés pour l’exportation canadienne, la situation contribuera à appuyer les bénéfices et les plans de dépenses en capital d’ici 2018. Toutefois, pour l’année à venir, la meilleure nouvelle en ce qui concerne les dépenses en capital est que le déclin ralentira, révèle le rapport.

Du côté des dépenses en infrastructure du gouvernement fédéral, bien que l’échéance soit encore vague, cet apport devrait contribuer à un peu plus de la moitié d’un pour cent à la croissance du PIB réel. En revanche, la contribution de la construction résidentielle à l’activité économique a probablement culminé, indique le rapport. Malgré une demande élevée en matière de logement dans le sud de l’Ontario, on estime que les niveaux de départ nationaux diminueront à 182 000 l’an prochain et à 178 000 en 2018.

Pour voir une reprise des dépenses en capital et une amélioration des exportations hors énergie, le Canada devra conserver le taux de change plus compétitif qui a prévalu depuis la chute des prix du pétrole en 2014, affirme M. Shenfeld.

L’augmentation graduelle des prix du pétrole l’année prochaine à elle seule aura tendance à renforcer la valeur du huard de quelques centimes, déclare-t-il. Pour contrer ce phénomène, les États-Unis risquent toutefois d’augmenter leurs taux d’intérêt tandis que la Banque du Canada fera preuve d’immobilisme. On s’attend à ce que les écarts au jour le jour entre le Canada et les États-Unis se creusent de 75 points de base, reflétant ainsi trois hausses des taux de la Réserve fédérale américaine, alors que la Banque du Canada maintiendra ses taux stables.

« Une attente plus longue du renforcement de la Banque du Canada a entraîné un affaiblissement de nos prévisions pour 2017 pour le dollar canadien de trois cents par rapport à notre prévision précédente, ce qui représente une baisse totale de quatre cents à partir de maintenant et jusqu’à la fin de 2017 », dit M. Shenfeld.

Il prévoit que le huard baissera à 0,73 cents américains d’ici à la fin de l’année prochaine.

Dépenses des consommateurs

« Des prix de l’essence plus soutenus nuiront au pouvoir d’achat des ménages, sans suffire pour provoquer un essor de l’emploi dans l’industrie pétrolière, affirme M. Shenfeld. Le déclencheur plus long que prévu qui devait stimuler la croissance des exportations a aussi entraîné une stagnation de l’emploi dans les industries exportables à revenus élevés, même au-delà du repli attendu dans l’industrie de l’énergie. »

La croissance de l’emploi au Canada augmentera de 0,7 % l’année prochaine et de 1,1 % en 2018, prévoit Avery Shenfeld, estimant que le personnel des secteurs manufacturier et de l’énergie devrait se stabiliser d’ici à la fin de l’année, et que les embauches liées aux dépenses relatives aux infrastructures iront en croissant.

Le pouvoir d’achat des ménages profitera également de l’introduction de versements de prestations pour enfants plus généreuses aux familles ayant des enfants, ajoute-t-il.

Les bénéfices des entreprises devraient se renforcer alors que les prix de l’énergie rebondiront et que la faiblesse du marché du travail contiendra les taux de rémunération.

« Les travailleurs, tout comme les responsables politiques canadiens, devront attendre patiemment avant d’obtenir le prix du plein emploi », dit M. Shenfeld.