« Il est clair que certaines actions, dans ce contexte de peur, ont été survendues », dit M. Moss, patron des actions européennes auprès de la succursale londonienne de BMO Gestion mondiale d’actifs. « Nous avons investi dans quelques entreprises que nous observions et profité de la faiblesse du marché. »

Après le Brexit, M. Moss et son équipe ont ajouté au portefeuille des sociétés qui correspondaient à la stratégie de BMO consistant à investir dans des entreprises de qualité dotées de caractéristiques de croissance attrayantes et d’évaluations raisonnables.

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L’une d’entre elles est Kingspan Group, une société de produits isolants établie à Dublin. L’équipe de placement étudiait cette entreprise et l’appréciait depuis longtemps, mais croyait que ses évaluations étaient trop élevées. « La veille du Brexit, Kingspan se négociait à 25 euros, évoque M. Moss. Deux jours plus tard, c’était à un peu plus de 18 euros : une chute assez brutale. Nous l’avons achetée au début de juillet, au moment où le prix de l’action était encore au-dessous de 20 euros. » Depuis lors, le prix de l’action a grimpé jusqu’à environ 23 euros.

M. Moss ne tarit pas d’éloges sur Kingspan en raison de sa part de marché élevée et sa prééminence aux États-Unis, où elle occupe la toute première place. « C’est un véritable exemple de croissance à long terme, dit-il, et il a fallu une courte période de volatilité pour que nous l’achetions pour nos clients. »

La faiblesse du marché a également fourni des occasions d’étoffer certaines positions existantes dans des avoirs qui suscitent un degré de conviction élevé parmi l’équipe de BMO, comme le consortium bancaire norvégien DnB ASA. « DnB est la plus grosse banque de Norvège », dit M. Moss, qui note au passage que la Norvège est un grand producteur de pétrole et un pays très riche.

« Comme toujours, le marché à tendance à réagir à l’afflux de nouvelles, dit M. Moss, et au début de l’année nous avons assisté à une piètre performance de DnB alors que le marché se morfondait sur les pertes enregistrées par l’industrie pétrolière. Voilà une banque qui, pendant toute l’année 2008 et l’année 2009, a encore et toujours déclaré des profits; nous pensons que c’est encore une société sur laquelle il faut compter au chapitre de la rentabilité, et qu’elle va continuer à verser un excellent dividende. »

DnB représente bien la manière dont le processus fondamental ascendant de BMO fonctionne dans le secteur financier, qui représente 22 % du portefeuille. « Je n’irais pas jusqu’à dire que nous accordons notre préférence au secteur financier, dit M. Moss, mais nous pensons qu’il y a dans ce secteur-là certaines entreprises qui présentent de bonnes caractéristiques de croissance à long terme que nous pouvons acheter à un prix très attrayant. »

M. Moss estime que le vote du Brexit se traduira par de profondes répercussions et une grande volatilité pour les valeurs financières européennes et plusieurs banques britanniques, notamment Barclays et Royal Bank of Scotland.

Pour cette raison, une présence mondiale est souhaitable pour les sociétés de services financiers. Un de ces avoirs du fonds BMO est Allianz, compagnie d’assurance allemande. « Elle a une bonne présence en Allemagne, dit M. Moss, parce que c’est le numéro un de l’assurance vie et des autres types d’assurance, mais c’est aussi une entreprise mondiale, qui fait beaucoup d’affaires aux États-Unis et dans le reste de l’Europe et du monde. »

Du point de vue de l’évaluation, M. Moss pense que les sociétés européennes sont moins chères que les nord-américaines en ce moment, mais elles sont probablement plus chères que celles qui sont domiciliées dans les marchés émergents. Il note que les États-Unis sont économiquement plus forts que l’Europe et que l’évaluation des actions américaines ont toujours été un peu plus élevées.

M. Moss dit que la plupart des sociétés européennes qui se sont bien comportées ces sept ou huit dernières années, malgré des difficultés multiples, ont obtenu ces bons résultats car ce sont des entreprises mondiales stables. Parmi elles se trouve un des 10 principaux avoirs, GlaxoSmithKline PLC, société pharmaceutique britannique.

GlaxoSmithKline illustre l’accent mis par l’équipe de BMO sur les sociétés chefs de file mondiales plutôt que sur l’emplacement de leur siège social. « Le Royaume-Uni est l’endroit où la société a vu le jour, dit M. Moss, mais de toute évidence c’est une compagnie pharmaceutique mondiale qui gagne la plus grande partie de son argent aux États-Unis. »

La stratégie de gestion du risque de l’équipe BMO comporte une diversification par pays, secteurs, industries et styles, et le portefeuille n’est donc pas axé sur un domaine particulier. Par exemple, l’équipe recherche des entreprises de qualité, « mais nous n’avons pas l’obsession de ne détenir en permanence que des sociétés de très haute qualité, dit M. Moss. Cela ne nous donne pas la meilleure diversification. »

Quant à l’impact à long terme du Brexit, « à notre avis, nous ne le connaissons pas encore », dit M. Moss. Ses répercussions dépendent d’une myriade de facteurs comme un vote officiel positif pour sortir de l’Union européenne, la durée des négociations futures, et la position, ferme ou accommodante, des parties prenantes.

Quant à l’avenir, « les nouvelles continuent à affluer, dit M. Moss, sur le Brexit, la Deutsche Bank, les élections italiennes et ainsi de suite. Je me doute bien qu’outre-Atlantique il est difficile de savoir ce qui se passe. Loin de nous la pensée de dire qu’il n’y a pas énormément de choses qui se produisent et que l’on ne s’expose pas à des risques multiples. Ce qui pour nous est certain, c’est qu’il est possible d’acheter certaines entreprises vraiment excellentes et dominantes sur le plan mondial, parce que l’Europe est moins chère que de nombreux autres marchés. »