Congé parental : le coussin dont vos clients auront besoin

Une sérieuse planification s’impose donc. Malheureusement, c’est souvent lorsqu’elles sont déjà enceintes que les clientes se retrouvent dans le bureau de leur conseiller. En effet, rares sont les couples qui établiront un plan financier complet pour leur premier enfant avant de concevoir ce dernier.

« Le rôle du conseiller, c’est de prendre la relève une fois l’émotivité passée. Il doit être rationnel afin de mettre des signes de dollars sur ce beau projet. Il faut faire comprendre aux clients qu’il y aura une baisse de revenus et une augmentation des dépenses », explique Sophie Sylvain, planificatrice financière chez Desjardins.

« Pour économiser 10 000 $ en neuf mois de grossesse, il faut mettre de côté 250 $ par semaine, souligne pour sa part Maryse Fillion, planificatrice financière à la Banque TD. Il faut espérer que les clients aient un peu d’argent mis de côté pour des dépenses à court terme qui puisse être utilisé. C’est souvent comme ça qu’un projet voyage se transforme en projet bébé. »

Aux sommes prévues pour les dépenses reliées au bébé, Maryse Fillion conseille d’ajouter un coussin de 500 à 1000 $ par mois, selon le style de vie et le salaire du couple, pour couvrir le manque à gagner au niveau des revenus. Si les futurs parents s’y prennent un peu d’avance, l’outil de prédilection pour placer ces sommes est le compte d’épargne libre d’impôt (CELI) selon l’ensemble des conseillers interrogés.

Baisse de revenus

Les clientes seraient conscientes qu’elles vont vivre une diminution de revenu durant leur congé de maternité, mais elles auraient de la difficulté à évaluer précisément les coûts de leur projet. La première chose à faire est donc de visiter le calculateur du Régime québécois d’assurance parentale (RQAP) pour chiffrer avec exactitude la baisse de revenu.

« Règle générale, lorsqu’on combine les prestations et les contributions de leur employeur, une femme employée salariée verra son revenu brut diminuer de 30 à 40 % sur une année en général. En tenant compte des prestations de l’employeur, ce manque à gagner peut toutefois être abaissé à 10 à 15 % du revenu brut dans certains cas », indique Luce Poirier, directrice, planification financière pour la région de l’Outaouais et de l’Abitibi, chez Banque Laurentienne.

Selon qu’elles choisissent le régime de base ou le régime particulier du RQAP, les clientes recevront 70 % de leur revenu hebdomadaire moyen durant 18 semaines ou 75 % de leur revenu hebdomadaire moyen durant 15 semaines. Le père, lui, pourra recevoir 70 % de son revenu hebdomadaire moyen durant cinq semaines ou 75 % de son revenu hebdomadaire moyen durant trois semaines.

À cela, on doit ajouter les semaines de congé parental qui peuvent être divisées entre le père ou la mère du bébé. Le régime de base offre deux options : sept semaines à 70 % de son revenu ou 25 semaines à 55 % de son revenu. Pour sa part, le régime particulier offre 75 % du revenu durant 25 semaines. Une fois les régimes choisis, il est impossible de modifier son choix.

Coûts cachés

C’est aussi le bon moment de suggérer à sa cliente de prendre contact avec le département des ressources humaines de son employeur. En effet, puisqu’elles ne reçoivent plus de chèque de paie de leur employeur, les clientes devront parfois prévoir continuer de payer leurs prestations d’assurance collective ou encore assurer la part que leur employeur versait habituellement à leur régime de retraite.

Il faut aussi prendre un peu de temps pour parler de budget. Puisque les conjoints ne travailleront pas nécessairement durant toute l’année suivant la naissance du bébé, certains coûts reliés à la vie courante diminueront. Les dépenses liées au stationnement de la voiture, au repas pris en dehors du bureau ainsi que les coûts d’essence ou de transport en commun devraient diminuer durant le congé parental.

« Tout dépend toutefois du style de vie que l’on souhaite avoir lors de son congé parental. La maman ne voudra pas nécessairement rester toute seule à la maison, elle voudra profiter de cette période pour sortir un peu et voir ses proches ou encore suivre des cours de cardio-poussette », soutient Luce Poirier.

À défaut de pouvoir compter sur un coussin d’épargne, les nouveaux parents devront vraisemblablement s’endetter avec une carte de crédit ou une marge hypothécaire pour payer leurs dépenses courantes ou inattendues. Ils pourraient aussi être tentés de cesser leur programme d’épargne systématique durant leur congé parental.

« Si j’arrête mon plan d’épargne méthodique dans mon REER, je risque de nuire à ma retraite. Nous allons toujours essayer de ne pas toucher à l’épargne lors de la révision du budget, surtout lorsque les clients sont jeunes. À cette étape de la vie, l’arrêt des cotisations REER, ne serait-ce que durant une année, aura un gros impact », prévient Luce Poirier.

Photo Bloomberg