Au sein de la Financière Manuvie, c’est la succursale de Dorval qui possède l’actif sous administration le plus important du pays. «Cela fait dix ans que le cabinet est numéro un au Canada», précise Camille Estephan, qui est aussi conseiller en épargne collective.

De même, il est le fondateur d’Eye of the Tiger Management (EOTM), une entreprise consacrée à la promotion de galas de boxe et à la gestion de carrière de pugilistes qui évoluent au Canada et aux États-Unis.

De conseiller à promoteur de galas de boxe

Camille Estephan a grandi dans le milieu de la boxe. Son père, tout comme son oncle, gagnaient leur vie à titre de boxeurs au Liban. Enfant, il aimait s’entraîner avec ses cousins, et le faisait même à la maison, où on avait installé un ring.

Toutefois, lorsque sa famille a émigré au Canada en 1986, alors qu’il était âgé d’une quinzaine d’années, sa vie a emprunté une direction inattendue.

«En tant qu’immigrant, les choses ont été difficiles au début, mais nous avons alors apprécié de nous retrouver au Canada, dans un pays paisible», témoigne-t-il.

Puis, à la suite d’études poursuivies à l’Université de Montréal, Camille Estephan a amorcé sa carrière dans le domaine du placement. «Je passais 15 heures par jour dans mon bureau, raconte-t-il. J’avais pris du poids et j’ai voulu me remettre en forme.»

Camille Estephan a alors commencé à un gymnase de boxe. C’est là qu’il a rencontré le poids lourd Bermane Stiverne.

«Nous avons tissé un lien d’amitié, explique-t-il. À l’époque, Bermane boxait déjà aux États-Unis sous la férule du promoteur Don King. Ce n’était pas facile pour lui d’amorcer sa carrière loin des siens et du Québec. Il avait besoin d’aide et j’ai tout simplement commencé à l’aider. Lorsque c’est devenu plus sérieux, nous avons développé une relation professionnelle.»

Bermane Stiverne, un boxeur lavallois d’origine haïtienne, a été le premier protégé de Camille Estephan. D’autres boxeurs l’ont par la suite approché afin d’obtenir des conseils sur la gestion de leur carrière. C’est ce qui l’a mené à fonder EOTM en 2009.

«Bermane et toute l’équipe sont allés chercher le Championnat du monde des poids lourds. Une chose qui est le summum dans le monde de la boxe et qui n’avait jamais été atteinte auparavant au Canada», souligne-t-il au sujet de l’exploit accompli en mai dernier.

Bermane Stiverne a défait l’Américain Chris Arreola par arrêt de l’arbitre avant la limite des douze rounds réglementaires, soit au sixième engagement, lors d’un affrontement disputé à Los Angeles.

Camille Estephan a organisé son premier gala de boxe en novembre 2010, à Montréal. Depuis, il a présenté 15 événements, seul ou avec la collaboration d’un autre promoteur. Ces événements se sont déroulés à Montréal, Gatineau, et même en Oklahoma.

Parmi la quinzaine de boxeurs évoluant sous les couleurs d’EOTM, outre Bermane Stiverne, citons Antonin Décarie, David Lemieux et Dierry Jean, trois boxeurs qui s’illustrent sur la scène internationale.

«Bien qu’il soit différent dans sa forme, le travail d’agent de boxeurs et celui de promoteur de galas poursuivent les mêmes objectifs, explique Camille Estephan. Le boxeur doit livrer certains combats pour faire progresser sa carrière et grimper dans les classements mondiaux. Lorsqu’il s’avère difficile de dénicher les combats désirés, nous préférons les organiser.»

La passion au coeur de la démarche

«Ce que j’attends d’un conseiller, et c’est la même chose pour un boxeur, c’est qu’il soit sérieux, travaillant et fier, qu’il veuille être le meilleur dans son domaine, chaque jour.»

Pour Camille Estephan, les parallèles sont nombreux entre le travail qu’il effectue dans l’industrie du placement et celui qu’il accomplit dans l’industrie de la boxe. Son rôle consiste à créer l’environnement propice au développement de ses protégés, qu’ils soient boxeurs ou conseillers.

«Lorsqu’ils débutent chez nous, nos conseillers sont vraiment verts. Ils possèdent l’éducation, mais n’ont aucune expérience, illustre-t-il. Il faut alors leur montrer à bien travailler et chaque jour n’est pas couronné de succès, loin de là. Ils connaissent plusieurs petits échecs, mais c’est ainsi qu’ils apprennent à bien faire les choses.»

Pour Camille Estephan, qui tire une grande fierté des efforts déployés par ses conseillers, on ne fait bien les choses qu’en s’investissant complètement dans le travail. «Notre bureau est le seul qui soit ouvert 12 heures par jour», dit-il.

À ses nouveaux conseillers, Camille Estephan apprend comment ajouter de la valeur au portefeuille de leurs clients.

«S’il n’y a pas de valeur ajoutée, il n’y a pas de client. Si le conseiller parvient à créer de la valeur, il aura une carrière pour la vie. À l’inverse, sa carrière ne sera qu’un feu de paille si ses clients sont avec lui seulement parce qu’ils le connaissent.»

Le talent s’acquiert en travaillant

«Dans le domaine de la boxe, nous entourons nos athlètes d’une équipe formée entre autres d’un nutritionniste, d’un psychologue sportif, d’un physiothérapeute, d’un responsable du conditionnement physique et d’un entraîneur-chef, explique Camille Estephan. On essaie d’aller chercher les meilleurs talents disponibles dans chaque domaine pour offrir l’encadrement le plus adéquat possible.»

C’est toutefois au boxeur qu’il revient de faire de son mieux et de travailler si fort, «qu’il ne puisse plus en donner davantage à la fin de la journée. C’est à lui qu’il revient le lendemain d’apprendre encore et de s’améliorer, pour être à son meilleur chaque fois qu’il se trouve dans un ring, non seulement lors d’un combat, mais également à l’entraînement», avance-t-il.

Il cite l’exemple de David Lemieux, avec qui il a commencé à travailler quelques semaines seulement avant son affrontement contre Joachim Alcine, disputé au Centre Bell le 10 décembre 2011. Le duel s’est terminé par une défaite controversée de Lemieux.

«David a beaucoup appris de cette expérience, relate Camille Estephan. Nous avons poursuivi selon le plan établi au départ, et aujourd’hui, David est classé deuxième du monde. David est beaucoup plus solide physiquement et mentalement parce qu’il n’a pas hésité à travailler fort et à sortir de sa zone de confort. Il est prêt à être champion du monde.»

Camille Estephan estime qu’il n’y a pas de secret : le talent s’acquiert dans le travail. «Une tradition d’excellence, cela se bâtit une journée à la fois, une action à la fois.»