Il faut dire qu’elles baignent dans un environnement économique très favorable.

Non seulement la cadence de 3% au pays a surpris cette année, mais l’activité économique s’est généralisée à 85% des industries, observe John Aiken, de Barclays.

Le quatrième trimestre qui sera dévoilé entre le 28 novembre et le 5 décembre prochain s’annonce solide, avec une hausse moyenne de 4% à 7% des bénéfices, prévoient neuf analystes sondés par lesaffaires.com.

Ce taux de croissance marque toutefois un changement de régime par rapport au rythme de 12% des trois premiers trimestres, note Sumit Malhotra, de Banque Scotia. Les marchés des capitaux et l’assurance contribuent un peu moins qu’avant aux profits, tandis que le meilleur de l’effet de redressement des provisions pour pertes du secteur de l’énergie est passé.

Il y a fort à parier que les banques présentent encore une fois de meilleurs résultats que prévu, comme elles l’ont fait au cours des onze derniers trimestres, révèle Scott Chan, de Canaccord Genuity.

L’économie et les emplois robustes stimulent le volume des prêts et réduit les mauvaises créances, tandis que les marges d’intérêt devraient au minimum rester stables après les deux hausses du taux directeur de la Banque du Canada cette année.

Enfin, après les coupes et des rationalisations, les bénéfices devraient profiter d’un bon levier de rentabilité.

Seul Robert Sedran, de CIBC Marchés mondiaux, parle d’un quatrième trimestre «médiocre».

La division des marchés des capitaux tirera les résultats vers le bas en raison des marchés boursiers et obligataires trop calmes, du moins grand nombre d’inscriptions en Bourse.

Le dernier trimestre de l’année connaît aussi un bond saisonnier des dépenses, en partie à cause des bonis de performance.

Hausse de 2% à 5% du dividende de la Banque Nationale

Trois banques devraient hausser leur dividende conformément à leur politique interne.

Les deux banques québécoises, la Banque Laurentienne et la Banque Nationale majoreront leur dividende annuel, de 2% à 0,63$ pour la première et de 3% à 0,60$ par action pour la deuxième, précise M. Malhotra.

Nick Stodgell, de Credit Suisse, croit même que la Banque Nationale pourrait relever le sien de 5%.

Une évaluation à mériter

Le principal irritant soulevé par les analystes concerne l’évaluation relativement généreuse des titres bancaires. Après tout, ces titres ont surpassé le rendement du S&P/TSX de 4,5% depuis le dévoiement de résultats 4% supérieurs aux attentes au troisième trimestre, à la fin août.

John Aiken, de Barclays, mentionne que le multiple de 11,6 fois les bénéfices prévus est 50 points de base supérieur à leur moyenne en 20 ans.

Cette question préoccupe particulièrement les analystes cette année parce que l’économie canadienne devrait ralentir de 3 à 2% l’an prochain.

Les analystes s’attendent tous à ce que la croissance des bénéfices se modère à 5-6% l’an prochain.

Aucun analyste ne s’avance à prédire une chute de prêts hypothécaires l’an prochain en raison des nouvelles restrictions imposées aux acheteurs de résidences.

Tous semblent croire que la bonne tenue de l’emploi pèse plus lourd dans la balance.

Mario Mendonca, de TD Valeurs mobilières, se demande si l’appréciation de 10% des banques en 2017 ne crée pas un faux sentiment de sécurité chez les investisseurs.

En même temps, la hausse de l’évaluation apparaît méritée puisqu’elle équivaut à celle des bénéfices, tempère M. Menconca.

En tant que guichet unique, leurs sources diversifiées de revenus «paient des dividendes» et devraient produire une croissance encore respectable des bénéfices, affirme Sohrab Movahedi, de BMO Marchés des capitaux.

Leur capital excédentaire leur donne aussi la latitude de relever leur dividende régulièrement et de racheter leurs actions. En bout de ligne, un rendement total de 10% et plus, incluant les dividendes, reste très respectable, à son avis.

M. Aiken, de Barclays, rappelle qu’à la moindre étincelle géopolitique ou déception économique, les banques redeviennent les titres refuge par défaut de bien des investisseurs.

Leur rendement de l’avoir des actionnaires de 15%, leurs capitaux propres élevés et leur dividende de 3,7% leur confèrent ce rôle.

M. Movahedi de BMO, reconnaît que le multiple actuel est supérieur à la moyenne historique de 10 à 12%. Ce multiple équivaut toutefois à 75% de celui de l’indice S&P/TSX, une proportion tout à fait conforme aux autres périodes de conjoncture économique similaire.

Même si le cycle économique gagne en âge, Scott Chan, de Canaccord Genuity, a récemment gonflé le multiple qu’il accorde aux banques de 11,75 à 12,25 fois leurs bénéfices prévus.

«La contribution de leurs activités américaines et internationales, leurs capitaux excédentaires et leur capacité accrue à relever leurs dividendes et à racheter leur actions justifient un multiple plus élevé que dans le passé», avance-t-il.

La Banque Nationale se démarque encore

Comme d’habitude, ces prévisions moyennes masquent d’importants écarts de performance entre les banques.

Ainsi, M. Chan prévoit un bond de 14% des profits de la Banque T-D à 1,39$ par action parce que ses prêts croissent à bon rythme gonflant ses revenus d’intérêt et ses marges, tant au Canada qu’aux États-Unis.

La Banque Nationale suit de près avec une hausse prévue de 13% du bénéfice à 1,40$ par action, selon M. Chan.

La hausse soutenue des revenus et les mesures de rationalisation se conjuguent pour lui donner un bon levier de rentabilité à court terme. De plus, la gestion du patrimoine, dopée par les marchés, contribue presque le quart de ses bénéfices.

Toutefois, après un fort gain de 45% depuis juin 2016, qui a réduit de 18 à 7% le rabais auquel s’échange la banque par rapport à l’évaluation de ses semblables, M. Malhotra encaisse ses profits et passe au neutre. Surtout que sa performance opérationnelle retrouvera une vitesse de croisière plus normale.

À l’autre bout du spectre, les bénéfices de la Banque BMO reculeront de 3 à 6%, dépendant des estimés. M. Chan prévoit une augmentation des provisions pour pertes sur prêts et une baisse des revenus autres que d’intérêt pour cette banque.