Une mesure budgétaire irrite le Mouvement Desjardins et la Banque Nationale
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Ces deux organisations ont récemment modifié leurs inscriptions au Registre des lobbyistes du Québec pour y ajouter des mandats afin de pouvoir effectuer des démarches auprès du ministère des Finances jusqu’à la fin de l’année.

Afin d’engranger des revenus supplémentaires de 1,3 milliard de dollars (G$) au cours des cinq prochains exercices financiers, le ministre des Finances, Carlos Leitao, avait profité du dépôt de son budget, en mars dernier, pour apporter des modifications à cette mesure en vigueur depuis 1992.

En décembre 2014, Québec avait annoncé une augmentation de cette taxe jusqu’en mars 2017. Les taux devaient ensuite diminuer pour prendre fin le 31 mars 2019. Or, en vertu des modifications, ils demeureront plutôt au niveau actuel jusqu’en 2022 pour ensuite fléchir progressivement avant de disparaître en 2024.

Desjardins et la Banque Nationale font valoir que cette taxe « pénalise les employeurs d’envergure » et désirent jauger l’ouverture du gouvernement québécois à en réduire la prolongation ou la forme, en raison de la « bonne tenue de l’économie québécoise ».

Le mouvement coopératif et l’institution financière écrivent que leurs démarches, qui doivent s’effectuer par l’entremise de rencontres, de communications écrites et d’appels téléphoniques, visent à ne pas pénaliser la « création d’emplois ».

« Desjardins est un acteur économique de premier plan au Québec et avec plus de 40 000 employés, il représente le plus grand employeur privé de la province, a indiqué une porte-parole, Valérie Lamarre, par courriel. Nous avons rencontré le gouvernement pour expliquer comment cette prolongation pénalise les grands employeurs et, en quelque sorte, la création d’emplois. »

La taxe compensatoire sur les institutions financières s’applique à l’ensemble du secteur, mais le type d’établissement peut faire varier son calcul, qui tient compte des salaires versés ainsi que des primes d’assurance payables ou taxables.

De son côté, la Banque Nationale n’a pas voulu commenter davantage la modification de son inscription au Registre des lobbyistes.

L’attachée de presse du ministre Leitao, Audrey Cloutier, a confirmé qu’il y avait eu des discussions entre Québec et les deux organisations, sans toutefois dire si le gouvernement était ouvert à revenir sur sa mesure budgétaire.

« Considérant la nature fiscale des informations qui sont demandées, vous comprendrez que nous ne pouvons répondre à cette question », a-t-elle indiqué par courriel.

À l’instar des autres grandes institutions financières, Desjardins et la Banque Nationale ont procédé à plus d’une restructuration depuis 2015.
Aux commandes de la coopérative de Lévis depuis plus d’un an, le président et chef de la direction, Guy Cormier, a mis en place un régime minceur qui s’est notamment traduit par des éliminations de postes de cadres, de directeurs ainsi que de vice-présidents. Le mois dernier, Desjardins a également aboli 150 postes en Ontario dans le secteur de l’assurance afin d’en rapatrier une centaine au Québec.

En ce qui a trait à la Banque Nationale, elle a éliminé plus de 1000 postes depuis 2015 dans le cadre de deux importantes restructurations.
Pour sa part, la Banque Laurentienne n’a pas voulu commenter les démarches entreprises par Desjardins et la Nationale à l’égard de la taxe compensatoire sur les institutions financières.
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Sommes que le gouvernement Couillard compte récolter en prolongeant la taxe compensatoire sur les institutions financières:

_ Exercice 2017-2018: 89 millions $

_ Exercice 2018-2019: 137 millions $

_ Exercice 2019-2020: 298 millions $

_ Exercice 2020-2021: 387 millions $

_ Exercice 2021-2022: 398 millions $

Source: Plan économique du Québec déposé en mars 2017