La révolution digitale oblige le secteur des banques à se transformer
Julien Brault, LesAffaires.com

« Si vous êtes à la tête d’une grande banque et que vous ne connaissez pas les technologies susceptibles d’avoir un impact sur votre industrie, vous ne faites pas correctement votre travail », a souligné Salim Ismail, ancien vice-président de Yahoo ! et ambassadeur global de la Singularity University, devant plus de 500 professionnels de la finance.

« Jamais, dans l’histoire, nous n’avons vu autant de technologies progresser aussi rapidement », estime Salim Ismail.

Selon lui, la progression liée au développement technologique est devenue exponentielle. En conséquence, les organisations structurées au 20e siècle pour connaître le succès connaitront assurément l’échec au 21e siècle si elles ne parviennent pas à s’adapter.

Salim Ismail considère d’ailleurs que la « circulation de l’information a pris le pas sur la circulation de l’argent ». La priorité des organisations de l’industrie financière devrait conséquemment évoluer vers les nouvelles opportunités découlant de ces changements.

Évoquant l’émergence de la cryptomonnaie, dont le bitcoin est un exemple, Salim Ismail souligne que le secteur bancaire ne peut plus compter sur son modèle d’affaires traditionnel pour progresser.

Désintermédiation des services financiers

« Dans le secteur bancaire, qui est assez conservateur et traditionnel, nous voyons apparaître toutes sortes d’organisations, des jeunes entreprises qui n’ont pas la même rigidité, et dont l’approche d’affaires est différente, reposant sur un seul produit pendant que les banques ont plusieurs lignes de produits », constate Mario Albert, directeur général de Finance Montréal, promoteur de l’édition locale du Forum Fintech.

Dans une autre une conférence, sous forme de table ronde, tous les intervenants s’entendent d’ailleurs pour dire que l’ascension de la désintermédiation des services financiers est inéluctable.

« La désintermédiation est là pour rester, mais quelle ampleur va-t-elle prendre », questionne pour sa part, Karen Leggett, chef de la direction Marketing et première vice-présidente à la direction, développement corporatif, Banque Nationale, qui agit comme modératrice du panel.

Outre la cryptomonnaie, le paiement numérique, le conseil financier en ligne, et l’implantation de plateformes de prêts entre particuliers, sont des exemples d’évolution susceptibles de mettre à mal le modèle d’affaires traditionnel des banques, estime-t-on.

Les startups raisonnent « client » plutôt que « produit », avance Sylvain Fagnent, consultant senior chez OCTO Technology. « On réinvente ainsi la manière de faire en s’appuyant sur la technologie et les datas », dit-il.

Noah Breslow, président directeur général de OnDeck, met pour sa part les choses en perspective et rappelle que les startups ne sont pas seules face au risque. « D’une manière ou d’une autre, nous sommes soutenus par les grandes institutions financières ».