Son action dégringole de 5,26% vers 8h20 lundi matin à la Bourse de Toronto, portant le rendement que procure son dividende à plus de 5%.

Même si la banque prend le soin d’expliquer que sa décision d’émettre 300 millions de dollars d’actions n’est pas le présage d’une hausse soudaine de ses mauvais prêts, les investisseurs n’apprécient pas ce volte-face de la banque qui dit devoir renflouer son capital réglementaire.

«Bien que la banque maintienne ses objectifs de provisions pour créances douteuses, la perception créée par la restructuration de 85M$ et le besoin qu’elle ressent de renflouer son capital n’est pas favorable étant donné la conjoncture», commente à chaud, Kevin Choquette, de Credit Suisse.

L’émission fera passer son ratio de fonds propres de 9,5 à 9,8%, mais il restera inférieur à la moyenne de 10,2% de son industrie. Les charges de 85 millions de dollars liées aux licenciements l’obligent à récolter plus de capital pour se conformer aux règles internationales de fonds propres de Bâle III.

Toutefois, non seulement l’émission d’actions ajoute-t-elle 2% au nombre de ses actions en circulation, diluant d’autant l’actionnariat des porteurs existants, mais la banque émet ses actions à un cours de 3% inférieur au cours de la veille, soit 41,90$.

D’autres gains d’efficacité recherchés

La suppression de centaines d’emplois, jusqu’à 400 selon certaines sources, s’étalera sur plusieurs mois. La nouvelle cure, qui touche 2,3% de ses effectifs, vise à économiser 35 millions de dollars à parttir de 2016.

«Pour faire face à un environnement de croissance économique modérée et de haute transformation technologique, nous croyons qu’il faut mettre de l’avant des efforts additionnels pour améliorer notre efficience et nos processus, et augmenter notre capital réglementaire. Il s’agit selon nous des bons gestes à poser. Nous maintenons aussi notre plan d’investissements tel que présenté à notre journée d’investisseurs Particuliers et Entreprises plus tôt cette année», a déclaré le pdg Louis Vachon, par voie de communiqué.

La banque aurait toutefois plusieurs centaines de postes ouverts dans le domaine des technologies de l’information, a-t-elle indiqué à l’agence Bloomberg.

Ces deux surprises surviennent après que M. Vachon ait profité de l’appel conférence du troisième trimestre, le 28 août, et du Sommet du secteur financier organisé par la Banque Scotia du 9 septembre, pour rassurer les investisseurs concernant sa capacité à faire croître ses bénéfices, malgré les dommages causés par la dégringolade du cours du pétrole sur ses clients.

«Ce n’est pas une promesse (de faire croître les profits comme en 2009 lorsque les créances étaient deux fois plus importantes qu’aujourd’hui), mais nous allons essayer», avait-il déclaré à l’appel-conférence du 28 août.

Le 9 septembre M. Vachon s’était dit confiant de réaliser un rendement adéquat sur le portefeuille de prêts pétroliers, sans avoir à rehausser les provisions pour pertes au cours des prochains trimestres. Il avait ajouté que ses autres clients au Québec et en Ontario «se portaient bien».

Au troisième trimestre, la banque avait aussi surpassé les attentes avec une hausse de 3% de son bénéfice, à un record de 1,25$ par action.

Le coussin sera-t-il suffisant ?

La banque préfère se donner un coussin de capital compte tenu du risque qu’elle doive radier son investissement de 165 millions de dollars dans la banque allemande Maple Bank GmbH, qui est l’objet d’une enquête par les autorités allemandes au sujet de présumées irrégularités fiscales pour les années financières 2006 à 2010.

La banque détient 24,9% de Maple Financial Group qui possède Maple Bank GmbH. Ce placement provient de l’achat du courtier First Marathon, en 1999 par la Banque Nationale.

Une radiation complète amputerait 0,50$ par action au bénéfice et 13 points à son ratio de capital de base, calcule M. Choquette.

M. Choquette réduit donc ses prévisions de bénéfices de 5 à 4,90$ par action pour 2015 et de 5,25 à 5,15$, pour 2016. Son cours-cible passe aussi de 54 à 50$, ce qui laisse entrevoir un rebond du titre de 23%, d’ici 12 mois.